Fochi

Des incendies dévastateurs en plein hiver

Janvier 2018, Février 2019 : à un an d’intervalle, les mêmes événements se sont répétés qui montrent qu’un seuil est franchi dans les phénomènes climatiques. A Chjatra di Verde en janvier 2018 on avait vu les flammes détruire des maisons en plein village. Il s’en est fallu de très peu qu’il en soit de même à Calenzana en ce mois de février 2019.

La sècheresse qui s’est installée en Corse au coeur de l’hiver, en plein mois de février, a créé en quelques jours à peine une situation de risque maximal. Cela tient aux conséquences du réchauffement climatique, et aussi à l’abandon de territoires, jusqu’ici cultivés, à la forêt et au maquis, car la déprise agricole continue, y compris dans des secteurs agricoles autrefois florissants comme la Balagna.

Manifestement il y a une nouvelle donne du risque incendie en Corse. L’été, le déploiement des moyens est maximal, il est renforcé quand le vent est annoncé, et les bilans sont de cette façon contenus avec une efficacité qui disparaît totalement quand les conditions de danger d’incendie se réalisent en hiver.

La vulnérabilité de la végétation et l’irruption d’un fort événement venteux comme cela a été le cas le 22 février sont des données objectivement prévisibles.

 

Elles auraient dû provoquer un « plan d’urgence » : positionnement de Canadairs sur l’île, et déclenchement d’une « alerte rouge » allant de l’interdiction des écobuages jusqu’au déploiement des moyens des pompiers sur le terrain.

 

Manifestement, la prise de conscience que l’hiver aussi peut être une saison des feux n’est pas encore actée.

L’incendie de Calenzana, et ceux moins graves qui se sont déclenchés au même moment dans le Tàravu, à Zonza et dans une demi-douzaine de sites à travers la Corse, ont pris les moyens de lutte par surprise. Cette situation ne doit plus se reproduire à l’avenir.     Cette « mobilisation d’hiver » doit avoir plusieurs volets : le déclenchement d’alertes incendies qui permettent de restreindre les risques, par exemple en interdisant fermement les écobuages dès l’instant que la situation météo menace d’évoluer défavorablement, et le positionnement en Corse de moyens aériens aptes à combattre les incendies dès le départ des feux comme cela se fait en plein été.

À ces nouveaux dispositifs de défense qu’ils faut repenser rapidement, il faudra ajouter une politique de maîtrise de la végétation aux abords des villages : nettoyer les terrains proches des agglomérations doit être l’objet d’un programme prioritaire, ainsi que leur équipement avec des moyens de lutte (bouches incendies par exemple). La législation existe mais elle est insuffisante, et insuffisamment appliquée. Et surtout elle n’est pas conçue selon les situations rencontrées désormais sur l’île.

Là encore, on pourra tirer le constat des méfaits de l’absence d’un pouvoir législatif et réglementaire pour la Corse. Les lois et règlements applicables y sont les mêmes qu’ailleurs, en Normandie ou dans le Nord, et les adapter à la nouvelle donne du risque incendie désormais présent douze mois sur douze dans l’île n’est réalisable qu’à travers une évolution globale de la loi française dans son ensemble.

Cet exemple démontre que l’autonomie de la Corse est une nécessité pratique tout autant que politique.

À rombu di dumandà, forse un ghjornu venerà ! Fussi ella puru.

 

François Alfonsi.