Un nouveau bureau et un nouveau président, François Alfonsi, ont été élus lors de ce 27e congrès de R&PS. Sa candidature était confrontée à celle de Claude Barbier, actuel secrétaire de la Fédération, et membre du MRS qui demeure au Bureau Fédéral. La Corse est un moteur pour la Fédération. Les explications de François Alfonsi.
Quels sont les enjeux du nouveau bureau ?
C’est un bureau élu pour deux années qui vont être importantes pour R&PS. Nous avons réussi à porter notre structure à un niveau politique conséquent qui nous vaut la considération de nombreux partenaires, notamment dans le cadre d’accords politiques à l’Assemblée nationale ou techniques dans le cadre du financement public lié au scrutin législatif. Ces années sont décisives parce que s’ouvre un nouveau cycle avec le challenge politique de franchir le seuil d’une présence plus forte, de façon à ce qu’aux prochaines échéances, européennes, législatives, régionales, nous soyons mieux armés pour aller de l’avant.
Pourquoi votre candidature ?
Je connais R&PS par cœur depuis sa formation, et parmi ceux qui connaissent le mieux toutes ses composantes et les situations locales des partis membres. Député européen, c’est une sorte de sésame qui peut ouvrir des portes, médiatiques et politiques, et faciliter la prise en compte de R&PS dans les débats que l’on sera amené à avoir avec d’autres partenaires, qu’ils soient présidents de régions, c’est un axe important auquel il faut réfléchir, ou responsables de partis politiques nationaux ou régionaux. Enfin la place de la Corse au sein de R&PS est importante. Cette élection a démontré que cette structure confédérale, puisque nous sommes tous issus de différents partis dans différents territoires, avait un fonctionnement démocratique serein avec un débat où chacun a pu s’exprimer.
La Corse est un atout pour la Fédération ?
Trois députés, un sénateur, un député européen, la Corse est un point d’appui pour les autres régions. La nouvelle phase politique qui s’ouvre dans le cadre des débats sur l’avenir de la Corse est un élément moteur qui apporte des perspectives à l’ensemble des composantes. Quand Gilles Simeoni est venu à Strasbourg, il a rencontré le président de la Communauté européenne d’Alsace et l’a encouragé à porter plus avant la création d’une Région Alsace. On a des relations avec le Conseil régional de Bretagne, avec le maire de Bayonne, président de la Communauté d’agglomération du Pays Basque, bref la Corse dans le contexte actuel est un vecteur et un moyen de faire avancer la Fédération dans son ensemble. Utiliser cette force peut nous aider collectivement à aller plus loin et le faire dans un état d’esprit R&PS.
L’intérêt pour la Corse ?
Si l’on veut que les choses avancent pour la Corse et que ces avancées ouvrent la voie à d’autres, nous avons besoin d’être soutenus par un courant d’opinion publique en France dont la base est les régions et dont tous les mouvements autonomistes sont le fer de lance. Pour cela la Fédération va avoir un grand rôle. Il y a un chemin tout à fait productif qui s’ouvre à nous, qui consiste à faire la synthèse et la symbiose entre les deux démarches : la nécessité de se regrouper et d’être solidaires, et la possibilité d’utiliser la situation particulière de la Corse.
Le processus engagé ici prévoit une réforme constitutionnelle. Quand on ouvre les portes d’une telle réforme, on ne l’ouvre pas que pour un seul motif. En étant pleinement impliqué dans cette démarche, puisque je fais partie du Comité stratégique mis en place par le gouvernement, je serai celui qui aura toujours à cœur d’essayer de placer les intérêts de R&PS. On aborde l’avenir avec plus d’armes qu’avec une présidence qui n’aurait pas les mêmes leviers d’action. Voilà pourquoi j’ai proposé ma candidature au nom de Femu a Corsica.
Il y a convergence d’intérêts ?
R&PS permet à la Corse de sortir de l’isolement et du face à face avec le gouvernement. On s’appuie sur des forces qui sont des soutiens naturels par la convergence des idées, mais aussi par la convergence des intérêts. Chaque fois que la loi évolue en faveur de la langue corse, c’est quelque chose qui va aider la langue bretonne et réciproquement. On l’a vu dans l’exemple de Scola Corsa, nous avons pu nous inspirer des expériences de Bretagne ou du Pays Basque pour lancer un réseau d’enseignement immersif en Corse. Nous sommes face à un interlocuteur obligé qu’est l’État français, il est important d’être solidarisés de la même façon que nous sommes solidarisés en Europe avec les Catalans, les Basques ou les Écossais pour discuter au niveau européen au sein de l’Alliance Libre Européenne, parti auquel nous adhérons également.
Quelle sera votre ligne politique ?
Elle s’inscrira dans la continuité. R&PS est une structure saine qui a su prendre sa place. Elle a eu l’occasion d’en faire la preuve aux dernières législatives. Elle a encore progressé avec 15 % de voix supplémentaires. Nous avons présenté plus de 300 candidats, nous avons des parlementaires, c’est une structure qui marche bien et la continuité est le premier axe de travail. Le deuxième axe est d’élargir sa visibilité, profiter de ce qui autour de la Corse va générer un nouveau débat sur la régionalisation et la décentralisation en France, en sachant que parmi les perspectives ouvertes par le gouvernement il y a cette réforme constitutionnelle annoncée pour dans moins de deux ans. •