« Dès mon élection à la Présidence du Conseil Exécutif de Corse en décembre 2015, j’ai décidé d’être présent à la cérémonie de commémoration de l’assassinat du Préfet Claude Erignac. J’ai expliqué publiquement, dans des écrits en date du 5 février 2016 et du 6 février 2017, les raisons qui m’ont conduit à ce choix. D’abord celle découlant des devoirs de ma charge, laquelle implique notamment la représentation de la Collectivité de Corse, donc de l’institution qui représente la Corse et son peuple, dans tous les actes de la vie civile. Ensuite pour rappeler que le respect de la vie est, dans toute société, le plus sacré des droits et le plus impérieux des devoirs : rien ne peut justifier un assassinat.
Aussi, bien sûr, pour exprimer le respect dû au disparu, ainsi que la compassion à l’égard de sa famille. Enfin, pour réaffirmer, à travers cette présence, que les nationalistes corses ont la volonté d’assumer pleinement la responsabilité qui leur a été confiée par le suffrage universel : engager la Corse sur le chemin de l’émancipation, préparer la réconciliation, et construire la paix.
Depuis décembre 2015, je me suis employé, à travers mon action à la tête du Conseil exécutif de Corse, à concrétiser ces engagements. Des engagements pris devant tous les Corses et auxquels, avec le Président de l’Assemblée de Corse et l’ensemble de la majorité territoriale, nous sommes restés scrupuleusement fidèles.
En décembre 2017, les citoyens de cette île nous ont renouvelé massivement leur confiance et nous ont donné un mandat clair pour continuer à avancer sur le chemin que nous avons ouvert. Ma présence, en compagnie d’autres élus nationalistes, à la commémoration du 6 février 2018 témoignera de la force et de la permanence de cet engagement, porté de façon unanime et indissociable par l’ensemble de la majorité territoriale.
Cette commémoration revêt cette année une portée sans précédent. D’une part, parce que les circonstances politiques n’ont jamais été aussi favorables à l’engagement d’un processus de réconciliation et de construction politique partagée. D’autre part, car vingt ans après – soit presque une génération – le moment est venu de tourner définitivement la page du conflit et d’aider le temps à apaiser les douleurs.
Enfin, parce que la participation du Président de la République à cette cérémonie lui confère une dimension particulière, et ce d’autant mieux qu’elle s’inscrit dans un déplacement de deux jours à l’occasion duquel le Chef de l’État va, pour la première fois, donner sa vision de l’avenir politique et institutionnel de l’île.
Dans ces conditions, la distinction entre ce qui relèverait du symbolique et le mémoriel d’un côté, et du politique de l’autre, apparaît plus que jamais artificielle. Les faits dramatiques du 6 février 1998 s’inscrivent dans une histoire tourmentée et conflictuelle, étalée, pour la période contemporaine, sur près d’un demi-siècle.
Une histoire qui, de part et d’autre, a brisé des vies, meurtri des familles, laissé des plaies ouvertes dans les chairs et dans les coeurs. En choisissant de réintégrer l’intégralité de cette histoire douloureuse dans le champ de la mémoire partagée, le Président de la République donnerait à la commémoration du 6 février 2018 la véritable dimension qu’elle se doit d’avoir : certes ne rien oublier du passé, mais aussi, et surtout, ouvrir les portes de l’avenir ».
Communiqué du 5 février 2018.
NDLR: Hélas, on sait ce qu’il est advenu par la suite, comme lot de provocation et de mépris envers la Corse, et le choix du Président de la République de ne pas ouvrir ces portes. Choix, réitéré ce 4 avril 2019 à Cuzzà.