Ukraine

Poutine relance le conflit

Huit mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Vladimir Poutine a annoncé sa décision d’annexer au territoire russe les territoires occupés, depuis 2014 (Donbass), ou depuis l’invasion de février dernier (Kherson et Zaporjjia), le long de la Mer d’Azov. Les referendums annoncés sont des mascarades, mais ils annoncent qu’en intégrant de force ces portions de territoires ukrainiens à la Fédération de Russie, Vladimir Poutine se considérera autorisé à y déployer tout l’arsenal militaire de la Russie, y compris des armes nucléaires.

 

Cette nouvelle escalade intervient alors que le Kremlin est en difficulté sur le terrain. Grâce aux armements occidentaux, les forces ukrainiennes ont mené une offensive victorieuse au nord-est du pays, obligeant l’armée russe à abandonner un vaste territoire. La pression est forte aussi au sud où les troupes russes basées à Kherson font face à une autre offensive. Bloqués entre la rivière Dniepr dont les ponts ont été détruits, et les forces ukrainiennes qui avancent au Nord, des dizaines de milliers de soldats russes sont en position difficile.

Pour bloquer la progression ukrainienne, Vladimir Poutine a décidé d’une mobilisation large de nouveaux soldats à envoyer au front. Cela ne va pas sans difficultés en Russie où cette mobilisation forcée génère manifestations et protestations en nombre. Mais aussi fuite aux frontières de nombreux Russes qui ne veulent pas faire la guerre.

Au plan diplomatique également, la Russie est en difficulté. Le sommet des pays non alignés a décliné vertement la demande de Moscou de « muscler » leurs positions de soutien à la Russie. La Chine la première a fait valoir que cette guerre ne pouvait que desservir tout le monde, y compris le commerce chinois en Occident. Idem de la part de l’Inde et de la plupart des puissances représentées.

 

En fait, la position de Poutine est très affaiblie depuis qu’il est apparu aux yeux du monde, et même de sa propre opinion publique, qu’il pouvait potentiellement perdre la guerre qu’il a lui-même déclenchée. Le déroulement erratique des referendums fictifs dans les oblasts occupés ne réussiront certainement pas à donner la moindre légitimité aux politiques de Moscou.

Cependant les combats vont continuer, et probablement s’intensifier quand la mobilisation de troupes nouvelles aura renforcé l’armée russe. Parallèlement la « guerre du gaz » entre l’Europe et la Russie aura pris un tour plus aigu du fait de l’entrée dans l’hiver. Malgré les succès enregistrés par l’Ukraine, militairement comme diplomatiquement, la guerre semble loin d’être finie ! •

F.A.