« Le site des bords du Tavignanu à Ghjuncaghju est unanimement considéré, Préfecture, Collectivité de Corse et associations réunies, comme le plus défavorable de tous les sites jamais envisagés pour recevoir un Centre d’Enfouissement Technique pour les ordures ménagères de Corse.
La proximité immédiate du Tavignanu, étant donné que le site est situé sur un méandre du fleuve qui le contourne de part et d’autre, fait craindre à juste titre pour la qualité des eaux du premier fleuve de Corse, dont les débits sont ensuite nécessaires pour la consommation humaine et les usages agricoles.
Nulle part en Europe on ne prendrait un tel risque pour l’environnement, et la plus minimale application du principe de précaution devrait conduire immédiatement à écarter un tel projet.
C’est d’ailleurs ce qu’avaient fait la Collectivité de Corse et la Préfecture face au dossier demandant l’autorisation d’ouvrir un Centre d’Enfouissement Technique sur ce site, dossier présenté par un groupe privé. Des avis défavorables ont été pris et les deux autorités ont opposé un refus aux promoteurs du projet. Cette décision de refus a été contestée devant le tribunal administratif qui, dans une décision prise sans la moindre considération environnementale, sur la seule base d’argumentations étroitement juridiques, a cassé l’arrêté préfectoral qui avait refusé d’autoriser l’ouverture d’un tel centre d’enfouissement.
La situation ainsi créée jette le trouble.
La démarche qui consisterait à privilégier un site notoirement défavorable au hasard d’une procédure judiciaire chaotique, pour servir d’exutoire aux ordures ménagères de Corse que l’on n’a pas su trier et traiter en amont, est la pire qui soit. Il serait irresponsable de retenir ce site, qui est manifestement contreindiqué, par simple facilité administrative.
Je m’adresse au Préfet de Haute Corse, au nom de la cohérence de son action et de la continuité de l’action publique : il faut faire appel de ce jugement du Tribunal Administratif et persévérer dans la décision de refus que l’Etat avait été amené à prendre sur des bases techniques et environnementales incontestables.
La Corse ne doit pas être montrée à nouveau du doigt pour la façon erratique dont elle se débarrasse de ses déchets, au mépris de l’environnement et au mépris de toutes les bonnes pratiques qui se répandent dans le reste de l’Europe. »
François Alfonsi.