Traité sur la pollution plastique

Échec des négociations : sommes-nous condamnés ?

Le 2 décembre 2024 en Corée du Sud, les dernières négociations pour un traité international sur la pollution plastique n’ont pas abouti à un accord entre les différents chefs d’États. En cause : l’influence de quelques pays faisant échouer les négociations. Une situation malheureusement attendue, l’influence des pays producteurs de pétrole dans cette thématique étant très forte, malgré une volonté mondiale de réduction.

 

 

C’était un évènement qui suscitait beaucoup d’espoirs, mais il n’a pas abouti. Le 2 décembre 2024, les différents pays réunis, avec une coalition de pays ambitieux menés par le Rwanda et la Norvège, demandaient une réduction de 40 % de la production de plastique. Ceci est une réponse à la production exponentielle de plastique : entre 2000 et 2019, la production de matières en plastique a doublé, tirée par les emballages (40 % de la production aujourd’hui). Elle devrait encore tripler d’ici à 2060, selon une estimation de l’OCDE1.

Au cœur de cet échec diplomatique, se trouve un facteur déterminant : l’influence des lobbies industriels et des pays producteurs de pétrole. Un petit groupe de pays menés par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran s’opposent à tout objectif de réduction à la source, pour des intérêts industriels où le plastique reste un produit très lucratif. Obstruction du débat, interventions inutiles pour changer un détail et faire stagner les débats… tous les outils ont été bons pour faire échouer l’accord.

Les lobbies du plastique, alliés des grandes entreprises chimiques et pétrochimiques, exercent une pression forte pour empêcher la mise en place de réglementations strictes, notamment en arguant que le problème « n’est pas le plastique, mais la pollution qu’il génère » (mots du délégué saoudien Al Gwaiz). Les négociateurs prônent donc la solution du recyclage plutôt que la réduction à la source. Cependant, le recyclage n’absorbe que 9 % des déchets plastique, un matériau très difficile à recycler.

 

Focus sur la pollution plastique en Méditerranée

Chaque année, environ 230 000 tonnes de déchets plastiques finissent dans les eaux méditerranéennes. 80 % de ces déchets viennent des terres sur lesquelles les déchets sont traités, via les décharges et les poubelles, et atterrissant dans les eaux méditerranéennes via les cours d’eaux et les rivières. Notre région est d’autant plus vulnérable que ses courants marins favorisent l’accumulation de plastiques dans certaines zones, notamment autour des côtes et des îles comme la Corse. Nos régions méditerranéennes en souffrent d’autant plus que les structures et les moyens financiers alloués à la gestion des déchets sont proportionnellement beaucoup moins importants que les grandes métropoles. Des petites communes côtières se retrouvent avec la gestion de déchets plastiques de l’équivalent de plusieurs fois leur population à l’année parfois.

Bien que la prise de conscience autour de la pollution plastique soit plus forte que jamais, les lobbies et les intérêts économiques continuent de peser sur les négociations internationales. Le plastique est un poison à la fois visible et invisible, tuant sur son passage les animaux marins confondant les déchets avec leur nourriture, et la dégradation des déchets en font des minuscules particules se retrouvant dans les réseaux alimentaires animaux et humains. •

Léa Ferrandi.

 

1. OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques, dont l’objectif est de promouvoir des politiques publiques qui favorisent la prospérité, l’égalité des chances et le bien-être pour tous. www.oecd.org 

 


 

Mare nostrum, mare rumènzula !

 

 

94 % des déchets déversés en Méditerranée

sont des plastiques, soit :

  • 230.000 tonnes/an
  • 500 conteneurs/jour

 

Dont 13.000 tonnes de microplastiques :

  • 53 % de poussière de pneu
  • 33 % de textiles
  • 12 % de microbilles
  • 2 % de pellets…

 

D’ici 2040 :

500.000 tonnes/an pollueront Mare nostrum.

 

+de 50.000 t/an de rejets pourraient être évités si la norme était améliorée dans les 100 villes les plus polluantes.

Les rejets pourraient aussi être réduits de 50.000 autres tonnes/an si les sacs plastiques étaient interdits à l’échelle mondiale. •

 

Source : UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).