Edmond Simeoni éclaire toujours de sa pensée, la si rude actualité corse… Il aurait été assurément attentif à la naissance de Collectifs anti-mafia et des voix qui s’élèvent pour appeler à préserver la vie. Il aurait été meurtri et profondément inquiet par la violence q u i continue de secouer notre société. Et, inlassablement, il aurait continué à alerter dans nos réunions, sur son blog ou dans les médias sur les erreurs à ne pas commettre.
La probité, c’est la base de l’engagement auquel il nous appelait.
Cette conviction était ancrée en lui et il n’a jamais cessé de l’exprimer tout au long de sa vie. « Il ne nous a pas quitté, jusqu’à son dernier souffle il a balisé notre chemin, pour nous ouvrir la route » écrivait Arritti le 20 décembre dernier, dans son numéro consacré à la perte immense de sa disparition. Puissions-nous savoir emprunter ce chemin.
Cette réflexion a été écrite sur son blog le 6 février 2017.
« À l’ARC, nous avions compris dès le début de la lutte, en 1967, que le couple « Etat-Clan » était redoutable ; nous avions analysé ses mécanismes de domination sur la société insulaire ; nous savions que le pilier de l’aliénation coloniale était l’absence de démocratie, assise sur la fraude électorale, la corruption financière et civique. Nous avons mené une lutte intransigeante et continue contre ces fléaux et n’avons jamais accepté, ni dans la société, ni dans nos rangs, la moindre entorse à cette ligne de conduite, même s’il a fallu sanctionner de rares fois, sans états d’âme, des errements minimes ; car nous savions et nous savons encore plus aujourd’hui que la survie et la liberté du peuple corse, la création d’un Pays moderne ne peuvent passer que, notamment par l’assainissement démocratique, une probité irréprochable, une transparence certaine, une gestion rigoureuse, une société plus juste.
C’est un aspect vital de notre lutte car l’absence de démocratie ne peut qu’ouvrir la porte à une émancipation de pacotille, à une économie frelatée, générant un tissu économique perverti, à la mafiosisation de la société. Il n’y aura aucun compromis ; car il vaut mieux perdre un pouvoir qui serait conservé de manière douteuse, donc inefficace et fragile, que renoncer à la démocratie et à l’éthique qui sont et resteront les principales garanties de l’avenir de notre peuple et de notre pays. »