Vers la fin de l’occitan ?

Coup dur pour la langue occitane, le 25 janvier dernier, le Rectorat de Toulouse a annonce la suppression des budgets jusqu’ici consacres au financement des cours de langue occitane dans les Collèges et les lycées. C’est-à-dire, le soutien aux établissements qui prodiguent cet enseignement. Les défenseurs de la langue sont en émoi. Pour eux, c’est l’annonce programmée de la mort de l’Occitan dans le second degré. Et quand on sait que 60% des heures supplémentaires sont délivrés dans l’Académie de Toulouse, on peut craindre la disparition pure et simple de l’occitan. Aujourd’hui l’Occitan, demain, la langue corse ? Une riposte générale est nécessaire. Nicolau Rei Bethveder, président du Centre Régional des Enseignants d’Occitan de l’académie de Toulouse (CREO Tolosa), répond aux questions d’Arritti.

 

L’académie de Toulouse a décidé l’arrêt du financement des heures supplémentaires d’Occitan, qu’est-ce que cela signifie selon vous ?

Il ne s’agit pas de l’arrêt des heures supplémentaires, il s’agit de la fin du financement spécifique de l’occitan. C’est à dire, concrètement, qu’une cinquantaine de professeurs de lycées et collèges n’enseigneront plus l’occitan. Plus grave encore, 12.000 jeunes n’auront plus accès à leur langue.

 

Quelles sont les conséquences d’une telle mesure ?

Cela signifie tout simplement la disparition de l’enseignement de l’occitan l’année prochaine en lycée et donc l’arrêt de la fac vite après. Nous serons très rapidement dans l’impossibilité de former des enseignants compétents.

L’occitan a beaucoup reculé du fait de sa quasi absence dans l’audiovisuel et de sa place marginale dans l’éducation. On peut estimer à 500.000 personnes qui parlent encore occitan en 2019. Dans l’enseignement la seule académie de Toulouse représente 65% des effectifs totaux des élèves qui apprennent l’occitan dans le secondaire avec 15.000 collégiens et lycéens.

 

Cela signifie la fin de l’occitan… très vite ?

Une langue qui ne s’enseigne plus en 2019 est une langue qui meurt rapidement.

Le système bilingue occitan – français existe grâce aux Calandretas (écoles immersives hors de l’éducation nationale) et des écoles bilingues publiques. Elles ne pourront plus former des enseignants dans les années qui arrivent, car il n’y aura plus d’étudiants formés par l’université.

 

Vous avez dit, « la langue occitane et les autres langues dites régionales subissent actuellement une attaque en règle de la part du gouvernement français, il faut une riposte à la mesure de l’agression ».

Que comptez-vous faire ?

Nous comptons manifester à Toulouse le dimanche 17 février pour dire non à la suppression de l’enseignement de l’occitan voulue par le jacobin Blanquer.

Nous voulons aussi attaquer toutes ces mesures linguicides devant les tribunaux.

Vous aussi, les Corses, vous avez beaucoup à perdre dans la réforme des lycées. Nous, professeurs d’occitan, nous ne laisserons plus faire. Nous sommes très déterminés devant ce mépris de Paris. Nous nous battrons jusqu’au bout. Qu’est-ce qu’un peuple sans sa langue ?

≪ Assez de mépris ! ≫ disait en mai dernier, David Grosclaude (photo de droite), responsable du POC, Partit Occitan, membre de la Fédération Régions & Peuples Solidaires, monte en première ligne pour défendre la création de l’Office Public de la langue Occitane, bloquée par le refus du gouvernement d’en promulguer l’arrêté ministériel. Dans les locaux de l’hôtel de Région, il avait obtenu satisfaction aux termes d’une grève de la faim, mais cette nouvelle agression démontre bien le mépris de Paris envers la diversité linguistique.
A gauche, Nicolau Rei Bethveder, président du Centre Régional des Enseignants d’Occitan de l’académie de
Toulouse (CREO Tolosa).