Ruralità

L’âne corse, richesse de l’intérieur !

Après une longue bataille qui a duré une dizaine d’années, la démarche de reconnaissance de l’âne corse a été initiée par une première association qui s’appelait A Runcata avec Milou Mariani suivi plus tard par une autre association, Isulane dirigée par Pierre François Lepidi.
Ce dossier a été repris en 2017 par une poignée de passionnés dont le président de U Sumeru Corsu, Eugène Tramini, et par Olivier Fondacci président de Sumeri di Corsica, qui a également fondé Balagn’âne en 2008. Ce sont les deux militants incontournables de cet animal sur l’île.
Arritti a rencontré Olivier Fondacci à a Fiera di Niolu 2024 qui propose outre randonnées à dos d’ânes et autres activités, toute une gamme de produits à base de lait frais d’ânesse. Interview.

 

Voilà 4 ans que l’âne corse est officiellement reconnu après un long et important travail associatif auquel vous avez participé. Racontez-nous un peu l’histoire de l’âne corse…

Nous avons fait des tournées en Corse pour recenser les animaux qui dégagerait un standard susceptible de créer un stud book.

Il faut savoir que les premiers ânes sont apparus 3.000 ans avant notre ère, ils venaient de la Corne de l’Afrique, Ethiopie, Somalie… ils étaient gris, zébrés (comme leurs cousins les zèbres) dans un premier temps. C’est cette souche que l’on a recherchée.

Par la suite, comme pour l’humain, la Corse a été un brassage, d’où l’arrivée des ânes brun originaire d’Asie, et surtout avec la volonté de faire des mules, et pour les activités de travail augmenter le gabarit en faisant venir des animaux d’Italie, de France.

Cette période à durée jusqu’à l’arrivée de la mécanisation ou leur utilité a diminué et leur destin a basculé. Ils sont devenus inutiles et l’homme, qui a oublié sa contribution au labeur quotidien durant des siècles, les a expédiés par bateaux entiers vers des fins tragiques.

 

Pour quelles raisons vous êtes-vous investi dans cette volonté de reconnaissance ?

Les acteurs de cette reconnaissance sont des passionnés et en Corse on a tous un lien avec cet animal fétiche. Nous par exemple, à Santa Riparata, tous les lundis de Pâques on récupérait tous les ânes du village et on partait faire a mirendella avec 30 à 40 individus.

Il faut savoir que l’âne le plus connu au monde est l’âne du Poitou, et le deuxième le plus connu en France est l’âne corse. Il n’a été que justice de le faire reconnaître.

 

Quels sont les critères de race de l’âne corse ?

Les critères de l’âne corse sont une couleur de robe variant de gris clair à gris ardoisé (fasgianu), et puis une nouvelle couleur de robe ajoutée en 2022, marron clair à foncé (castagnu chiara è scuru). Nous sommes la seule race reconnue en France à avoir plusieurs couleurs de robes.

Sa taille varie de 1,14m au garrot jusqu’à 1,30 m. La croix sur le dos et des membres zébrés, le poitrail ouvert, les oreilles avec des reflets dorées, des naseaux ouverts, des yeux en amandes…

Nous sommes également les seuls à avoir créé un berceau de vie, un âne corse ne peut être corse que s’il est né en Corse, et que s’il porte un nom corse.

 

À combien estime-t-on la population d’ânes en Corse ?

La population asine sur l’île est actuellement entre 2.500 et 3.000 bêtes alors que dans les années 50 elle était de 30.000 à 40.000 bêtes.

De nos jours, malgré cette renaissance, nous sommes loin de l’animal de bât qu’il était par le passé. Il faut savoir qu’une reconnaissance n’est pas un aboutissement, c’est le début de la valorisation d’une race à travers ses activités. Et pour moi qui vient d’avoir 60 ans, la chose la plus importante est la transmission pour que cet animal emblématique de notre territoire continue à offrir ses services à l’homme.

 

Que rapporte l’élevage d’ânes ? Peut-il être un allié de la reconquête de notre intérieur ?

L’âne a une grande utilité. L’élevage bien sûr, la production laitière, l’agritourisme avec les randonnées, le portage… l’événementiel aussi : mariage, film, publicité, marché. Il est utile à la collecte des déchets, par exemple, à l’entretien d’espaces, au portage en milieu fragile…

Celui qui veut faire cette activité doit avoir en premier lieu la passion, si on pense bénéfices avant l’heure ce n’est pas la peine, le monde agricole a ses hauts et ses bas, et les animaux sont notre capital, il faut en prendre soin.

 

On pense aux randonnées équestres, mais moins à la cosmétique, pourtant vous proposez toute une gamme de produits à base de lait d’ânesse…

Oui, la production laitière permet beaucoup de choses, des cosmétiques aux bonbons, savons, glaces, bière et bientôt fromage (le plus cher au monde 1 € le gramme, soit 1000 € le kilo) !

Je suis pour l’instant le seul producteur en bio de lait d’anesse en Corse. Je fabrique mes produits avec du lait frais, c’est pour moi très important de le dire. Car je fais face à une concurrence déloyale ou on trouve sur des marchés des produits estampillés au lait d’anesse corse alors que ce n’est pas le cas comme d’autres activités. •

 

Cuntatti è infurmazione : www.facebook.com/olivier.fondacci

 

Prochain rendez-vous :

La Journée de l’âne et du cheval corses, le dimanche 27 octobre 2024 à l’hippodrome de Biguglia