La campagne pour l’élection européenne se déroule en Corse et sur le continent. Le meeting de clôture se tiendra à Bastia. Notre candidat, François Alfonsi, mène de front deux campagnes : sur le continent auprès des peuples et régions solidaires de la Fédération R&PS. Et en Corse bien sûr. Après Vicu, Aiacciu, Corti, il était en Balagne ce samedi 20 avril, à Pigna puis à Isula Rossa et Galeria. Il sera mardi à Bastia, mercredi à Auccià. Interview.
Comment le nationalisme corse arrive-t-il à la 9e place sur une liste écologique à l’élection européenne ?
C’est le résultat d’une négociation entre Europe Écologie les Verts et la Fédération Régions & Peuples Solidaires, qui est une Fédération qui regroupe des partis régionalistes, autonomistes en France. Cette place éligible traduit l’intérêt des écologistes pour les combats des peuples.
Le nationalisme autonomiste corse a participé à la création puis à la vie de la Fédération R&PS. Une procédure de désignation interne à R&PS a été conduite. Comme ancien député européen pour la Corse et pour R&PS de 2009 à 2014, ma candidature a été proposée par Femu a Corsica et a été retenue.
Une ouverture sur la liste écologiste a déjà permis l’élection de députés européens pour notre île…
Oui. Le partenariat entre EELV et R&PS a été initié par Max Simeoni en 1989 qui déjà était élu sur la liste écologiste d’Antoine Waechter. En 2009, j’ai été élu à mon tour en poste d’ouverture sur la liste conduite par Michèle Rivasi sur la circonscription du Sud Est. Cette fois ci c’est à nouveau un scrutin national, et les sondages démontrent que l’on peut tabler entre 8 et 10 élus. Il faut donc mobiliser toutes nos forces. Voilà plus de 30 ans que nous travaillons ensemble avec les Verts. Ce partenariat se retrouve dans les institutions européennes où les écologistes d’Europe entière, et l’Alliance Libre Européenne (qui compte 45 partis nationalistes en Europe auquel adhère Femu a Corsica) forment un même groupe au Parlement européen écologistes et régionalistes partagent la même conviction qu’il faut dépasser l’Europe des Etats, les peuples historiques d’Europe doivent avoir leur place reconnue dans la construction européenne, et les grands défis écologiques de la planète ne peuvent être relevés dans le cadre étroit des frontières étatiques.
Il y a une convergence objective des démarches qui explique pourquoi notre alliance avec les Verts sur le terrain européen est naturelle et inscrite dans la durée.
Quel est l’enjeu pour la Corse ?
L’enjeu est de porter la lutte pour la reconnaissance du peuple corse au niveau de l’Europe, en lien avec celle des autres nations sans État que l’ALE, depuis sa création en 1979 par le député européen flamand Mauritz Coppieters, est représentée au sein du Parlement Européen. Si je devais être élu le 26 mai prochain, ce nouveau mandat connaîtra un contexte tout à fait différent puisque, désormais, le Président du Conseil Exécutif de Corse est nationaliste.
Il y a pour notre peuple un intérêt majeur à obtenir un mandat européen en complément de l’action menée par Gilles Simeoni en Corse, et au sein de la Commission des Iles de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes qu’il préside, et par Nanette Maupertuis qui siège au Comité des Régions à Bruxelles. Le lobbying à exercer à Bruxelles est fondamental.
Et pour les peuples en général ?
Mon combat pour la reconnaissance des langues minorisées a servi la Corse mais aussi l’ensemble des peuples de la Fédération R&PS.
J’ai animé aussi le Friendship Basque quand l’État espagnol s’obstinait à « illégaliser » toute forme d’organisation politique de la gauche abertzale en lui interdisant de participer à des élections. En dénonçant l’attitude anti-démocratique du gouvernement espagnol nous avons contribué à ce que Sortu soit finalement légalisé, ce qui était indispensable pour que le processus de paix puisse continuer.
Le prochain mandat sur ces exigences démocratiques sera crucial, pour le Pays Basque, comme pour la Catalogne, aujourd’hui bafouée dans ses droits.
De même, avec le Friendship berbère j’ai été très actif pour faire reconnaître les droits des peuples amazighs. Systématiquement, je relaierai les revendications des peuples pour la reconnaissance de leurs droits à l’autodétermination.
Plus concrètement, comment faire admettre nos spécificités ?
Il faut peser dans les débats pour que les politiques européennes prennent davantage en compte les besoins de nos nations, politiques régionales, politiques transfrontalières, etc. Je l’ai fait notamment en siégeant dans la Commission du Développement Régional où les règlements s’élaborent. Au Parlement européen, nous obtenons des votes qui affaiblissent les positions de la France qui s’isole par son refus de la diversité culturelle et sa logique jacobine qui refuse de négocier pour des avancées institutionnelles.
De même, il faut amener l’Europe à s’engager dans une politique euroméditerranéenne, dans l’espace européen macro-régional où s’inscrit la Corse. La « révolution démocratique » qui s’annonce en Algérie, les vicissitudes politiques en cours en Italie, le rôle particulier de la Catalogne qui accueille le siège de l’Union pour la Méditerranée, tout cela m’encourage à poursuivre cet objectif avec des circonstances politiques plus favorables.
Notre électorat saisit-il toute l’importance de ce scrutin ?
La campagne n’est pas simple, l’Europe est une institution qui paraît lointaine mais l’électeur nationaliste corse, particulièrement celui qui a soutenu la majorité territoriale, est face à une question simple : est-ce que mon élection renforcera ou non la majorité nationaliste actuellement au pouvoir en Corse ? La réponse va de soi, et nos électeurs le savent bien. Et au-delà du nationalisme, je m’adresse à l’électeur corse, je suis le seul candidat pour l’île en position d’éligible : la Corse a-t-elle besoin d’être représentée au parlement de Strasbourg ? La réponse est évidente.
L’Europe est en crise, comment peut-elle repartir de l’avant ?
L’Europe est en crise. Le Brexit est une des manifestations de l’euroscepticisme, tout comme la crise des populismes, et, on peut ajouter, car c’est de même nature, le procès stalinien mené à Madrid contre les dirigeants démocratiquement élus de la Catalogne. On assiste à un repliement sur soi des Etats-nations, ce qui fait régresser l’Europe et ses valeurs démocratiques. Cela bloque aussi la marche des politiques européennes, notamment face au réchauffement climatique, qui est une urgence mondiale, ou pour répondre humainement et efficacement à la crise migratoire.
La France la première, par Manuel Valls, avait rejeté l’idée de quotas d’accueil de migrants à répartir sur les 28 membres de l’UE, si bien qu’en fermant les frontières et les subsides, on a provoqué le basculement politique de l’Italie, alors que ce pays était autrefois le plus europhile des partenaires de l’Union Européenne.
Après plus de six décennies d’existence depuis le Traité de Rome, l’Europe a besoin d’un second souffle, et elle pourra le trouver à travers l’implication des territoires et des régions, en dépassant l’Europe des Etats. C’est dans cette Europe-là, des peuples et des régions naturelles, que nous pouvons faire entendre notre voix. Il faut être présent au sein du Parlement européen pour la faire progresser.
(Contact sur la Corse : Mathieu Ceccaldi – 0624796127 – mathieu.ceccaldi@ecologie2019.eu
Contact R&PS : 0625452705 – contact@r-p-s.info
Permanence de François Alfonsi : 90 rue Fesch, 20000 Aiacciu.
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