Plainte U Levante et Le Garde contre Gabriel Xavier Culioli pour diffamation et injures

Délibéré au 17 décembre

U Levante a porté plainte pour diffamation et injures en janvier dernier contre l’écrivain Gabriel Xavier Culioli qui participe à la campagne de dénigrement mené contre l’association de défense de l’environnement. L’audience se tenait ce 19 novembre au Tribunal de justice de Bastia. L’affaire a été mise en délibérée au 17 décembre prochain.

 

Julien Peretti a été condamné par plusieurs jugements à démolir les constructions à vocation touristique (des constructions nouvelles et non les constructions familiales) édifiées à Saparella sur la commune de Coti Chjàvari.

Gabriel Xavier Culioli a pris fait et cause pour la famille Peretti sur les réseaux sociaux, ce qui est son droit, mais il l’a fait en véhiculant de fausses informations sur les jugements intervenus et en diffamant et injuriant les associations Le Garde et U Levante.

Constats d’huissier à l’appui, les associations ont donc déposé plainte.

Ses propos reviennent à mener campagne en réitérant contre U Levante notamment, des injures permanentes telles que (rappel pêle-mêle) « menteurs… délateurs… eradicateurs… séniles… cinglés… escrocolos… écolabos… spécialistes du bobard… pidochji… grosse mouche », invoquant aussi « des nuits bleues à venir »,  les accusant de « mythomanie »,espérant « qu’ils disparaissent dans leur trou à rat »… et sur lesquels des « autorités pétainistes » pourraient s’appuyer pour « dénoncer juifs, communistes et francs-maçons »… etc., etc.

De plus, il a publié le 18 décembre 2023, la liste des membres de la direction collégiale d’U Levante, avec leurs noms, prénoms, adresses, dates et lieux de naissance, métiers. Or « la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) indique que la liste des dirigeants d’une association n’est communicable qu’après occultation des mentions mettant en cause la vie privée telles que la date et le lieu de naissance, l’adresse de ces personnes ou les coordonnées personnelles » rappelle sur son site U Levante qui s’interroge d’ailleurs : « il est très difficile de croire que ces fiches ont été obtenues de manière officielle à la préfecture puisque (…) elle doit d’abord occulter les mentions mettant en cause la vie privée. »

Dans quel but a-t-il fait cette publication ? M. Culioli prétexte que c’était « une plaisanterie »… Étant donné, depuis, la campagne de dénigrement qui s’est poursuivie et intensifiée, jusqu’à des vidéos Youtube où Julien Peretti est à nouveau diffamatoire et en appelle à la violence physique… cette « plaisanterie » a pris une dimension particulièrement infecte. U Levante et Le Garde ont bien sûr de nouveau porté plainte.

 

Mais ce sont les propos de M. Culioli qui était jugé ce 19 novembre. Et ce, dans une salle comble des soutiens apportés à U Levante : associatifs, politiques, citoyens.

En premier lieu, la défense a invoqué la nullité, se référant à l’article 50 de la loi de 1881 et affirmant que « quand on lit la plainte on ne sait pas ce qui est reproché » du fait de « mises en gras » dans le texte, que l’on n’est pas sûr (selon elle) que ces propos visent U Levante, qu’il est dit parfois « des propos » au lieu de « les propos », etc., etc.

Bref, la défense mégotait sur la forme pour éviter d’aborder le fond en faisant appel à une procédure, soi-disant non respectée. Ce qui ne tenait pas et Maître Busson, avocat d’U Levante, a d’ailleurs résumé les choses : « il n’y a pas d’ambiguïté et le moindre commencement de doute sur la procédure… cela d’ailleurs transparaît dans les écrits mêmes de la défense ». La procureure s’en est « remise à la sagesse du tribunal ». Et le tribunal n’a pas suivi et a demandé à ce qu’on entre au fond.

 

L’audition de M. Culioli a été un summum de contradictions. Un jeu de rôle dont il est impossible d’entrer dans le détail ici, l’audience en tout et pour tout a duré plus de trois heures. Il s’est présenté tour à tour comme nationaliste, écologiste, ayant participé aux travaux d’U Levante dont il pourfende les méthodes mais salut l’engagement (sic) parce que « l’État ne fait pas son travail » (re-sic). Il invoque ses différents livres et écrits, et plaide sur l’affaire Peretti, affirmant y avoir consacré 700 heures d’enquêtes, écrit un livre sur le sujet, il se dit outré du travail des magistrats qui ne se sont pas rendus sur place, ce qui suffisait selon lui à comprendre les choses et il dit attendre avec impatience la Cassation…

Citons pêle-mêle quelques réponses : Éradicateurs ? : « c’est à prendre au sens propre du terme parce qu’ils veulent tout enlever jusqu’aux fondations » dit-il… Délateurs ? : « Dénonciation – délation c’est la même chose »… Menteurs ? : son enquête prouve que c’est lui qui dit la vérité. « Des magistrats arrivent en pensant qu’il n’y a que les asso » accuse-t-il… « J’ai donné mon avis, je peux me tromper »… « tout ça est dispersé sur 980 postes » avoue-t-il quand même !… « Je défends le beau ». Et cela lui donnerait donc le droit de diffamer et de calomnier ?

Il poursuit Briganti : « une plaisanterie »… Escrocolos : « pas très malin c’est un jeu de mots »… Écollabo ? : « c’est de la poésie »… Référence aux « autorités pétainistes » ? : « j’ai horreur de la dénonciation »… Naufrage de la vieillesse ? : « je le prends pour moi aussi, c’est un manque de patience »… Mythomanie ? : « ça fait partie du langage courant en Corse, on dit tu es zinzin »… Grosse mouche ? : « c’est une allusion à la malaria en Corse »… Pidochji ? : « en Corse ça veut dire parvenu » dit-il…. (poux en réalité), etc.

 

Me Busson rappelle que les propos de M. Culioli datent de 2023, alors que l’affaire remonte à 2011. De même « son enquête » remonterait à 2021, 8 ans après la plainte et les premières condamnations, au nom de quoi pouvait-il alors parler d’« allégations mensongères » dans les jugements des tribunaux ? et sur quoi s’appuie-t-il pour dire qu’il ne s’agit pas de constructions nouvelles ?

« La polémique c’est de l’émotionnel » répond M. Culioli qui accuse U Levante d’attaquer en justice de manière parcimonieuse.

Michelle Salotti intervient également pour rappeler que pas moins de 12 jugements et autant de Cours de justices ont prononcé des condamnations dans cette affaire Peretti, qu’il ne s’agit pas de constructions familiales restaurées mais de constructions nouvelles, « utiliser le mensonge, cela s’appelle de l’escroquerie… intoxiquer c’est tromper » dit encore la porte-parole d’U Levante.

Elle rappelle aussi les injures proférées et leur contexte, que les membres de U Levante sont une collégial, que tous se sentent profondément offensés et salis. Qu’ils sont une petite association avec de petits moyens, qu’ils n’ont pas vocation « à tout attaquer » et (sur question de l’avocat de la défense) que lorsque l’information leur parvient trop tard, ils ne peuvent plus ester en justice une fois passé le délai de deux mois.

 

C’est le moment du réquisitoire. Coup de théâtre, la procureure décide là encore « de s’en remettre à la sagesse du tribunal ». Elle n’a donc rien à plaider. Choquant !

Me Busson plaide de manière très factuelle et incontestable. Il réclame un euro symbolique de dommages et la condamnation aux dépens.

L’un des avocats de la défense invoque encore la procédure les « mises en gras », la confusion entre « diffamations » et « injures », alors que cet aspect a été traité, le juge n’a pas retenu la nullité.

Le second avocat prétend notamment que l’association se nourrit des dénonciations anonymes : « on se nourrit de la dénonciation anonyme, comme à une certaine époque » dit-il, choquant toute l’assistance… Il invoque le droit à l’expression, « le droit de dire ce qu’on pense »… Il choquera encore en interrogeant « il vaut mieux s’exprimer sur les réseaux sociaux ou plastiquer des gens ? » Comme si le dénigrement et la calomnie ne menaient pas, justement à de telles violences !

Délibéré au 17 décembre. •

F.G.

 


 

Edmond Simeoni, militant de la démocratie
Edmond Simeoni, militant de la démocratie
L’umagiu d’Edmond Simeoni à U Levante

U 25 d’aprile 2016, Edimondu Simeoni parlava cusì di U Levante. Un bellu umagiu venendu d’un omu chì sapìa ciò ch’ella hè a lotta.

« U Levante : 30 ans de luttes au service du peuple corse et de ses intérêts collectifs ; la figure de proue est Michelle Salotti, militante infatigable, pugnace, entourée de militantes et militants remarquables dont l’inusable et polyvalent Dumè Gambini et tant d’autres ; avec le concours juridique et judiciaire de deux avocats de talent, bénévoles, Benoit Busson et Martin Tomasi, redoutables bretteurs du droit administratif et connaisseurs passionnés de la Corse. L’île et notre peuple doivent tant à tous ces gardiens et défenseurs de notre terre vigilants, qui l’ont, face à un État, laxiste, voire complice par sa passivité, préservée, défendue. Non pas pour empêcher le développement mais pour concilier celui-ci avec la protection dont le développement durable est aujourd’hui la synthèse, communément admise et incontestée. Mille grazie à tutta issa ghjente di qualità, di core chì sàlvanu a Corsica, senza onori, nè cumèdie. Bravi !!! » •