La foule des adhérents a rapidement bondé le chapiteau et débordé le stand chargé d’enregistrer les inscriptions. Le travail préparatoire lancé le 29 juillet par les groupes de travail alors mis en place a réussi à produire dans des temps-record les textes fondateurs du nouveau parti : fondamentaux, charte éthique et statuts. Ce 15 octobre, Femu a Corsica a montré sa capacité d’autoorganisation et enfin dépassé le cadre éclaté qui était le sien jusque-là.
Inseme pè a Corsica, Partitu di a Nazione Corsa, Chjama Naziunale ont laissé définitivement la place à Femu a Corsica. Dans le cadre resserré d’un calendrier que le décret de convocation des élections vient de raccourcir encore en avançant le premier tour au 3 décembre, la réussite organisationnelle de cet événement refonde la démarche et prépare l’avenir.
Tout d’abord la campagne électorale qui s’ouvre.
En se regroupant définitivement, Femu a Corsica a renforcé le leadership de Gilles Simeoni aux yeux de l’opinion, et donc conforté l’option autonomiste au sein de la liste qu’il conduira aux prochaines territoriales. Elle était inscrite dans les accords signés, elle sera désormais d’autant mieux ressentie dans la perception qu’ont les Corses de l’alliance formée avec Corsica Lìbera. Les attaques que nos adversaires ont multipliées ces dernières semaines, et qu’ils vont amplifier durant la campagne, en seront d’autant plus discréditées.
L’élection peut être gagnée et donner à l’exécutif de Gilles Simeoni la possibilité de continuer ce qu’il a commencé en décembre 2015. Deux années qui ont permis de prendre en main la responsabilité de gouvernement, en redressant une Collectivité Territoriale de Corse placée au bord du gouffre financier par ses prédécesseurs, tel est le bilan de cet Exécutif qui va demander à être reconduit.
Ce bilan est collectif et le résultat des élections législatives de juin dernier en a été le premier effet. Pour les territoriales de décembre 2017, nous avons de bonnes chances de voir confirmer encore la confiance du peuple corse, à une condition : être une démarche inclusive, ouverte, écartant tout esprit de division ou d’exclusion. Une élection n’est jamais gagnée d’avance, et il faut se garder des écueils sur lesquels nous pourrions trébucher.
Car la Présidence Macron dévoile chaque jour davantage ses intentions. Comme beaucoup de choses en France désormais, le dossier corse semble géré par un « cabinet fantôme » directement rattaché à l’Élysée. L’armature semble en être une «pyramide préfectorale », avec à sa tête l’ancien préfet de Corse, désormais Directeur du cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. Et cet organigramme occulte ne fait pas que gérer les affaires courantes de l’État.
Ainsi, c’est de l’Élysée qu’est tombée un jour la nouvelle d’une investiture possible de l’ancien recteur de Corse Michel Barat. Et c’est de l’Élysée aussi qu’est venue celle de l’investiture finalement accordée à Jean Charles Orsucci, après qu’il ait rencontré Emmanuel Macron.
Visiblement les procédures internes du parti LREM n’ont guère de place dans les choix opérés !
La « pyramide préfectorale » semble encore à 100 % engagée dans le « détournement institutionnel » opéré au détriment de la future Collectivité de Corse dans le transfert de l’Office HLM de Corse du Sud au profit de la CAPA dirigée par le Maire d’Aiacciu, un proche d’Edouard Philippe, Laurent Marcangeli.
L’enquête lancée par le Parquet National Financier à propos du projet de Compagnie Régionale Maritime avec une perquisition spectaculaire et largement médiatisée de l’Office des Transports ne peut être déconnectée de cet ensemble d’interventions, tant la concordance des temps est flagrante. D’autant que ce projet de compagnie régionale corse a toujours connu l’avis défavorable du Préfet de PACA, Stéphane Bouillon, ancien Préfet de Corse, désormais bombardé en urgence Préfet du Rhône.
Le dialogue de sourds dénoncé par Gilles Simeoni dans son discours de Corti va donc désormais au-delà d’une «phase d’observation».
Nous sommes entrés dans le déploiement d’une stratégie qui se met progressivement en place : chercher à nous affaiblir dans le contexte électoral, nous contrer sur le plan institutionnel, et faire émerger une force politique concurrente apte à nous concurrencer. Et cela annonce la couleur pour les trois ans à venir, si nous gagnons l’élection : la bonne relation, plutôt inattendue, avec les interlocuteurs «Hollande- Baylet » dès janvier 2016, qui a permis de réussir la mise en place des ordonnances, laissera la place à une relation sans doute beaucoup plus tendue avec les nouveaux interlocuteurs du tandem « Strzoda-Macron ».
L’Exécutif de Gilles Simeoni aura alors bien besoin de l’appui d’un parti de gouvernement Femu a Corsica fort et structuré pour affronter cette situation nouvelle !
François Alfonsi.