Le Pape François attendu à Aiacciu

Une extrême attention portée à la Corse

À l’heure où nous mettons sous presse, la nouvelle qui a largement fait le tour des rédactions de France et de Navarre n’était pas encore officiellement confirmée par le Vatican. Mais le Pape pourrait être en Corse le 15 décembre prochain, peut-être même les 14 et 15 décembre.
C’est un évènement historique pour l’île. Jamais un Pape n’avait foulé le sol de Corse, sauf peut-être la légende qui prête à Saint-Pierre le fait d’y avoir fait halte lors de sa mission de christianisation…

 

 

Que l’on soit ou non chrétien, c’est un évènement fort en symbole. Le Pape est un homme d’État. La France est contrainte de l’accueillir par la présence du gouvernement, voire du président de la République dans l’île. Ce qui ne peut pas être anodin et peut s’accompagner de discours ou d’attentions, surtout dans les circonstances d’un dialogue engagé dans le cadre du processus de Beauvau pour l’octroi d’un statut d’autonomie. Comment faire abstraction des attentes insulaires ?

 

C’est historique pour la Corse, île longtemps protégée par la papauté, qui s’est offerte au christianisme depuis le Ve siècle au moins, a été au cours des siècles propriété du Vatican, et a toujours intimement mêlé ses aspirations de dignité et de liberté à la religion catholique, notamment lors des révolutions de Corse, jusqu’à se donner en 1735 la Vierge Marie comme Reine, un chant à sa gloire comme hymne national, le Diu vi Salvi Regina, et la date de l’Immaculée Conception comme Festa di a Nazione.

De plus, fatigué par les maladies de l’âge, malgré tout extrêmement sollicité, le Pape est très attendu partout et jusque dans des pays et villes les plus puissantes, comme à Paris, où enfle la polémique depuis l’annonce de sa venue en Corse.

Aussi la venue de François dans un tel contexte a quelque chose de surprenant pour bon nombre de gens, elle est très certainement le signe d’une extrême attention portée à la Corse.

 

Bien sûr le cardinal François Bustillo n’est pas pour rien dans cette venue. Bien sûr aussi, la curiosité d’un peuple qui a salué avec fierté sa nomination comme Cardinal jusqu’à venir très nombreux pousser une clameur remarquée par le Pape lors de la cérémonie à Rome le 30 septembre 2023. Bien sûr toute l’histoire brièvement rappelée ci-dessus et l’attachement de la Corse à l’ordre franciscain. Mais aussi l’attention du Pape François auprès « des plus petits », les enfants, les pauvres, les migrants, et l’expression vaut également pour les petits peuples, les îles. Il est un des rares Pape à s’être rendu en Sardaigne, en Sicile, à Malte… à Marseille aussi qui n’était pas que le signe d’une attention portée à la France mais surtout d’un intérêt très fort pour la Méditerranée. Le Pape est très sensible au destin de Mare Nostrum et des peuples qui la composent. Il porte une attention particulière à la coopération, à l’espoir que cela peut engendrer. Et le thème même du colloque qui l’annonçait dans l’île « La religiosité populaire en Méditerranée » confirme ce grand intérêt. Au-delà de tout cela, on se plait à croire qu’il est très certainement curieux d’approcher ce qu’est l’âme corse. C’est un immense honneur. Et ses paroles, les premières officielles directement consacrées à la Corse, sont très attendues.

 

Reste la grande complexité d’organisation que cela pose dans une ville aussi contrainte qu’Aiacciu. Rien que de l’extérieur, forces de sécurité, cardinaux, curie et confréries corses… cela fait déjà un paquet de monde à accueillir, loger, nourrir. Et le peuple des fidèles, ajacciens et corses, leur acheminement… Très certainement, la ville, au moins sur le parcours non encore connu, sera bouclée à la circulation automobile, des navettes probablement mises en place et un accès compliqué au Casone où il pourrait célébrer une messe, encore plus à la cathédrale d’Aiacciu où il devrait faire une halte.

On n’en sait pas plus pour l’instant. Mais un grand moment nous attend. •

F.G.