Jeudi 9 novembre dernier, la Commission a, une nouvelle fois, lamentablement échoué à faire renouveler le glyphosate. Pourtant, elle s’entête encore et toujours pour conserver la commercialisation de ce poison. Le combat continue.
‘‘L’absence de majorité’’ ?
Les règles européennes sont claires et simples. Pour valider la proposition de la Commission européenne (un renouvellement du glyphosate pour 10 ans !), l’Exécutif européen doit obtenir la majorité qualifiée au Conseil des Ministres. Cette dernière est clairement expliquée dans les Traités : elle est atteinte si elle ‘’regroupe au moins 55 % des États membres représentant au moins 65 % de la population’’.
Or, seulement 14 pays sur 28 ont voté pour la proportion de Jean Claude Juncker (soit 50% des États au lieu des 55% requis) et ces derniers ne représentent que 36,8% de la population de l’Union (au lieu des 65% requis) (voir graphique). Autrement dit, la Commission est loin, très loin, d’avoir une majorité. Et en démocratie, quand un texte n’est pas adopté, il est rejeté !
De plus, même le Parlement européen, qui a adopté une résolution non contraignante le 24 octobre dernier (355 voix pour l’interdiction, 204 contre et 111 abstentions), est contre le renouvellement du glyphosate et donne 5 ans pour sa disparition définitive.
Bref, la Commission européenne doit arrêter de (nous) mentir en déclarant qu’il y a une ‘’absence de majorité’’ et accepter l’évidence, le Conseil a voté contre le renouvellement du glyphosate ! Un point, c’est tout !
Le poids des Lobbies.
L’affaire du glyphosate est symptomatique de cette Europe des puissants qui s’oppose à l’Europe des peuples. Dans cette affaire, la Commission européenne protège les géants, les puissants et leurs profits quand son devoir est de défendre l’intérêt général, l’environnement et la santé des citoyens européens.
En effet, Bruxelles espérait avoir éteint l’incendie populaire qui s’oppose au renouvellement de ce produit depuis le début en dégainant l’avis favorable rendu par l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) qui siège à Parme. Mais cette dernière est un nid à lobbyistes qui a déclaré que le glyphosate n’était pas dangereux alors, que dans le même temps, l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé) le déclarait ‘‘cancérigène probable’’ ! De qui se moque-t-on ?
De plus, Monsanto, l’entreprise qui commercialise le Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde, produit à base de glyphosate, est l’incarnation même de la globalisation dans ce qu’elle a de plus détestable : une multinationale dont le seul but est le profit financier à court terme même si (et surtout si !) cela passe par la destruction de l’environnement, la mise en danger de la vie d’autrui, l’empoisonnement des agriculteurs et des consommateurs ainsi que l’appauvrissement des sols, de la faune et de la flore. Bref, l’incarnation de la World Company !
Pire, invité par le Parlement européen à une audition afin de s’expliquer sur ses méthodes visant à influencer le débat public, Monsanto a refusé de venir, ce qui lui a valu une interdiction d’accès au Parlement européen, un fait extrêmement rare !
Tenir jusqu’au 15 décembre !
Le 15 décembre prochain, la licence du glyphosate expirera. Et si elle n’est pas renouvelée, le produit ne pourra plus être commercialisé. Après le rejet du Conseil, la Commission a déjà annoncé qu’elle proposerait un nouveau texte d’ici la mi-décembre pour sauver son poison : le glyphosate et ses copains de Monsanto.
Reste que la mobilisation des peuples d’Europe est la dernière chance que nous avons pour éviter une nouvelle catastrophe écologique et sanitaire dans un véritable combat qui s’apparente à celui de David contre Goliath.
Alors, continuons à mettre la pression sur les gouvernements européens, surtout ceux qui ne soutiennent pas ce poison, pour que, comme pour David, Goliath soit battu.
Roccu GAROBY.
Vice-président de l’Alliance Libre Européenne Jeune