I messaghji d'Edmond Simeoni

La Catalogne

Edmond Simeoni a impulsé, avec son frère Max, l’internationalisation de la question corse dès le début des années 80. En 1979, à Bastia, une conférence de presse était organisée avec plusieurs députés européens, dont des députés flamands pour dénoncer l’attitude de l’État français et défendre les droits du peuple corse. Un an plus tard, se créait l’Alliance Libre Européenne, fédération de partis nationalistes européens.

Aujourd’hui, l’ALE compte 45 partis et 6 eurodéputés, dont François Alfonsi, qui forme avec les Verts, le groupe Verts-ALE.

Edmond Simeoni était fier de ce passé et ambitieux pour la suite. Le 24 novembre 2018 il recevait, des mains de Roger Torrent, président du Parlement Catalan (Generalitat de Catalunya) le Prix Maurits Coppieters qui récompense chaque année une personnalité politique ayant oeuvré pour les droits des peuples. Il y prononça son dernier discours public et soulignait l’importance de ce combat pour l’Europe, et la fraternité qui unit notamment le peuple corse avec les peuples catalan ou flamand. « C’est un signe de reconnaissance qui dépasse ma personne. Nous sommes des compagnons de route depuis des dizaines d’années tant avec les Catalans que les Flamands et je n’oublie jamais tout ce qu’il reste à faire pour émanciper nos peuples respectifs, en ayant quelques balises extrêmement sûres : la démocratie, le droit, la solidarité…» avait-il dit. Il aurait aimé vivre l’entrée solennelle de Carles Puigdemond et Tonì Comin au Parlement européen et continuerait avec nous de se battre pour la libération de leurs camarades injustement condamnés. La crise catalane était pour lui aussi une crise européenne. Il écrivait ces quelques lignes le 4 novembre 2017.

 

«Mr Puigdmont, président de l’Exécutif de la Catalogne, est en Belgique et sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice espagnole qui a embastillé huit de ses ministres et haut-fonctionnaires, sans ménagements et sans précautions oratoires. Des « terroristes et/ou des droits communs » dirait-on en France mais surtout pas des militants politiques !!!

L’Europe, honteuse, frileuse, se tait – par une solidarité qui fait fi de tous les principes majeurs de la loi internationale dont le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – alors que la situation imposait, au moins et sans prendre parti, qu’elle intervienne pour apaiser le contentieux, conseiller la médiation et surtout le dialogue serein entre les deux camps, afin de trouver une solution contractuelle pérenne, respectueuse de l’intérêt des parties. Rappelons que le peuple catalan ne s’est livré à aucune violence., malgré la gravité de l’heure. Le chemin suivi n’est pas satisfaisant ni de manière factuelle ni au plan des principes car il ébranle la confiance dans l’impartialité, la fermeté, le courage de l’Union européenne et ébranle sa crédibilité. Elle proteste pour l’annexion de la Crimée par la Russie et n’a pas les vrais moyens de la coercition ; elle s’incline donc devant la force.

Par contre, contre la Catalogne, elle renie son essence parce que le rapport de force lui est favorable et que ses partenaires craindraient « la dislocation » devant les crises en Espagne, en France, avec la Corse. Crainte infondée s’il en est. L’Europe est en fait menacée par son impuissance, politique, son absence d’âme, ses calculs de boutiquier, ses structures inadaptées, par le manque de soutien réel des peuples. Elle est guettée par le délitement. Il est temps qu’elle en prenne conscience avant qu’il ne soit trop tard. »