Ils sont venus pour nous séduire, pour prendre nos voix, à l’œil. Ils nous lissent dans le sens du poil.
Oui à la spécificité corse, à la langue, à la préservation des sites… Oui à l’Assemblée unique, Marine nous offrirait de choisir entre un – comme du temps de François Giacobbi – et deux départements, comme l’a voulu Giscard d’Estaing. Et tous nous jouent les violons avec l’air du « développement économique » depuis toujours, une rengaine depuis la fin de la décolonisation en Algérie… (Somivac, Setco et pieds-noirs, Datar, Hudson Institute : 250.000 à 300.000 lits à faire en 10 ans…). Paroles, paroles…
Mais Non à la coofficialité parce que le français est la seule langue de la Constitution. De la Constitution ? Depuis peu, précisément, lors de la Charte des langues minoritaires du Conseil de l’Europe que le gouvernement de l’époque a signé mais n’a pas soumis au Parlement pour ratification, le Conseil Constitutionnel l’ayant déclaré « inconstitutionnelle », il faut donc changer la Constitution sur ce point, mais il n’y aurait pas de majorité pour le Parlement et le Sénat réunis en Congrès à Versailles.
Non, de même, au statut de résident proposé contre la spéculation.
Inconstitutionnel lui aussi et de plus discriminatoire…
Quant à la fiscalité «patrimoniale» rurale, on verra plus tard… en général, l’arsenal des lois de la République a tout ce qu’il faut pour « encourager » la langue corse, pour protéger l’île contre la spoliation spéculative immobilière, pour transfuser une ruralité exsangue. Juste quelques dérogations pour atteindre les buts souhaités par la majorité à la CTC, dérogations à longuement négocier et voir à l’usage si elles suffisent.
Quelques années pour les roder et si besoin d’autres dérogations.
« E torna à Vignale ! »… on pourrait penser que les « choses » avancent pas à pas, à petits pas. Les candidats, c’est visible, ont avancé pour faire un chœur de louanges à la spécificité corse. Marine a chanté le Diò vi salve Regina et on a entendu dire par un candidat que la France avait besoin de la Corse. Pommade gratuite.
Cette unanimité est une avancée en polyphonie de « paroles, paroles »… Elle n’est pas due au hasard mais à la nécessité de s’accorder avec le Padduc voté largement par la CTC même si par la suite certains l’ont interprété en décrescendo. Or ce Padduc était le minimum accepté par les natios après de laborieuses tractations menées par Maria Giudicelli. La pagaille des primaires pour la Présidence a la lumière d’une fin de régime de la Ve République. L’esprit des « partis » de la IVe que De Gaulle voulait éradiquer, repousse comme la chienlit. Il est possible que le Président élu n’aura pas de majorité assez soudée pour procéder à des réformes et à des ajustements constitutionnels.
Bien naïf et béat qui se laisse bercer d’espoir aux sons des violons des musiciens accompagnant les tour de passe passe des magiciens.
C’est le cas aussi quand on se focalise sur les élections législatives dans l’aura de la présidentielle ou les territoriales proches. Ce manque de lucidité renvoie au fameux « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre » et de toute façon il n’est pas digne d’un défenseur de la cause du Peuple corse.
Il est clair que les chœurs des candidats sur les estrades ou que les moyens juridiques et financiers du statut « particulier » sont des leurres s’il s’agit de « sauver » le Peuple et sa terre. Le jacobinisme de la République est génétique. Il peut s’adapter mais pour ne pas changer. Il faut l’y contraindre. Il est non démocratique car il refuse tout droit légal pour « les différences ». La République consent des dérogations sans lendemain qu’elle oriente et contrôle à sa guise.
La diversité est pour elle un fait qui doit se folkloriser et/ou disparaître.
Colonialiste, impérialiste de par le monde, comme beaucoup d’autres «puissances », mais au nom de sa civilisation universelle, tous les peuples (des « peuplades » ?) l’ont rejetée. Elle a, depuis son jacobinisme républicain, pratiqué un colonialisme interne à l’hexagone par assimilation et, comme un boa, elle continue à digérer. Elle ne cessera que contrainte, le dos au mur.
Oui, faire des élections, garder la main pour une majorité CTC consensuelle et surtout faire croître la prise de conscience sans se laisser leurrer, au premier chef chez les « natios », perdre le moins de temps qui travaille contre la cause du peuple corse et gagner d’autres Corses. Tout est à utiliser en ce sens, sauf la violence clandestine qui est suspendue, ce qui dégage de meilleures possibilités démocratiques.
Oui internationaliser le « problème » corse en montrant son aspect de revendication juste et démocratique. Oui surtout à une organisation au sein du peuple corse gagnant sa confiance et donc de l’efficacité.
La loi du tout ou rien est notre unique problématique. Tant que le peuple corse n’est pas reconnu dans les lois, et qu’il n’a pas les moyens de gérer son avenir, rien n’est acquis et sa morbidité augmente de jour en jour.
Dans ces conditions, paroles, paroles, et mandats d’élus pour des institutions insuffisantes sont des drogues d’accompagnement de fin de vie. Le temps perdu ou gâché travaille contre le peuple corse. Qu’on me prouve le contraire du moins ceux qui croient qu’il existe un peuple corse.
Max Simeoni