Comme beaucoup je pense, je me suis précipitée pour l’acheter ce livre.
Petru, pour beaucoup, pour tous les Corses je crois, son nom résonne comme sa voix, cette voix magnifique, une des plus belles voix de Corse assurément, celle qui a porté haut la reconnaissance de notre patrimoine culturel, dans tous nos villages bien sûr, mais aussi en France et sur les scènes internationales, au Québec en particulier, avec en point d’orgue l’inscription du chant en paghjella au patrimoine mondial par l’Unesco.
Le livre de Petru, c’est aussi le livre de Marie. Marie Ferranti c’est l’écrivaine de talent, reconnue comme telle par de nombreux prix littéraires.
Là, elle s’est attachée a nous livrer ses échanges avec Petru, son ami, pour écrire ce livre, un peu dans la lignée des Maitres de Chant. La maladie et la disparition de Petru mettront hélas tragiquement et subitement un point final à leurs échanges. Mais le livre, lui, est là maintenant, et Petru avec lui.
Ça m’est compliqué d’en parler plus, et pas sûr que ça vous passionne mais… je vais le faire parce que j’en ai besoin…
C’est compliqué parce que Petru a fait partie de ma vie, sans que pour autant nous ayons été très proches. Et ce livre a réveillé en moi plein de souvenirs et beaucoup d’émotions.
J’ai connu Pierre en 1975, en même temps que Minicale et Ghjuvan Paulu Poletti, quand les Corses de Grenoble, dont nous étions François et moi, avaient invité Canta pour une soirée politico-culturelle. Toute une aventure pour nous, jeunes étudiants corses du continent, dont étaient aussi d’ailleurs nos amis René Siacci et Marie Noëlle Villanova.
De retour en Corse en 77, j’étais bien sûr, comme beaucoup, encore plus fan de Canta, forcément sous le charme de tous ces beaux jeunes gens aux voix magnifiques. Nous suivions les tournées, les soirées, Ils ne cultivaient ni le vedettariat ni les cachets, ils étaient de vrais passionnés et nous partagions leur passion.
Ensuite, bien après, quand nous avons, avec Tutti in Piazza, organisé la première Festa di u Viulinu à Sermanu, j’ai eu alors l’occasion de connaître Sermanu, le village, la maison des parents de Petru, Stella et Filice Antone, cette maison que Marie décrit si bien. En 1997, Felice Antone était là, le contact était facile car Minicale avait quasiment vécu à Sermanu, en famille, au début de Canta. Ce fut le début de chemin commun avec Petru qui de A Festa di u Viulinu s’est poursuivi ensuite avec le Centre de musiques traditionnelles. Tout n’a pas été tout le temps rose, Petru avait son franc parler et souvent ses convictions n’étaient pas les nôtres. Malgré cela, je me souviens avoir dû arrêter ma voiture sur la route de Bastia quand j’ai entendu l’annonce de son décès à RCFM et j’ai pleuré comme une Madeleine.
Ce livre est plus qu’un hommage à Petru, Marie Ferranti s’y livre aussi et avec la plume délicate qu’on lui connaît nous retrace son enfance, son milieu, son village, sa famille aussi. Elle écrit beaucoup durant le confinement et cela donne une ambiance hors du temps comme nous l’étions tous dans cette période. Le contexte historique est aussi rappelé, avec un gros travail de documentation.
Ce livre, Le livre de Petru, fait entrer pour les générations à venir l’histoire de Petru dans l’histoire de la Corse. Il le mérite largement. •