« Le Peuple corse qui a le droit imprescriptible à la vie – il le tient de l’Histoire et de sa légitimité –, a aussi, en vertu des conventions internationales, le droit imprescriptible à la reconnaissance officielle, à la maîtrise de son destin dans son Pays, pour y vivre paisiblement dans la paix ; mais aussi par la création d’un développement maîtrisé et mieux partagé, projet dont le socle est constitué par les principes de l’humanisme ». Ainsi s’exprimait Edmond Simeoni le 21 novembre 2018, sur Facebook, quelques jours avant de nous quitter. Jusqu’à son dernier souffle il aura voué son engagement à la survie du peuple corse, à son droit à l’existence sur les bases des valeurs démocratiques. Il croyait en un dialogue réconcilié avec Paris.
Quelques mois auparavant, avant la venue du Président de la République en Corse, plus de 25.000 personnes défilaient dans les rues d’Aiacciu le 3 février 2018 aux cris de «Demucrazìa ». Edmond Simeoni répondait à notre confrère d’Alta Frequenza (ci-dessous), affirmant encore toutes ses convictions démocratiques pour protéger la Corse de toutes les dérives. On sait quelle réponse y a réservé Emmanuel Macron jusqu’ici. Mais Paris devra bien un jour ou l’autre entendre raison. Edmond Simeoni en était persuadé. D’ailleurs, le 25 octobre 2018, toujours sur les réseaux sociaux, il affirmait : « Chacun convient qu’en Corse les idées d’émancipation, de progrès, de démocratie, d’identité ouverte ont gagné la bataille des idées, après avoir ferraillé depuis 60 ans… Donc il suffit… d’être un peu patient ! » Soyons patients, travaillons, démontrons nos capacités à constuire ce pays, l’horizon s’éclaircira.
« La manifestation est un succès. À mon avis elle confirme ce que nous savions depuis longtemps, c’est que le peuple corse est hostile à toutes les tutelles et l’a prouvé puisque, il y a quelques quatorze siècles, il se battait déjà contre les barbaresques, et a enchaîné contre les romains, contre les pisans, contre les génois, contre les français, contre les nazis, et maintenant il se bat encore contre le gouvernement français. C’est un peuple qui a, dans son capital génétique, une aspiration à la liberté qui est une aspiration consubstantielle de sa vie collective.
Nous sommes des démocrates. On nous a conseillé de passer par la voie des élections, on a gagné les élections. Nous sommes des gens de dialogue, on l’a encore prouvé aujourd’hui. Il y avait des milliers et des milliers, et dizaines de milliers de personnes, sans aucune violence. On ne veut pas démembrer la France. On ne veut chasser personne. On ne rêve pas de violence, on rêve d’une vie normale, avec une démocratie normale, avec les commerces qui marchent normalement. On ne tient pas à être envahis par des formes de distribution, des formes d’organisation de marchés, des formes, je dirais, de monopoles, d’ententes, de cartels, qui font de nous des variables d’ajustement.
Nous, nous sommes une population sérieuse. On est des gens de dialogue, mais on est têtus. J’espère que le Président de la République qui est un homme intelligent, en tirera la leçon qui permettra de trouver la seule solution au monde qui existe, c’est le dialogue. Et la seule méthode, c’est la démocratie, avec comme soubassement, la justice. On doit arriver à s’entendre entre gens intelligents. »