Il y a deux ans, les nationalistes ont gagné plus qu’une élection. Ils ont pris rang pour conduire les affaires de la Corse.
Cela ne garantit pas une réélection automatique, mais ils sont désormais installés de façon durable comme une force à vocation majoritaire dans le paysage politique de la Corse. Nous pouvons gagner cette nouvelle élection. Le chapiteau bondé d’Ìsula Rossa montre que nous en avons les moyens, et il est de l’intérêt de la Corse qu’il en soit ainsi.
Entre le dimanche 5 novembre, présentation officielle de la liste Pè a Corsica, et le dimanche 3 décembre, premier tour de l’élection, rarement une campagne électorale n’aura été aussi courte. Le 2 janvier, la nouvelle Collectivité Unique de Corse sera installée, et le plus dur commencera alors pour la future équipe dirigeante de la Corse.
Sur le plan politique, une étape a été franchie avec la création de Femu a Corsica comme parti politique de gouvernement. Certes, faute de temps, les « travaux pratiques » n’ont pu être menés à bien dans le cadre de la préparation de cette campagne et de la formation de la liste, mais une page est tournée. Nous sommes désormais en situation de mobiliser les cadres nouveaux dont la Corse aura besoin pour construire son avenir, « un paese da fà ! » selon le slogan de la campagne.
Car, à partir de janvier, le plus dur va commencer.
La fusion des deux départements et de l’ex-Collectivité Territoriale de Corse sera un chantier considérable, notamment pour faire suivre la machine administrative, d’autant que les ressources financières ne sont pas assurées loyalement par l’Etat. L’épisode des HLM d’Aiacciu pourrait bien se répéter sur d’autres sujets, et le pouvoir en place à l’Elysée montre sa détermination à entraver le futur Exécutif si les nationalistes sont réélus.
Alors que les retards sont encore criants – réseau routier sur les axes principaux, infrastructures pour les transports en commun, besoin de nouvelles unités d’assainissement et de stockage d’eau, patrimoine historique non valorisé à sa juste mesure, etc. –, la fin est annoncée du PEI et même certains de ses crédits sont remis en cause. Privée de moyens financiers, la future Collectivité de Corse risque d’avoir du retard pour décoller réellement.
Et surtout, il restera le dossier de l’évolution institutionnelle de la Corse. Les nationalistes, au bout des trois années de la prochaine mandature, devront avoir un bilan politique à présenter, un chemin tracé pour aller à l’autonomie de la Corse dans de brefs délais.
Comment actionner le rapport de forces à cet effet ? Et comment faire face aux tensions qui risquent d’être vives ? En effet, comme le montre la situation catalane, un Etat unitaire jacobin ne cède jamais sans résister à la demande démocratique des peuples qu’il a conquis et dominés durant des siècles.
Ainsi en sera-t-il du peuple corse. Sa volonté s’est affirmée de façon certaine au cours des dernières décennies, à travers la montée en puissance du vote nationaliste, puis la consolidation progressive de l’espace politique que cette confiance du peuple corse a permis d’ouvrir, sur fond de fin de la violence politique et d’un engagement dans une démarche exclusivement démocratique.
L’élection qui vient est une étape cruciale.
Chacun sent bien que tout ce qui a été fait depuis deux ans, depuis la cérémonie du Ghjuramentu, doit être consolidé par une nouvelle victoire en décembre prochain.
Il y va de l’Avenir de la Corse. Car nous ne sommes qu’au début d’une longue route. Un paese da fà ! Tamanta strada !
François Alfonsi.