Simone Veil et Robert Badinter sont deux figures éminentes de la République française. Juristes, magistrate et avocat, personnages politiques, centre droit et PS, ministres, membres du Conseil Constitutionnel et Président, « progressistes », à l’éthique irréprochable…
Simone Veil est reçue à l’académie et rentre au Panthéon: elle est honorée comme héroïne. Déportée, survivante, elle a eu sa famille décimée par les nazis. Elle n’a cessé de combattre pour la liberté des femmes et sous Giscard elle fait légiférer pour l’interruption de grossesse.
Robert Badinter présente une trajectoire de vie ressemblante.
Lui aussi a eu sa famille en Europe centrale massacrée par les nazis et fit un combat incessant, celui de l’abolition de la peine de mort longtemps éludé par l’État français.
Deux grands politiques, haute formation de juristes, deux humanistes remarquables et pourtant deux exemples particulièrement démonstratifs d’un certain autisme jacobin quand il s’agit de la Corse et de son Peuple.
Simone Veil, présidente du Parlement européen de 79 à 82, pour empêcher l’entrée à Edmond Simeoni avait mis les CRS. Il venait tenir une conférence de presse devant les journalistes accrédités à l’invitation des députés flamands et sous leur responsabilité conformément au règlement. Nos amis flamands ont réussi à l’y faire pénétrer par une porte dérobée.
La conférence de presse put se tenir normalement. Elle rentrait dans le cadre de l’internationalisation du problème corse faite par l’UPC.
Qu’une femme de la qualité de Simone Veil aille contre le règlement du Parlement qu’elle présidait en dit long sur l’idée négative qu’elle se faisait d’Edmond Simeoni et des militants au point de ne pas leur laisser un droit d’expression légal.
J’ai eu l’occasion d’utiliser ce règlement comme parlementaire européen pour donner cette tribune à Leyla Zava, élue au Parlement turc, qui avait eu, lors de la cérémonie de prestation de serment en 1991, l’idée d’adresser en kurde un message de paix, ce qui lui valut dix ans de prison ferme.
Quant à Robert Badinter, en fin de fonction comme Président du Conseil Constitutionnel interrogé à la télé, je l’ai entendu répondre à une question du journaliste (de mémoire je ne garantis pas tous les mots, mais sa réponse) :
«qu’est-ce qui vous apparu le plus important de toute votre présidence? »
Et après quelques instants de réflexion il dit
« c’est d’avoir écarté la mention Peuple Corse »… qui figurait en tête du statut Joxe que j’avais exigé au nom de tous les natios comme préalable au tout début et auquel le ministre finit par céder car il n’avait pas le choix vu que sinon je quittais la négociation. Sa réticence venait du fait qu’il savait qu’il y aurait des refus au PS même. Mitterrand en proposant d’ajouter à Peuple Corse « composante du Peuple français » a tenté d’y pallier.
Ainsi des politiques à haute valeur éthique, ayant subi de terribles épreuves dans leur jeunesse, armés de culture juridique, d’expérience d’hommes d’État, progressistes, personnalités respectables, attachantes dont la France est fière à juste titre, font en ce qui concerne la diversité, la spécificité corse, un blocage intellectuel qui les empêchent d’appréhender cette réalité historique que le général De Gaulle, lui, avait perçu.
Le jacobinisme des républicains «entraîne» une carence de démocratie qui est le respect des diversités, le dialogue pour permettre le vivre ensemble dans la tolérance. En prétendant être le porteur de valeurs universelles, il entérine les conséquences de rapports de force. Il nivelle sous prétexte d’égalitarisme.
Ces deux porte-drapeaux de la République méritoires en tout le sont au point qu’en ce qui nous concerne on peut les citer comme des faire valoir de notre cause par défaut.
Comment ne pas tirer là leçon si on sait que le virus jacobin est logé dans l’ADN de tous les acteurs politiques et administratifs qui conduisent l’État français.
L’École de la magistrature, l’ENA, toutes les formations de la République, l’École obligatoire de Jules Ferry le leur inculque, ils le transmettre en cascade à leurs subordonnés et peu de citoyens français le réalisent, même ceux qui sont ses victimes. Chez les natios, il en est certains qui ignorent encore la vraie nature du mal, qui attribuent trop au hasard ou à la fatalité et qui pensent que la discussion avec les représentants de l’État peut, à petits pas, conduire à l’amélioration de la santé du Peuple Corse sur sa terre. Le virus jacobin est plastique, il sait se camoufler, se faire oublier. Il doit disparaître chez
nous, ses victimes, ne plus avoir prise. On doit guérir et être immunisé à tout jamais. On doit comprendre, et faire comprendre à tous les Corses sa virulence cachée mortelle à terme pour le Peuple dont il poursuit la perte.
Ce n’est que quand une majorité en seront convaincus, que l’efficacité de la guérison pourra commencer.
Pour extirper le virus jacobin qui, comme le Sida, nous laisse sans immunité contre toutes les autres agressions issues de la mondialisation financière, des flux de populations, du réchauffement climatique, etc., il n’y a qu’une possibilité:
la force de tout un Peuple d’autant plus qu’il est petit qui comprend les causes de son déclin, qui les combats pour survivre, qui ne se laisse pas endormir par des promesses fallacieuses, qui ne se laisse pas enfermer dans des institutions impuissantes, pour mettre trop d’énergie seulement dans ces institutions qui est gaspillée et engraisse des égos navrant de naïveté par rapport au drame historique d’une fin programmée de leur Peuple qu’ils veulent sauver.
L’émancipation du Peuple ne peut venir que de la connaissance précise par les Corses des causes de son déclin où le hasard n’y est pour rien. Ils ont été conquis par les armes et eux et leur terre ont servi les intérêts de la puissance dominante au pris du renoncement d’exister collectivement pour être récupérés à titre individuel pour la servir et sans droits pour la terre où ils vivent depuis des siècles. Leurs valeurs, leur culture, décrétées archaïques devant être remplacées par les valeurs à prétentions universelles de la République.
La lutte est sur tous les fronts y compris électoral mais pas seulement.
Elle est totale.
Vaincre pour ne pas mourir, pour survivre d’abord. On est là.