Isula di Cavaddu : urfanella di ssa terra
La préemption opposée par le Président du Conseil Exécutif à la vente d’un terrain de 3,5 hectares sur l’île de Cavallu témoigne d’une volonté de marquer les esprits. Il vise un espace naturel remarquable, rendu scandaleusement constructible sous pression de l’Etat au profit de la jet set des années 70, puis en grande partie récupéré par un affairisme mafieux lié à la Sicile qui, à travers des sociétés écrans, a même obtenu le permis de construire d’un port de plaisance en dur. Aujourd’hui une de ces sociétés en faillite vend son domaine de « l’île des milliardaires », au profit d’un des consortiums économiques qui peu à peu domine la Corse, à travers grande surface, promotion immobilière, compagnie maritime et même le quotidien Corse Matin.
Être sous « pavillon corse » ne donne pas plus de droits pour bétonner un espace remarquable, tel est le message délivré par cette décision, qui, inévitablement, rencontrera la résistance d’une puissance économique et médiatique importante. Mais c’est à ce prix qu’une crédibilité politique s’acquiert, et se conserve. Les Corses observent, et approuvent.
Gazoduc : un nouveau cactus entre l’Etat et la CdC
Avec le dossier de l’approvisionnement gaz de la Corse, on rentre dans le « dur » des grands projets d’aménagement, promis depuis Nicolas Sarkozy, et reniés d’un coup de plume. Le revirement gouvernemental, « endossé » par Nicolas Hulot à la veille de sa démission, est un manquement caractérisé à tous les usages d’une relation respectueuse entre deux partenaires. Le discours positiviste de la Préfète de Corse en résonne d’autant plus faux. Non l’Etat ne se comporte pas comme le partenaire d’un dialogue fructueux avec la Corse. Il remet en cause sa parole avec de faux arguments, au profit d’une décision professée par un représentant de la « préfectorale », cette diagonale du pouvoir qui unit les Préfets de Corse, le Préfet chef de cabinet d’Emmanuel Macron et le Préfet Président de la toute puissante Commission de Régulation de l’Energie qui en a décidé ainsi, et pour qui un accord signé entre un(e) ministre (Ségolène Royal) et le Président du Conseil Exécutif de la Corse n’a aucune importance. Avec l’Inspection Générale des Finances ils sont le cœur réellement décisionnel de l’Etat. Pour eux, parler d’autonomie pour la Corse, c’est comme parler d’ouvrir un commerce de charcuterie à La Mecque ! Et on leur doit aussi le calamiteux passage en Corse d’Emmanuel Macron à l’occasion de la commémoration Erignac.
Déchets : comme au bon vieux temps de la CGT du port de Marseille ?
On sait à quels sommets d’impopularité sont arrivées les actions de « blocage » de la CGT de Marseille qui prenait la Corse en otage pour faire valoir ses revendications, y compris les plus mineures. Le risque existe que, gagnés par un esprit de surenchère comparable, les élus majoritaires en Plaine Orientale ne finissent à leur tour par connaître la même renommée. Comment l’Exécutif, aussi magicien soit-il, pourrait-il sortir du chapeau une solution qui satisfasse leur soif de certitudes ? Ils enferment la Corse dans une impasse. Il faudra pourtant bien en sortir !
Du « virage productiviste » au « pacte jacobin » d’Emmanuel Macron.
Vous promettez un « pacte girondin », puis vous effectuez un « virage jacobin » comme on n’en avait plus connu depuis l’avant-Aleria. Vous annoncez un « virage écologique », et vous assumez, aussitôt après que Nicolas Hulot a tourné les talons, un « pacte nucléaire » avec EDF, et une relance en « béton » avec une nouvelle autoroute pour Vinci en Alsace. Promettez une chose, et faites son contraire ! Il faudra bien mettre à nu cette duplicité d’Emmanuel Macron.
Entre tous ces récifs, il faut naviguer à vue. L’Exécutif de Corse est attendu à chaque tournant d’une actualité qui n’est jamais au repos. Et il lui faut toujours garder son cap : celui de l’émancipation du peuple corse. Les Corses observent, et approuvent !
François Alfonsi.