Feux et tempêtes

Priorité à la lutte contre le réchauffement climatique

La tempête Fabien avait à Noël inondé la Corse et submergé l’aéroport d’Aiacciu qui a dû fermer une semaine lors des fêtes de fin d’année. La tempête Hervé, quelques semaines plus tard, a au contraire mis le feu à la forêt qui, entre Quenza et U Sulaghju, sert d’écrin au joyau des Aiguilles de Bavedda. Au coeur de l’hiver, ce feu s’est propagé comme en plein été, et il n’était pas encore éteint quand une nouvelle tempête, Ciara, a fait irruption avec ses vents violents qui ont eux aussi déchaîné les flammes.

La succession de phénomènes météorologiques exceptionnels à un rythme aussi soutenu est inquiétante et marque les esprits sur les conséquences du réchauffement climatique. Il faut la rapprocher de ce qui a été observé l’an dernier (un incendie majeur qui a menacé directement Calenzana), ou l’année précédente quand les flammes venues du maquis ont pénétré jusqu’au coeur des villages du piémont de la Plaine Orientale, brûlant des maisons de Chiatra di Verde en plein mois de janvier.

L’autre phénomène qui menace une île comme la Corse est celui des tempêtes qui soulèvent d’immenses vagues sur un littoral affecté par l’élévation du niveau de la mer. Dans une île, la population vit pour le plus grand nombre en bord de mer, ce qui crée des situations dramatiques. Déjà à i Fulelli et à Lucciana, des lotissements construits trop près des embouchures des rivières sont aujourd’hui régulièrement inondés et doivent être abandonnés, car ils ont eu à subir à intervalles réguliers des inondations catastrophiques, quand la mer monte à son plus haut niveau et que les pluies sont diluviennes.

L’artificialisation des terres, la brutalité des phénomènes climatiques ont déjà créé ailleurs qu’en Corse des drames humains avec des pertes de vies humaines. En Côte d’Azur, en Ligurie, en Catalogne, les éléments ont été meurtriers. Demain ils le seront aussi chez nous.

Le réchauffement climatique, voilà l’ennemi du siècle, et tout dépendra de nous, les hommes et les femmes qui habitons cette terre. En limiter l’impact, selon les scientifiques qui ont constitué le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, passe par des politiques vigoureuses dont les États sont loin de prendre la mesure.

Le scénario le plus optimiste, celui qui n’empêche pas les catastrophes déjà observées et qui en annonce de nouvelles encore plus marquées, veut limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Les scientifiques estiment sa probabilité à moins de 5%!

Les accords de Paris sont centrés sur un objectif d’augmentation des températures limitée à deux degrés. Il est clair, trois ans plus tard que cet objectif deviendra rapidement hors de portée. La trajectoire actuelle dans laquelle les gouvernants les plus puissants, aux États-Unis et en Chine notamment, nous enferment conduirait à une hausse de 4°C. L’Europe seule veut hausser ses ambitions, mais il lui faut combattre aussi en son sein les courants climato- sceptiques le plus souvent portés par les mouvements populistes d’extrêmedroite qui partout montent en puissance. L’écologie est la seule planche de salut pour mettre un frein à cette catastrophe qui frappe la planète dans son ensemble.

Elle est au coeur des débats politiques, à tous les niveaux: communes, Régions, États, Europe et instances internationales. Elle doit s’imposer à tous les échelons de la vie politique.

L’alliance que nous formons avec les Verts en Europe doit se renforcer, et se décliner sur tous les territoires pour prendre sa force dans des politiques concrètes. En Corse, nous y sommes prêts et nous coopérons concrètement lors des élections municipales.

Michèle Rivasi à Aiacciu et Yannick Jadot à Bastia, viennent nous soutenir. C’est le seul chemin pour l’avenir.

 

François Alfonsi.