Comme c’est parfois le cas dans les situations de crise, les scénarios les plus inattendus peuvent survenir. C’est ce qui s’est passé lors de la désignation du nouveau président de la Chambre Régionale d’Agriculture.
Son élection s’est déroulée à l’issue d’un scrutin serré (17 voix contre 15 à Stéphane Paquet, 1 pour Bernard Antoine Acquaviva et 4 abstentions). Mais sa volonté de regrouper les bonnes volontés pour sortir de la crise actuelle et jeter les bases de la future Chambre Unique est certainement sincère et désintéressée. C’est un gage de renouveau et de succès pour toute une profession qui en a grand besoin pour refonder son avenir économique.
Arritti ne peut que souhaiter un plein succès à Pierre Acquaviva, que nous fréquentons depuis tant d’années, issu de cette famille Acquaviva de Lìsula qui a tant donné à la Corse, à l’UPC quand son père, Maurice Acquaviva, siégeait aux côtés d’Edmond Simeoni dans la toute première Assemblée de Corse, et dans la Lutte de Libération Nationale quand son frère, Ghjuvan’Battista Acquaviva, a été abattu froidement lors d’une opération commando du FLNC en Plaine Orientale.
À la tête du vignoble familial du Domaine d’Alzipratu, Petru a su pérenniser l’exploitation familiale, et il a contribué, avec les autres viticulteurs insulaires, au succès économique de cette filière, après l’avoir sortie du marasme où l’avaient plongée les errements des années 60/70, dont les événements d’Aleria avaient été le principal révélateur lors de l’occupation de la cave Depeille en 1975.
Depuis la viticulture est un « moteur économique » de l’agriculture insulaire, mais elle ne peut rester le seul quand tant d’autres potentialités sont à exploiter, en agrumiculture, en apiculture et bien sûr l’élevage qui est un secteur majeur dans toutes ses filières. Certes le résultat de son élection montre l’éclatement actuel du monde agricole, entre Nord et Sud, entre filières d’élevage et de culture, entre agriculture de plaine et agriculture de montagne, et entre syndicats agricoles. Les dossiers délicats ne manquent pas, et Petru Acquaviva aura besoin de toute son énergie pour les mener à bien. Mais la tâche qu’il s’est assignée par ses déclarations après son élection, celle de porter un projet fédérateur et partagé par le plus grand nombre, est fondamentale.
Nous serons à ses côtés et nous lui souhaitons une pleine réussite.
François Alfonsi.
Première déclaration du nouveau président
« Il était compliqué de trouver une majorité absolue. J’ai fait une proposition d’ouverture sur la composition du Bureau pour obtenir une adhésion et surtout pour une vraie vision partagée dans le travail à venir de la Chambre d’Agriculture régionale qui va devenir de plus en plus prépondérante dans le système.
Je mesure toute la complexité de l’initiative et toutes les difficultés qui vont se présenter à moi, mais c’est une démarche volontaire, que j’espère de progrès pour l’agriculture corse, et surtout qui voulait rapprocher les uns et les autres. Les divisions entre syndicats sont très dures, les élections aux Chambres départementales ont laissé des traces, mais j’ai bon espoir de ne pas m’éloigner de ceux qui décident aujourd’hui de ne pas participer au bureau. Beaucoup de gens ont un sentiment de déception, je ne perds pas l’espoir de les ramener autour de la table. De toutes façons les dossiers vont nous y conduire, parce qu’il y a une actualité chaude et immédiate qui va demander beaucoup de travail et de concertations. Il en va de l’intérêt de l’agriculture corse. Je vais être franc, je prends ça un peu comme un sacerdoce. Je vais continuer à être volontaire et à jouer ce jeu, tout en gardant le plus possible de lucidité, ma préoccupation c’est de fédérer. »