Dimanche 23 avril aura lieu le 1er tour de l’élection présidentielle, après avoir lu les différents programmes, écouté et entendu les différents candidats, j’en suis arrivé à la conclusion que je voterai blanc. Explications.
En tant que nationaliste corse, chaque élection présidentielle est un véritable calvaire. Faut-il participer à l’élection du prochain monarque français ou faut-il boycotter le scrutin présidentiel ? Beaucoup de nationalistes boycotteront cette élection, la considérant non-légitime. Je respecte ce choix. Mais ce n’est pas le mien.
À chaque fois que l’occasion m’est donnée de m’exprimer démocratiquement, j’utilise ce droit non pas seulement parce que certains sont morts pour cela mais parce que je veux exprimer, expliquer et assumer mon choix.
Mais voter librement, c’est voter pour le programme que l’on souhaite voir mettre en place. Et s’il existe deux tours, c’est bien que chaque tour a son intérêt et son sens. Jamais je n’ai voté utile au 1er tour et je souhaite n’avoir jamais à le faire ! Car qu’est-ce que ça veut dire exactement « voter utile » ? Voter utile, c’est voter pour le programme qu’on ne veut pas avoir pour éviter d’en avoir un pire ? Mais alors, si on vote utile au 1er tour quand vote-t-on pour le programme que l’on souhaite ?
Je considère qu’au 1er tour, on vote par adhésion et qu’au 2nd tour, à défaut d’avoir son programme ou son candidat présent ou représenté, on vote par exclusion.
Mon triptyque: Corse, social, Europe
Une fois l’acte de voter assumé, il faut savoir quels objectifs politiques on souhaite soutenir par son vote. Depuis que j’ai le droit de vote, j’ai toujours voté selon trois critères principaux : la Corse, le social et l’Europe.
Parce que je suis un nationaliste corse, le premier filtre politique que j’impose à chaque projet, à chaque programme et à chaque candidat c’est de savoir si oui ou non il est positif pour le peuple corse.
Ce critère fondamental ne peut être suffisant car il pourrait me conduire à soutenir un (e) candidat (e) qui nous ferait sortir de la démocratie sous prétexte qu’il ou elle dit quelque chose de positif sur la Corse. Mais il me permet d’évacuer de facto toutes les candidatures (les plus) jacobines et dangereuses de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, par exemple.
Parce que je suis un nationaliste corse, je ne peux m’imaginer construire ma nation en laissant sur le bord du chemin des milliers d’hommes et de femmes.
C’est pourquoi la question sociale, qui inclut, selon moi, le développement économique et la question environnementale dans le cadre d’un développement durable, est fondamentale. Les écarts de richesse dans nos sociétés n’ont jamais été aussi grands, lutter contre l’injustice sociale est, pour moi, consubstantiel au combat nationaliste.
Parce que je crois en la justice sociale, je ne pourrai voter pour un candidat ultralibéral comme M. Fillon, par exemple.
Parce que je suis un nationaliste corse, je suis convaincu que la place du peuple
corse est en Europe. Bien évidement, cette Europe des grandes capitales et du grand capital ne peut être un horizon acceptable. C’est une Europe des peuples que je souhaite, une Europe qui respecte le droit à l’autodétermination, une Europe démocratique, une Europe sociale. Ainsi, je ne peux soutenir un candidat qui prétendrait faire sortir la Corse de l’Europe, comme François Asselineau ou Nicolas Dupont-Aignan, par exemple.
Ces trois priorités ne sont pas les seuls éléments qui me font voter pour un programme mais sont la base sans laquelle je ne peux adhérer à un projet politique au 1er tour.
Un choix très pauvre.
Une fois les 11 candidats passés aux « filtres » qui sont les miens, j’en viens à la conclusion qu’il n’y a pas de candidat qui soit suffisamment proche de ma vision politique et que le vote blanc s’impose.
Certains diront que voter blanc, ça ne sert à rien ! Tout d’abord, je leur répondrai que le vote blanc, bien que malheureusement non comptabilisé dans les votes exprimés, est compté séparément des votes nuls depuis 2014.
Ensuite et surtout, à la différence du vote nul qui est explicite par son nom, le vote blanc exprime un choix : le refus de l’offre politique présente !
Mais revenons aux 11 candidats. Loin de moi l’idée de penser qu’aucun candidat ne propose des choses intéressantes.
Philippe Poutou, du fait de sa proximité avec a Manca Naziunale, parle du droit des peuples à l’auto-détermination et Jean Lassalle parle de la ruralité et de la diversité culturelle. Mais parler du peuple corse ou de la diversité culturelle ne peut suffire à soutenir tout un programme.
De même, il y a des candidats qui défendent des idées intéressantes sur le social ou l’Europe comme Benoit Hamon qui a des propositions intéressantes pour répondre aux défis de la numérisation et de la robotique avec le revenu universel ou Emmanuel Macron qui propose un budget de la zone euro afin de relancer les investissements en Europe.
Mais un point, aussi important soit-il, ne peut suffire pour voter par adhésion au 1er tour.
Et après le 23 avril ?
Quel que soit notre vote au 1er tour de la présidentielle, et je respecte la diversité des votes chez les nationalistes corses pour peu qu’ils soient en phase avec les valeurs du mouvement national, ce qui m’importe, en tant que nationaliste, c’est ce que nous allons collectivement faire après le 23 avril.
Après le 1er tour, il y aura évidemment le second. Et je n’exclus pas de soutenir un candidat au 2nd tour au regard du choix qu’il y aura, soit parce qu’un candidat défendra un des éléments qui me semble important, soit pour rejeter un candidat qui porterait en lui ou elle la mort du peuple corse par son jacobinisme absolu et/ou son idéologie.
Mais après le 2nd tour de la présidentielle, il y a surtout les législatives. Et pour la première fois, les Corses ont la possibilité d’envoyer au Palais Bourbon, au moins, un nationaliste ! Un homme ou une femme qui sera la voix du peuple corse, un homme ou une femme qui défendra matin, midi et soir les intérêts de son peuple et non les intérêts tacticiens de son parti parisien. C’est à notre portée et ce doit être un objectif.
Un député nationaliste corse, ça changera le regard de Paris sur la Corse et ça changera le regard que nous porterons sur nous-mêmes.
Enfin, et surtout, après les législatives, il y a aura la mère de toutes les batailles, la vraie élection nationale corse, l’élection territoriale avec la mise en place de la Collectivité unique. Une victoire des nationalistes validerait le travail déjà accompli, permettrait de mettre fin au clanisme qui sévit encore dans les départements et permettrait de continuer le chemin vers notre autodétermination.
Roccu Garoby
Nationaliste corse, démocrate, progressiste
et fervent défenseur d’une Europe
des peuples.