13 jours après le lâche assassinat à Carghjese d’un jeune militant nationaliste, Massimu Susini, après les assassinats impunis de ces dernières années, et après de nombreuses actions ou pressions toutes exercées sur des chefs d’entreprises, une trentaine de personnalités de la société civile ont créé le Collectif «A Maffia Nò! A Vita Iè! » pour dénoncer les dérives mafieuses, la criminalité impunie, les pressions qui s’exercent sur le monde économique et in fine sur la société toute entière. Il appelle à un sursaut général. • Premier effet immédiat : l’Assemblée de Corse, réunie en session ordinaire ce 26 septembre 2019, s’est emparée du sujet en bousculant son ordre du jour pour un premier échange emprunt de solennité dans l’hémicycle. Un débat plus au fond sera prochainement organisé à l’initiative du Président du Conseil Exécutif. • Ce dimanche 29 septembre, c’est Core in Fronte qui appelait largement à un hommage rendu chargé d’émotion à Massimu Susini. Un débat où se sont rendus tous les partis politiques et syndicats nationalistes, ainsi que nombre d’associations, malgré l’absence de l’État et des partis traditionnels. • Voici l’appel du Collectif « A Maffia Nò ! A Vita Iè ! ».
« La Corse subit une emprise mafieuse d’une intensité jamais atteinte dans son histoire. Il est temps de le dire haut et fort sans se réfugier dans l’ambiguïté ou le déni. Continuer de se taire n’est pas responsable. Aussi, nous prenons l’initiative d’inviter la population à une prise de conscience des menaces qui compromettent gravement les intérêts collectifs de notre société et, singulièrement, ceux de notre jeunesse.
Face à cette situation, nous agirons dans trois directions.
En premier lieu, mobiliser le plus grand nombre possible de nos concitoyens. Il faut isoler culturellement ceux qui, par leurs méthodes barbares, détruisent impitoyablement les formidables potentiels de notre territoire.
Nous interviendrons par la prise de parole, le débat, l’échange, la recherche d’une plus grande expertise du terrain.
Et, surtout, en exprimant clairement notre solidarité avec les victimes qui se taisent, le plus souvent parce qu’elles ont peur et qu’elles se savent isolées. Nous invitons chacun à soutenir et diffuser notre appel.
Pour notre part, nous allons amplifier notre démarche par des réunions publiques et en manifestant notre solidarité avec les victimes.
Nous serons, également, très actifs sur les réseaux sociaux et invitons d’ores et déjà à rejoindre notre démarche sur la page Facebook «A maffia Nò, a vita Iè! ».
Les soutiens pourront se faire, également, par mail : aMaffiaNo@gmail.com
En second lieu, nous demandons à tous les responsables politiques insulaires de s’engager, sans ambiguïté, dans ce combat vital pour le devenir de la Corse. En effet, comment envisager un libre épanouissement de notre jeunesse alors que, régulièrement, elle constate l’impunité et la superbe de ceux qui mettent la Corse en coupe réglée?
Comment évoquer un réel développement économique alors que les menaces, les pressions, les extorsions de fonds s’exercent, de manière désormais systématique, sur ceux qui entreprennent, dès lors qu’ils contrarient certains prédateurs ?
Il faut que tous nos élus se ressaisissent, s’expriment et se préservent de tous les lobbys mafieux qui gravitent autour d’eux.
Nous leur demandons, en conséquence, d’organiser une session extraordinaire consacrée à cette dérive mafieuse. Nous les exhortons à ne pas l’évacuer par un débat improvisé mêlant toutes les formes de violence. On se rappelle le pathétique échec d’une commission ad hoc créée par une précédente assemblée…
Enfin, nous interpellons l’État, détenteur de tous les pouvoirs régaliens, nous n’hésiterons pas à le mettre face à ses responsabilités et à ses carences. Pour combattre efficacement le mal, il convient d’abord de le nommer : il est impératif que l’État reconnaisse cette emprise mafieuse sur la Corse et se donne les outils pour la combattre. Ça doit être la priorité et la traduire par plus de moyens mais aussi plus de cohérence et d’exemplarité dans l’organisation des services concernées.
Il n’est pas acceptable que le ministre de l’Intérieur, qui est en possession de toutes les informations sur la situation que nous dénonçons, reste silencieux et ne trouve pas un moment pour se rendre en Corse pour s’informer et demander au Premier Ministre de prendre les mesures qui s’imposent. Nous proposons, d’ores et déjà, de demander au gouvernement d’inclure dans le code pénal le délit d’association mafieuse et d’étudier les dispositions qui lui apparaîtront les plus efficaces pour mettre les jurés et leurs familles à l’abri des pressions dans les procès de mafieux.
Mais toute cette mobilisation n’aura aucun effet sans une large mobilisation de la jeunesse. L’Éducation nationale, les associations, les familles doivent, inlassablement, les inviter à respecter autrui tout en encourageant leur créativité. Ainsi, demain, ceux qui persisteraient à faire pression sur l’autre seront isolés culturellement, marginalisés. C’est la condition sine qua non d’une libération de l’emprise mafieuse. »
Aiacciu u 25 di sittembre 2019.
* Jean-Claude Acquaviva. Jean-Charles Adami. Jean- Nicolas Antoniotti. Léo Battesti. Jean-François Bernardini. Vannina Bernard-Leoni. Marco Biancarelli. Dominique Bianconi. Lavinie Boffy. Vincent Carlotti. Josette Dall’Ava Santucci. Jérôme Ferrari. Pierre Gambini. Marie-France Giovannangeli. Guillaume Guidoni. Dominique Mattei. Jacques Mattei. Cécile Mufraggi. Antoine Orsini. Jean-Paul Poletti. Josette Risterucci. Paul-Marie Romani. Lucie Simeoni. Sébastien Simoni. Jacques Thiers. Dominique Yvon.