La liste d’opposition conduite par le Docteur André Rocchi est sortie victorieuse de la triangulaire municipale à Prunelli di Fium’Orbu. Elle frôle même l’élection au 1er tour en rassemblant 49,7% des suffrages, contre 28,4% pour la liste des soutiens au maire sortant et 21,9% pour la liste nationaliste ≪ per Prunelli ≫.
Une très grande partie de l’électorat nationaliste s’est retrouvée dans la démarche d’opposition dès ce premier tour, d’autant plus facilement que sa tête de liste, André Rocchi, est lui-même un responsable proche du PNC et de Femu a Corsica dans le Fium’Orbu. Mais l’union n’avait pu se faire en faveur de sa liste, très ouverte, composée à partir de plusieurs conseillers sortants d’opposition, et qui, selon André Rocchi, était seule en mesure de remporter l’élection. Le résultat des urnes lui a donné raison.
Le second tour se fera sans fusion de listes. La liste nationaliste « Per Prunelli » qui s’est construite à moins de 20 jours du scrutin, elle aussi en opposition au maire sortant, a réalisé un bon score mais arrive troisième. «Ces résultats nous confortent dans notre volonté de poursuivre nos engagements pour les habitants » ont déclaré ses membres qui, ne trouvant pas d’accord avec André Rocchi, ont décidé de maintenir la liste au second tour « pour continuer à défendre une autre façon de faire de la politique, pour que la municipalité de Prunelli di Fium’Orbu soit au service de tous les habitants de notre commune ».
Cette « répétition générale » avant les élections de mars 2020 a eu pour mérite de clarifier la donne politique sur la commune, et elle a confirmé qu’une élection municipale est avant tout une élection locale, dès l’instant que l’on s’éloigne d’Aiacciu ou de Bastia. Et encore !
Première leçon :
les démarches ayant un historique d’action et de positionnement sur la commune ont mécaniquement la préférence des électeurs, par rapport aux autres listes constituées au moment même de l’élection. Avant de gagner une élection municipale, la voie normale consiste donc à avoir, au moins durant la mandature précédente, réussi à animer l’opposition. C’est ce qu’André Rocchi et ses colistiers ont su faire avec opiniâtreté durant cinq années, et avec succès puisque le maire sortant a dû quitter la scène politique par la petite porte, celle de la condamnation en justice agrémentée d’une interdiction de cinq ans de ses droits civiques.
Deuxième leçon :
Prunelli di Fium’Orbu a choisi le changement à travers celui qui a réussi à réellement l’incarner. C’est une nouvelle époque qui commence pour la commune, après une période de très vive contestation municipale, et juste avant une nouvelle campagne électorale qui va commencer dès cet été, pour les municipales à échéance normale, celle du mois de mars 2020.
Or Prunelli di Fium’Orbu est, avec Ghisunaccia, l’autre « grande commune » de la Plaine, et donc de la Communauté de Communes Fium’Orbu-Castellu.
Autant que les municipales elles-mêmes, les élections aux Communautés de Communes seront les grands enjeux de mars 2020. Pour chacune d’entre elles, il faudra faire en sorte que la majorité nationaliste territoriale trouve dans chaque communauté de communes, autant que possible, des majorités convergentes avec la politique de la Collectivité de Corse. On voit, avec la politique des déchets, à quel point cette convergence est nécessaire.
Mais il faudra aussi faire la place au pragmatisme pour engager nos forces dans les combats municipaux en tenant compte des réalités du terrain, et des paramètres très particuliers de l’échelon municipal. Chaque commune a son propre « logiciel électoral » dont il faudra bien sûr tenir compte.
Sortir de l’improvisation qui a trop souvent été notre fonds de commerce dès l’instant que les élections municipales s’approchent est donc une nécessité pour les mouvements politiques nationalistes. Il reste six mois pour se mettre en place, et six mois pour faire campagne.
Les résultats de Prunelli du Fium’Orbu auront pour effet salutaire d’avoir déclenché le compte à rebours pour nos militants dans toutes les communes de Corse.
F.A.