Les résultats en Europe. La « nonpercée » des populistes en Europe Ils étaient les grands vainqueurs annoncés par les sondages, mais ils sont loin d’avoir concrétisé ce pronostic.
Leur plus gros succès est en Grande Bretagne où le parti eurosceptique à l’origine du Brexit emporte plus de 30% des voix. Mais, même en y ajoutant les voix d’un parti Tories précipité sous les 10%, les pro-Brexit déclarés, qu’il soit hard-Brexit ou Brexit négocié, ressortent minoritaires.
La majorité des voix se répartissent sur les candidatures «pro-UE », avec une prime aux Libéraux, très pro-Européens, arrivés second, devant un parti travailliste rattrapé par ses ambiguïtés. The Greens franchissent 11% et obtiennent 7 députés. Le SNP réalise un score historique et l’ALE compte désormais 3 députés européens écossais.
Plaid Cymru retrouve son siège, mais avec un score doublé par rapport à 2014. À l’évidence, le feuilleton du Brexit n’est pas terminé.
En Italie, Matteo Salvini continue de caracoler en tête au dessus de 30%, et l’inversion des scores avec 5 Stelle par rapport aux élections de mars 2018 déstabilise la coalition. En France, Marine Le Pen réussit à sortir en tête des élections 2019, mais sans grand changement par rapport à son score de 2014. France et Italie vont fournir les gros bataillons du groupe qui incarnera l’extrême droite européenne, à l’écart des populistes britanniques qui refusent l’amalgame. Ailleurs, les résultats de l’extrême-droite sont plutôt en-deçà des prévisions. C’est le cas en Espagne où Vox plafonne à 6%, en retrait de 4% par rapport aux législatives du mois dernier. Aux Pays Bas, en Finlande, au Danemark, en Suède la vague populiste des derniers scrutins reflue notablement.
Au total les forces eurosceptiques et d’extrême- droite progressent légèrement, mais ils sont loin d’avoir modifié la donne démocratique européenne.
Le réveil des pro-Européens à l’Est
Certes le parti de Viktor Orban conserve une majorité absolue en Hongrie, mais plusieurs résultats en ex-Europe de l’Est ont consolidé une évolution positive vis à vis de l’Union Européenne. Ainsi en Roumanie, le parti au gouvernement, bête noire de l’UE en raison de multiples cas de corruption, est battu. En Slovaquie, en Pologne, des mouvements pro-européens s’affirment, dans le sillage d’évènements qui ont secoué l’opinion (meurtres du maire de Gdansk en Pologne et d’une journaliste en Slovaquie). En Europe de l’Est, le renouveau européen trouve un second souffle.
Le très bon score des écologistes au Nord
La percée du mouvement écologiste n’est pas que française où les sondages ne l’avaient pas anticipé. Ailleurs elle est au rendez-vous attendu : en Allemagne, aux Pays Bas, en Grande Bretagne, en Autriche, en Suède, en Irlande, en Finlande, dans tous ces pays les écologistes progressent fortement.
Il leur reste encore à trouver comment convaincre les opinions dans les pays du sud où ils restent politiquement absents, et dans les pays de l’Est où ils n’ont jamais réussi à émerger.
Le recul historique de la « grande coalition »
Droite et Socialistes, Parti Populaire Européen et Parti Socialiste Européen, avaient pris les commandes de l’Union dès l’origine, et ils ont jusqu’à ce scrutin monopolisé le pouvoir en Europe, leurs deux groupes dépassant la majorité absolue des sièges. Ce n’est plus le cas désormais, et leur crise s’aggrave : après l’Italie, la Grèce, ils perdent pied en France et en Grande Bretagne, les Verts s’imposant au détriment des socialistes, les Libéraux concurrençant la droite traditionnelle. Ce schéma s’applique partout, même en Allemagne. La gouvernance de l’Europe va s’en trouver largement modifiée.
Les résultats en France
Il n’y a pas eu de « raz de marée » lepéniste contrairement aux annonces faites, puisque Marine Le Pen retrouve grosso modo son score de 2014 (24,2% contre 24,86%. Le fait qu’elle termine en tête est secondaire, et témoigne juste de la faiblesse du parti d’Emmanuel Macron qui reste derrière à 22,4%.
Le grand succès de cette élection est bien celui des écologistes, Yannick Jadot rassemblant 13,47% quand les sondages lui en prévoyaient moins de 10%. Les scores « canons » des Verts sont dans les grandes villes, et aussi dans les régions où R&PS s’est joint à leur campagne. Comme en Corse bien sûr.
L’effondrement de la droite institutionnelle, celui de la liste Mélenchon, la campagne en mode « survie » du Parti Socialiste sauvé in extrémis de la disparition au Parlement Européen, sont symptomatiques d’une radicale mutation du paysage politique en France. Les populistes d’extrême droite, malgré leur score important, restent tenus loin à l’écart d’une possibilité quelconque d’arriver aux responsabilités. La République en Marche d’Emmanuel Macron reste un parti fantoche dont la tête de liste a été prudemment écartée des plateaux télés au profit de dirigeants plus fiables, et Emmanuel Macron a été obligé de monter en première ligne pour éviter un fiasco. Dès l’instant qu’elle aura perdu le pouvoir, cette force politique factice fera ressortir son manque de consistance réelle.
Devenus troisième force politique au soir de ce scrutin, mais avec un électorat bien regroupé et motivé, EELV est devenu la force politique d’avenir. Elle est largement en tête parmi les plus jeunes, et son image n’est pas entachée par la critique virulente qui est faite à la classe politique qui s’est partagé le pouvoir ces dernières années.
C’est clairement la force d’avenir qui ressort de ce scrutin. Et comme ce succès hexagonal rejoint une forte progression dans plusieurs autres grands pays d’Europe, c’est un véritable « poids lourd » qui siègera demain au Parlement Européen, alors que les forces traditionnelles y ont perdu la majorité absolue.
Les résultats en Corse
Avec 22% des voix la liste Jadot réussit dans l’île son meilleur score en région, et obtient un résultat qui la place en seconde position. Notre apport Femu a Corsica a été conséquent et le «meccano électoral » qui a consisté à faire voter pour la liste écologiste afin d’obtenir l’élection d’un député européen nationaliste a été largement compris et approuvé.
L’appel à l’abstention de Corsica Lìbera et du PNC a été semble-t-il peu suivi.
Cependant leur engagement aurait probablement permis de combler l’écart de 5% qui nous sépare du Rassemblement National de Marine Le Pen qui, en Corse à nouveau, est sortie en tête avec plus de 27% des voix. Il faut encore convaincre pour mieux enraciner un sentiment proeuropéen sur l’île. Trop d’électeurs ont fait l’impasse sur l’enjeu principal – avoir un député européen pour la Corse – pour donner libre cours à un vote protestataire sans lendemain.
Car le score du FN est un soufflé électoral qui gonfle lors des scrutins nationaux (Présidentielles et Européennes), mais qui retombe aussitôt que l’on passe à une élection locale. Il s’est exprimé particulièrement dans les villes où le FN sort en tête, à part à Corti où nous sommes devant lui. Nous sommes juste derrière dans les autres villes corses, Bastia (22,20%), Aiacciu (18,24%), Lìsula (21,52%), Portivechju (19,87%), Sartè (20,02%). Ce socle, qui est largement devant les autres forces politiques, est évidemment le point de départ de nos futures démarches municipales.
Dans le rural, de nombreuses communes nous ont mis en tête : 131 communes en tout (35% des communes), et dans 34 d’entre elles nous obtenons une majorité absolue des suffrages exprimés. Nous sommes devant dans toutes les communes du Niolu, dans une large majorité des communes du Boziu, du Vallerustie, des Dui Sevi et des Dui Sorru.