Edmond Simeoni portait un profond respect aux femmes. Il en était même admiratif, tant leur sacrifice de tout temps, de tout pays, de toute cause, est double par le combat dans le combat qu’elles doivent aussi mener. Le 29 novembre 2017, il posait cette nouvelle réflexion sur son blog.
«Je porte depuis très longtemps, un vif intérêt à la condition féminine et à son évolution dans le monde ; en effet, j’avais publié en 2008, un ouvrage « Lettre aux femmes corses » dont j’avais précisé qu’il n’avait aucune connotation ethnique, mais qu’il s’adressait aux femmes qui vivent en Corse et qui en partage le destin collectif. J’avais publié à l’époque l’historique sommaire de la cause des femmes dans le monde sous le titre « Lettre aux femmes corses, historique ».
Naturellement, je me suis plus particulièrement intéressé à la Corse, car ayant grandi en milieu rural et ayant exercé mon métier de médecin, j’ai pu vivre à leur contact et observer et leur mode de vie et leur statut. Je suis persuadé «que la société politique, profondément machiste, ampute l’île d’un capital humain riche de potentialités importantes et la prive d’un atout majeur ».
Actuellement, l’île compte environ 170000 femmes, sans comptabiliser les femmes de la diaspora bien naturellement, qui sont partie intégrante de notre Peuple. Le législateur à été contraint en France de légiférer sur la parité en mars 2001, parce qu’à l’évidence les femmes subissaient une situation de profonde injustice et que la société était incapable d’y remédier.
Bien entendu, cette mesure tardive et contrainte ne peut combler un retard majeur si on compare le statut des femmes en Corse, avec celui par exemple de leurs homologues de l’Europe du nord ; tant au point de vue politique, que des disparités flagrantes et injustifiées que l’on peut constater au niveau des rémunérations ou encore des postes de responsabilité. Mais la société se féminise rapidement et aujourd’hui, les femmes ont fait irruption depuis longtemps dans la fonction publique, notamment hospitalière et éducative ou encore dans le secteur des professions libérales. Par contre, en Corse, sur le plan politique, elles ont certes atteint la parité numérique, mais certainement pas la parité politique. Et pourtant, l’évolution de leur nombre et de leurs qualifications professionnelles montre, qu’à un terme d’une dizaine d’années environ, elles occuperont très largement, les fonctions politiques.
Ce qui sera une excellente chose, à condition d’accompagner cette évolution et ne jamais perdre de vue qu’elles ont en charge, de surcroît, la gestion des familles et en particulier l’éducation des enfants.
Naturellement les femmes ont largement participé depuis 50 ans, à l’évolution de la société corse et à ses luttes multiformes, sur tous les plans. Aujourd’hui, à l’approche d’une solution politique inévitable qui accroîtra les responsabilités insulaires, elles doivent être chaque jour d’avantage partie prenante de l’évolution, tant dans la gestion de la société que dans la construction et le suivi d’une Corse nouvelle, en pleine gestation.
J’ai toujours travaillé de façon importante avec les femmes, notamment dans tous les collectifs depuis des décennies (environnement, santé, démocratie, incendie, précarité…) et je suis attentivement l’évolution de la Corse sur ces plans.
Les évidences sont là et sans être exhaustif, nous pouvons constater que la situation économique et sociale est difficile, que la Corse cumule des retards ; que l’arrivée de la Collectivité unique impose des challenges difficiles. En regard, la Corse dispose d’atouts très importants (richesses naturelles majeures, épargne de 10 millions d’Euros, une diaspora qui est un véritable terreau de compétences et de moyens, une Université, des progrès sensibles pour les nouvelles technologies et les énergies nouvelles…). La priorité devra être donnée à l’approfondissement et à l’enracinement de la démocratie, de l’éthique, de la qualité dans la gestion, avec en tête les préoccupations de l’éducation et de la formation.
Les femmes en Corse, ont donc un rôle essentiel à jouer dans l’avenir qui nous attend. Je n’ai jamais douté que dans la diversité de leurs opinions et dans le respect de tous leurs choix, elles seraient présentes pour participer à cet indispensable effort collectif qui doit progressivement mobiliser le Peuple corse pour créer une société de développement durable, plus juste, de démocratie, de solidarité et de paix. »