U mo parè

Demucrazia…

Par François Joseph Negroni

 

Quelques jours après les émeutes survenues en Nouvelle-Calédonie contre le dégel du corps électoral, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes, la situation reste grave et l’appel à la liberté des Kanaks n’est pas entendu.

Pour rappel, ce soulèvement a eu lieu quelques heures après l’examen puis l’adoption du projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, faisant craindre légitimement la fin de la revendication nationaliste dans l’archipel.

Face à cela, le gouvernement français a brandi un totem : « La démocratie a parlé, le peuple a voté contre l’indépendance, il faut donc réfléchir à trouver un chemin de convergence. » Peu importe les circonstances du dernier référendum et son taux d’abstention historique. Aucun contexte pris en compte. Les urnes ont parlé. Il est à se demander où le curseur démocratique est placé au plus haut niveau de l’État.

N’oublions pas que ce troisième référendum a été marqué par le refus d’un report, demandé par les indépendantistes à la suite de la pandémie de Covid-19. La culture du deuil dans l’archipel, fortement touchée, ne permettait pas qu’un vote aussi important se déroule si la volonté première était celle de la démocratie. C’est l’allumette.

Comme si cela ne suffisait pas, et sans évoquer les choix de ministres ou autres présidents de commissions, ce vote permettant le dégel du corps électoral met à mal un pilier de paix en Kanaky. C’est l’étincelle.

Cet enchaînement désastreux montre bien l’incapacité des dirigeants français à lire la situation politique, mais également leur incapacité à maîtriser la démocratie.

La Corse en est le parfait exemple. Si le curseur démocratique en Corse était placé au même niveau qu’en Nouvelle-Calédonie, nous serions autonomes depuis près de dix ans. Seulement, ce vote-là n’arrangeait pas tellement. La démocratie, oui, mais que quand cela nous arrange.

En Nouvelle-Calédonie, la question de l’indépendance est bien plus qu’un simple débat politique. C’est une question d’identité, de reconnaissance et de justice pour les Kanaks, premiers habitants de l’archipel. Leur combat pour la liberté et l’autodétermination ne peut être ignoré ou minimisé sous prétexte que la démocratie, sous une forme détournée, a parlé.

Il est crucial de comprendre que la démocratie implique aussi l’écoute des peuples, la reconnaissance de leurs souffrances et de leurs aspirations, et la volonté de trouver des solutions justes et équitables. Le refus de reporter le référendum, malgré les circonstances exceptionnelles, et l’adoption du projet de loi modifiant le corps électoral sont des exemples flagrants de l’absence de cette compréhension.

L’histoire nous enseigne que les peuples opprimés trouvent toujours des moyens de faire entendre leur voix. Ignorer cet appel à la liberté ne fera qu’aggraver la situation. •