U Levante avait alerté il y a 4 ans sur ce projet coûteux de la Communauté d’agglomération du pays ajaccien : un téléphérique urbain reliant le quartier de Saint-Joseph à Mezavia, en passant par le Stilettu dans l’objectif de désengorger la circulation. Une ligne, quatre arrêts, dont un parc urbain sur le « poumon vert » de 8 hectares… défiguré puisque réclamant 10 mètres d’emprise sur un tracé de 3 km, alors que l’actuel espace boisé du site est classé. Le projet a été validé en 2018 par le Conseil des sites qui a été trompé puisqu’il était dit qu’il s’agissait de « démaquiser (…) uniquement l’emplacement soit 3 m2 de chacun des pylônes nécessaires »… Or, le projet reste sur 10 mètres d’emprise tout au long du tracé, sans compter « les voies d’accès de secours vers les pylônes » (une vingtaine) ou « l’élargissement d’éventuels cheminements existants » alertait encore U Levante qui dénonçait une analyse pour le moins « imprécise, voire sous-estimée » de l’impact environnemental du projet.
U Levante s’inquiétait aussi des cônes d’atterrissage et décollage des hélicoptères desservant les urgences de l’hôpital et de l’emplacement du futur parking sous-dimensioné.
Le projet a malgré tout fait son chemin… le groupe Poma, leader de ce type de transport, a remporté le marché et la mise en construction est annoncée pour l’an prochain, l’enquête publique se terminant le 30 juin.
Un marché annoncé de 55 M€, 31 M€ d’investissements et 24 M€ pour une exploitation-maintenance sur 10 ans, soit 2,4 M€ par an, ce qui nécessite le transport de 3000 personnes par heure (1500 par sens) pour être rentable, soit des navettes toutes les 15 secondes, et surtout l’organisation d’une intermodalité pas si évidente… Le préfet Lelarge (sic) est pourtant venu au secours du projet en annonçant en 2021 la prise en compte de 70 % du coût à travers le PTIC ; et ce, sans concertation avec la Collectivité de Corse !
L’opposition Pà Aiacciu à la municipalité a dénoncé un coût « disproportionné (…) qui va impacter la vie des ajacciens pendant des dizaines d’années », doutant de l’utilité compte tenu d’ores et déjà d’un « parking saturé ».
Femu a Corsica a également fait entendre sa voix, dénonçant « un projet inutile, démesuré et voué à l’échec », qui n’a pas pris en compte le projet de pénétrante de la Collectivité de Corse qui vise à relier la Caldaniccia à l’hôpital. Pour Femu et le groupe municipal Aiacciu pà tutti le projet ne répond pas aux besoins des Ajacciens compte tenu de son emplacement et du manque de parkings : 200 places pour un flux entrant de 40.000 véhicules jour dont 7000 ciblés. Un « coût exorbitant » dont la CAPA ne pourra pas assumer sa part de 30 %. Le parti de la majorité territoriale rappelle que le tracé se situe sur « une zone qui présente un triple risque » : « incendie, feux de forêt et habitations » ainsi que « technologique et industriel » compte tenu de la proximité avec la zone commerciale de Mezavia. « Les porteurs du projet ont-ils intégré ces risques en termes de moyens humains, de dispositifs, de moyens techniques, de respect des plans et procédures d’évacuation ? » interroge Femu a Corsica qui craint « une bombe à retardement sécuritaire ».
Femu réclame « la tenue d’un référendum consultatif local à l’échelle de la CAPA », et travaille sur « d’autres pistes dont le coût ne serait pas pharaonique et dont l’utilité semble tout à fait pertinente ».
En attendant, le parti nationaliste appelle la population à participer à l’enquête publique pour le bloquer. •