Cela s’est produit en Italie avec l’élection comme présidente du Conseil de Giorgia Meloni. En Suède et en Finlande aussi, les extrêmes-droites ont eu le vent en poupe. Cela pourrait bien continuer en Espagne en cette fin 2023. Puis se généraliser à plusieurs pays d’Europe d’ici la prochaine élection présidentielle française de 2027 avec le Rassemblement National en embuscade. Ne pas trouver la bonne réponse aujourd’hui, c’est prendre le risque d’une situation catastrophique demain.
Dans le cadre électoral italien, pas de place pour l’éparpillement. Ce sont des coalitions qui s’affrontent. Elles doivent être formées avant le scrutin, mais leurs équilibres internes sortent des urnes, chaque électeur votant deux fois, d’abord en faveur d’une des coalitions candidates pour gouverner, et, en même temps, pour exprimer sa préférence pour un des partis de cette coalition. En septembre dernier, la coalition de la droite et de l’extrême droite a fait globalement 43 % des voix, réparties entre les trois alliés Fratelli d’Italia (26 %), Lega Nord (9 %) et Forza Italia (8 %), faisant de Giogia Meloni la grande gagnante du scrutin.
Dans l’Italie de l’après-2022, les forces politiques d’opposition sont obligées de chercher de nouveaux équilibres. Deux coalitions devraient s’affronter dans les années à venir : la coalition des droites placées désormais sous la domination de Giorgia Meloni et de son parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, et un front progressiste (principalement socialistes et 5Stelle) dont les composantes devraient se rapprocher désormais pour faire contrepoids et défaire aussi rapidement que possible celle qui est au pouvoir désormais. Le rôle de 5Stelle et de son leader Giuseppe Conte, qui cherchent à se rapprocher des Verts au plan européen, sera déterminant car ils apportent du sang neuf à ce front progressiste après le score remarquable obtenu par leur mouvement aux dernières élections, notamment dans le sud du pays. Mais les prochaines échéances sont lointaines et cela va laisser à Giogia Meloni le temps de faire son trou, et peut-être de propager son modèle italien à plusieurs pays, dont potentiellement la France où, pour la première fois, un sondage donnerait Emmanuel Macron battu par Marine Le Pen au second tour si l’élection avait lieu aujourd’hui.
Les systèmes électoraux sont différents d’un pays à l’autre, mais les mécanismes politiques restent les mêmes qui poussent la droite classique dans les bras de l’extrême droite. En Espagne, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez doit revenir devant les urnes fin 2023. Sa majorité formée par le PSOE et Podemos est fragile, mais elle a tenu le temps de la mandature en s’appuyant sur le soutien, ou sur une abstention constructive, de la plupart des parlementaires des partis de gouvernement des autonomies d’Espagne, basques (PNV et EH-Bildu), catalans (ERC et CUP), galicien (BNG), ou des îles Baléares. Cette majorité étroite a tenu son cap, mais la droite s’est réorganisée avec une extrême droite (Vox) de plus en plus puissante qui a imposé sa participation en force à plusieurs majorités régionales, lançant les bases d’une coalition droite-extrême-droite au plan espagnol pour battre Pedro Sanchez grâce à une Union des droites, à l’image de ce qui s’est passé en Italie. De cette droite espagnole, si elle réussit à gagner, Vox donnera le tempo, notamment sur les dossiers catalan ou basque.
Ce que l’on sait de l’extrême droite au pouvoir, c’est sa capacité à « lobotomiser » le débat démocratique, y compris en usant de moyens violents, particulièrement à travers les réseaux sociaux ou une presse qu’elle contrôle, à l’encontre de ses opposants, de façon à les isoler, les épuiser puis les discréditer par tous les moyens. À l’échelle d’un pays on voit bien avec la Hongrie que, loin de s’affaiblir au fil des scrutins, Viktor Orban se maintient sans difficulté en s’appuyant sur un socle électoral facilement aveuglé, tout en stigmatisant ses opposants par les médias publics qu’il contrôle. Pourquoi ce modèle ne serait-il pas généralisable ailleurs en Europe, y compris dans l’ex-Europe des 15 ? Il faudrait vraiment réagir efficacement, et le plus tôt sera le mieux. •
F.A
Contre le sous-développement du Sud de l’Italie
Le groupe ALE avec PierNicola Pedicini
Parmi les mesures phares du nouveau gouvernement Meloni, il est prévu de modifier les statuts des autonomies italiennes avec pour effet de renforcer encore les avantages économiques et sociaux du Nord du Pays. À Naples ce week-end, s’est tenu un colloque pour dénoncer ces projets et rappeler l’état de sous-développement dont souffre encore le sud de l’Italie sans qu’il lui soit apporté de solution par l’État italien, contrairement à ce que l’Allemagne a su faire pour les länder d’Allemagne de l’Est.
Naples est une ville dont le patrimoine est extraordinaire. Au temps de sa splendeur, au 18e siècle, elle a été le berceau de Pasquale Paoli adolescent puis jeune adulte. Il s’y est formé à la lumière des sciences, des arts et des lettres qui y rayonnaient alors comme nulle part ailleurs en Europe. •