À l’invitation des organisations Patriotti, Cunsulta di a Ghjuventù Corsa, Ghjuventù Indipendentista, Ghjuventù Paolina, Andatura pè i Diritti Umani, Riacquistu di Portivechju, Core In Fronte, A Manca, Sindicatu di i Travagliatori Corsi, Aiutu Paisanu, Spiritu Paolistu, c’est quasiment tous les partis nationalistes qui ont défilé sous le mot d’ordre «Basta a ripressione » ce samedi 13 avril à Bastia. Avaient rejoint l’appel en effet, la coalition Pè a Corsica et ses présidents du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse, les associations culturelles ou sportives, les syndicats, des anciens prisonniers, nombre de groupes culturels…
Plus de 3000 personnes ont ainsi défilé pour dénoncer notamment l’inscription forcée au Fichier Judiciaire Automatisé des Auteurs d’Infractions Terroristes (Fijait) qui oblige les personnes concernées à justifier régulièrement leur adresse et déclarer tout déplacement à l’étranger.
Outre, l’atteinte à la liberté, cette mesure est surtout difficilement supportée d’un point de vue moral. Après avoir accompli sa peine, un ancien prisonnier n’est en effet toujours pas « quitte » envers la société, il reste sous surveillance et c’est une véritable atteinte aux droits de l’homme. De plus, les nationalistes corses se trouvent fichés au même titre que les terroristes islamistes, ce qui est un amalgame insupportable.
Cet amalgame et le mal qu’il provoque est consciemment exercé par l’État. Le Président de la République Emmanuel Macron n’avait-il pas déclaré lors d’un déplacement à Viscuvatu lorsqu’il était candidat en 2017 à propos de l’application du Fijait en Corse : « Ce serait source de troubles qu’on puisse mettre les Corses dans la même catégorie que les terroristes djihadistes. »
« Lui Président », il fait donc tout le contraire de ce que déclarait le candidat qui en avait mesuré toute la portée injuste.
À cela s’ajoute l’archivage systématisé au Fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg) qui contraint les personnes concernées à figurer dans une base centralisée de données consécutivement à leur engagement politique, syndical ou associatif en Corse.
De même, l’enregistrement immodéré au Fichier National des personnes Interdites d’Acquisition et de Détention d’Armes (Finiada) les empêche d’exercer la pratique traditionnelle de la chasse.
S’ajoute encore « le coût des pharamineuses et disproportionnées amendes financières qui démontre qu’après l’incarcération et l’exil, les anciens prisonniers politiques essuient bel et bien une triple peine, dans une conjoncture économique et sociale gravement frappée par un fort taux de chômage (plus de 10%) et de précarité» dénonce le Collectif Patriotti.
La répression, c’est aussi celle qui s’exerce sur les détenus actuels, dont le statut «politique» n’est pas reconnu, mais qui continuent à être traités différemment en n’étant pas rapprochés de leur domicile comme l’exige la loi.
La répression, c’est enfin le refus de la prise en compte du contexte à l’apaisement.
Les nationalistes réclament l’arrêt de toutes les poursuites et la libération des prisonniers, pour « l’établissement d’un véritable dialogue sans tabou, ouvert à toutes et à tous, entre la Corse et la France ».
Le sort réservé aux prisonniers, actuels ou anciens, et aux recherchés est vécu comme une profonde injustice qui ne cesse de grandir. Preuve en est la forte mobilisation affichée ce 13 avril. Basta a ripressione !