Régions et Peuples Solidaires. Corses, catalans, basques, antillais

Des élus unis pour combattre la France linguicide !

Pieo Dufau, député basque, était aux côtés de François Alfonsi, président de R&PS, Mateu Pons-Serradell et Pauline Santelli, membres du bureau R&PS lors de la conférence de presse tenue à Paris pour dénoncer les arrêts des cours de justice de Marseille (contre la Collectivité de Corse) et de Toulouse (contre cinq maires catalans). Ces élus ont été condamnés pour avoir inscrit la possibilité de parler leur langue, en traduction simultanée en français, au sein des Assemblées élues.
Pour Régions et Peuples Solidaires cette conférence de presse a été l’occasion d’apporter un entier soutien à ces collectivités qui ont décidé de porter leur action devant les tribunaux européens. Parallèlement, les luttes pour refuser ce diktat judiciaire seront soutenues et amplifiées sur les territoires jusqu’à ce que nos langues soient enfin reconnues et officielles sur leurs territoires.
À l’heure où François Bayrou, connu pour son engagement pour les langues régionales, vient d’être nommé premier ministre, R&PS engage une nouvelle mobilisation.
« Jamais nous n’accepterons que nos langues soient interdites sur nos territoires ! » s’est exclamé Peio Dufau. Matteu Pons-Serradell, qui est par ailleurs l’avocat des municipalités catalanes, a insisté sur l’idéologie irrationnelle qui anime les juges. « Leur interprétation de l’article 2 de la constitution – le français est la langue de la République – est abusive et scandaleuse. Il faut qu’elle soit révisée, et une décision de la Cour de Justice de l’Union européenne est un moyen pour arriver à cette révision. »
En attendant cette procédure devant la Cour européenne des droits de l’Homme, que Corses et Catalans ont décidé de porter jusqu’à son terme, la mobilisation va continuer, notamment parmi les jeunes lycéens et étudiants corses qui se sont mobilisés le mois dernier. •

 

« La volonté de faire disparaître des langues régionales en France est avérée et démontrée par une série de décisions de justice concomitantes qui viennent d’intervenir en Corse, dans plusieurs communes catalanes des Pyrénées-Orientales et en Martinique, elles-mêmes consécutives à des saisines des tribunaux par les préfets des régions concernées. Mais cette fois, Corses, Catalans et Martiniquais n’en resteront pas là.  Régions et Peuples Solidaires leur apporte un total soutien.

Alors que François Bayrou, défenseur reconnu des langues régionales, vient d’être nommé premier ministre, la France linguicide vient de se distinguer une nouvelle fois en condamnant les élus corses, catalans et martiniquais qui ont décidé de donner une place officielle à la langue de leur territoire, dans les enceintes où ils siègent.

Ils l’ont fait avec précaution, sachant que l’État ferait tout pour défendre sa vision totalitaire qui refuse à des Corses de parler corse, à des Catalans de parler catalan ou à des Martiniquais de parler créole dans leurs assemblées respectives.

Cette précaution était de prévoir à chaque fois que les interventions en langue régionale seraient accessibles à une traduction simultanée en français de façon à écarter le reproche de réunions ouvertes à un public d’administrés dont une partie ne comprendrait pas les débats auxquels il assiste. Et que, en cas de délibération, la version française est celle qui ferait foi.

Cela a cours dans les autres pays d’Europe sans que strictement personne ne s’en émeuve. Les élus catalans ou basques d’Espagne délibèrent en catalan et en basque, les élus gallois du Royaume-Uni délibèrent en gallois avec traduction simultanée en anglais, les élus du Tyrol en Italie délibèrent en allemand, etc. Sans compter les élus de la Vallée d’Aoste en Italie qui peuvent délibérer… en français ! Comme le font aussi les Québécois qui font vivre leur langue française minoritaire dans un Canada très majoritairement anglophone.

Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de la Martinique, a rétorqué au préfet qui a déféré la délibération déclarant le créole « langue officielle au même titre que le français » devant le tribunal administratif : « je nous sais d’ores et déjà condamnés par les institutions judiciaires qui ne reconnaitront pas la légitimité de ce combat. Pourtant, c’est avec dignité que j’assumerai cette condamnation ». La délibération a été prise dans le cadre de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, et le président Letchimy fait le lien avec ce refus « d’accorder un droit naturel imprescriptible » au peuple martiniquais.

Même tonalité en Corse où l’Assemblée de Corse a vu son règlement intérieur déféré par le préfet de région pour avoir prévu la possibilité de s’exprimer durant les débats aussi bien en langue corse qu’en français. Le Conseil exécutif de Corse a prévu de se pourvoir en cassation et surtout de continuer ensuite devant les Cours de justice européennes : « cette décision nous apparaît comme contraire aux textes européens et internationaux ».

En Catalogne, cinq maires ont refusé de se plier aux intimidations préfectorales et de retirer leurs délibérations en faveur de l’usage de la langue catalane durant leurs conseils municipaux. La Cour administrative d’appel de Toulouse les a condamnés, mais ils vont eux aussi continuer leur combat jusque devant les juridictions européennes et internationales.

Régions et Peuples Solidaires soutient leur combat.

Nous porterons ainsi ensemble une exigence de modification constitutionnelle qui mette fin à l’insupportable discrimination qui frappe les langues régionales en France, et pour que le gouvernement de François Bayrou ratifie enfin la Charte européenne des langues régionales et minoritaires du Conseil de l’Europe. » •