Les grandes lignes de la révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) ont été approuvées par l’Assemblée de Corse lors de sa dernière session. La négociation avec l’Etat a abouti à un nouvel équilibre entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables pour 2023, et une prise en compte de nouveaux scénarios de consommation faisant une plus grande place aux efforts de maîtrise de l’énergie, de façon à arriver réellement à l’autonomie énergétique de la Corse à l’horizon 2050.
Ainsi, le projet de centrale du Ricantu, qui remplacera le Vazziu en 2023, sera de 116 MW et non de 250 MW comme prévu en 2015. Cette réduction de plus de moitié du projet acté par la précédente PPE est une évolution politique majeure : elle exprime que la contribution des politiques MDE-ENR (Maîtrise de l’Energie- Energies Nouvelles et Renouvelables) est enfin prise réellement en compte dans le bilan énergétique futur de la Corse.
En effet, les nouveaux scénarios d’EDF intègrent la nécessité d’un approvisionnement 100% ENR pour la Corse au plus tard en 2050, et pour cela ils font des ajustements importants en réduisant la puissance de la future centrale du Ricantu de moitié.
Deux décisions sont actées au plan technique : la réalisation de la STEP de Sampolu, jusqu’ici restée dans les cartons, et dont le rôle sera notamment de faciliter l’insertion des énergies intermittentes, principalement issues des ENR, dans le réseau sans en compromettre la stabilité en tension comme en fréquence. Cet investissement sera complété par d’autres moyens de stockage qui seront nécessaires au renforcement et à la stabilité du réseau, et EDF annonce désormais l’objectif d’un « taux d’insertion » des ENR jusqu’à 60% quand la doctrine qui prévalait jusqu’à présent plafonnait les ambitions à 35%, ce qui étouffait dans l’œuf toutes les possibilités de développement pour le photovoltaïque ou l’éolien.
Ce nouveau schéma est appuyé sur une proposition EDF de scénarios révisés pour les besoins à satisfaire à l’horizon 2O33, et sur des engagements écrits pris tant par le Ministère de la Transition Ecologique que par le Premier Ministre.
Depuis décembre 2017, c’est le premier dossier « Etat-CdC » qui ait débouché, et, il y a un an à peine, ni les responsables EDF ni les fonctionnaires en charge du dossier n’étaient prêts à de telles évolutions. Mais la « vérité du dossier » a fini par l’emporter sur l’immobilisme, grâce à l’implication personnelle de Gilles Simeoni et des dialogues noués avec la Commission de Régulation de l’Energie et le Ministère de l’Energie.
Cette refonte du projet EDF a une conséquence financière pratique : il en coûtera beaucoup moins cher à l’Etat de financer le nouveau parc thermique de la Corse, d’autant que la conversion au gaz naturel liquéfié (GNL) des deux centrales, Vazziu et Lucciana, se ferait par le moyen de deux caissons gravitaires immergés de moindre capacité et de moindre impact que ce que le projet initial nécessitait, sans recours à un gazoduc, ce qui engendrera aussi des économies budgétaires supplémentaires très substantielles.
Il est absolument nécessaire de consacrer ces moyens au développement des programmes ENR et MDE qui seront programmés en Corse. Car rien ne se fera sans mobiliser les moyens humains et budgétaires nécessaires dès maintenant ! Et il faut aussi veiller à ce que les différentes filières, notamment l’éolien qui est devenue la première des énergies renouvelables en Europe, puissent développer de nouveaux projets au delà des deux parcs éoliens réalisés il y a plus de vingt ans. Pour cela, il faut mettre en place un outil performant pour assurer le suivi de cette nouvelle Programmation Pluriannuelle de l’Energie.
La route est ouverte, les objectifs sont fixés, il ne faut surtout pas rester les bras croisés !