La proposition de loi du groupe LIOT pour tenter de revenir sur le passage en force du gouvernement pour imposer sa réforme des retraites, a été retiré. Les amendements essentiels concernant l’âge de départ à la retraite ayant été déclarés irrecevables et rejetés par la présidence de l’assemblée nationale, le groupe a estimé que son projet perdait toute sa substance. Jusqu’au bout, le parlement aura donc été dépossédé de ses droits. Le président du groupe Libertés Indépendants Outremer et Territoires, Bertrand Pancher, a laissé éclater sa colère au pupitre du palais Bourbon. Extraits.
« Depuis un an j’ai l’honneur d’animer le groupe LIOT, un groupe ancré dans les territoires qui a fait de la défense des libertés publiques et de la démocratie ses priorités. Un groupe dans l’opposition, mais qui a toujours eu le souci de la construction et de la justice. C’est pour cette seule raison que nous avons pris la décision d’inscrire à notre ordre du jour cette proposition de loi, pour abroger les principales dispositions de la réforme des retraites (…) Dès le départ, lorsque le gouvernement annonçait sa volonté initiale de reporter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, nous nous sommes unanimement opposés, comme une majorité de députés ici, à cette disposition et avons appelés à mettre en place une concertation avec les partenaires sociaux. Une vraie concertation, qui laisse le temps d’écouter les arguments de chacun, qui étudie les propositions alternatives, car il y en a beaucoup, et qui chiffre sérieusement ces dernières (…) À la colère, à l’inquiétude, à l’incompréhension, que nous députés avons tenté de relayer ici, vous avez répondu par le passage en force. À la demande éperdue de démocratie, vous avez répondu en tordant notre Constitution et notre règlement dans tous les sens pour faire passer cette réforme brutale et injuste sans que jamais l’Assemblée Nationale ne puisse se prononcer.
Alors oui vous êtes arrivés à vos fins, votre réforme des retraites a été promulguée, mais à quel prix ? À quel prix pour nos concitoyens les plus modestes, qui subiront plus fortement l’impact de cette réforme ? À quel prix pour nos finances publiques, qui ne sortent même pas redressées ? À quel prix enfin pour notre démocratie, pour notre cohésion sociale ? Mesurez-vous l’impact de cette réforme sur la confiance des citoyens en leurs institutions ? Comment peuvent-ils croire au vote ? Comment peuvent-ils croire à leurs représentants et plus largement à notre démocratie, quand une poignée peut décider seul pour l’avenir de tout un pays, envers et contre tous ! Vous avez foncé tête baissée pour faire passer cette réforme aux forceps, au Sénat comme à l’Assemblée, sans jamais vous retourner sur les dégâts que vous faisiez derrière vous, sur le pays que vous mettiez à feu et à sang pour quelques milliards d’euros, et encore, vous n’avez laissé aucun répit en promulguant cette loi à une vitesse record, quel bilan ! Et maintenant que le mal est fait, vous cherchez l’apaisement ? Mais quelle histoire ! Un apaisement qui en réalité repose sur l’usure, sur la résignation de nos concitoyens. Nous ne pouvons nous y résoudre, notre groupe ne peut pas s’y résoudre ! (…) Non seulement vous avez jugé irrecevables nos amendements de rétablissement mais vous êtes allé plus loin en censurant nos amendements. Cela n’avait jamais été fait de toute notre histoire. Nous ne sommes pas seulement en colère, et je vous le dis avec une grande sincérité, abattus par ce que vous avez osé faire ! C’est un triste jour pour notre assemblée nationale, pour notre démocratie. Vous n’êtes pas membres du Conseil constitutionnel, mais nous savons tous qu’il existe une règle en démocratie, une règle d’or, le parlement vote la loi, c’est l’article 24 de la Constitution. Vous nous avez empêché de voter ! Vous avez osé le faire, mais vous êtes devenus complètement fous ! » •