Le député de la première circonscription de Haute-Corse, Michel Castellani, vient de signer une tribune commune avec la députée de son groupe Libertés et Territoires, Sylvia Pinel. Tous deux esquissent ce monde d’après vers lequel il nous faut impérativement nous orienter.
«Dans l’adversité, les Français ont su adapter leur mode de consommation, de production et inventer de nouvelles solidarités. Il faut s’en inspirer pour rebâtir notre économie sinistrée », c’est ainsi que les deux députés du groupe Libertés et Territoires où siègent les trois députés nationalistes corses, projettent leur regard sur l’après-crise du Covid19. « Nous appelons à l’élaboration d’un nouveau modèle économique durable, axé sur une transition écologique qui conjugue proximité, humanité et solidarité. Les pistes de réflexion que nous traçons, ne sont pas exhaustives, mais elles revêtent un caractère d’urgence ».
Repenser en profondeur les politiques d’urbanisme, se tourner vers une construction durable, innovation dans les matériaux, process de construction revus, usage du numérique, revoir notre politique agricole, revoir notre politique touristique et s’appuyer sur l’outil fiscal… autant de pistes indispensables à travailler.
« La crise nous a montré à quel point la qualité de l’habitat était gage de résilience. Il faut redonner des budgets ambitieux et des moyens humains aux politiques de rénovation. Ce plan, outre son effet global d’entraînement, aura un effet positif sur le pouvoir d’achat des ménages » expliquent Michel Castellani et Sylvia Pinel pour qui ce nouveau regard sur l’organisation d’une filière clé de notre économie sera « moteur de croissance et d’emploi ». Ils préconisent de nouveaux dispositifs pour « permettre aux acteurs de la filière, aux bailleurs sociaux et aux ménages de se tourner résolument vers une construction durable ».
Autres axes forts de ce monde de l’après-crise : le tourisme et l’agriculture. « Il est temps de proposer de nouveaux usages en responsabilisant les touristes, expliquent les deux députés. De nombreux sites et écosystèmes sont ravagés par la sur-fréquentation. Le tourisme durable ne peut plus être un slogan. » Adaptation du calendrier scolaire, extension de la saison, authenticité des territoires, valorisation des identités locales, autant de piste pour un tourisme réinventé.
De même, il faut réorienter la politique agricole commune : développer les solidarités, drives fermiers, plateformes régionales recensant les producteurs, autant d’illustrations de ce monde de demain. « Il sera indispensable de pérenniser ces pratiques autour de circuits-courts et de la saisonnalité tout en réduisant la dépendance aux marchés étrangers. Dans cette perspective, réorienter la politique agricole commune (PAC) en tenant compte de la proximité, est un combat que la France doit porter » plaident Michel Castellani et Sylvia Pinel.
Troisième axe : la fiscalité. « L’urgence consiste à reprendre le contrôle des chaînes de production dans les secteurs stratégiques, santé, énergie, agroalimentaire, accès à l’eau. Il est impératif de relocaliser certaines industries, d’anticiper les mutations et les sauts technologiques » expliquent les deux députés pour qui « l’exigence de proximité doit être le leitmotiv guidant la reconstruction du tissu économique, source d’externalités positives pour nos territoires. Cet aménagement plus harmonieux revitalisera nos centre-bourgs. Les missions des collectivités territoriales seront renforcées tant leur rôle a été déterminant ces derniers mois. Les agents des services publics ne peuvent plus être regardés comme des charges ».
Pour mettre en œuvre cette ambition, il faut « de nouveaux outils financiers et fiscaux. Nous proposons un plan épargne-relance garanti par l’État à travers des obligations émises par le Trésor, qui permettrait aux Français qui le souhaitent de soutenir l’effort de reconstruction. Ils pourraient flécher leur épargne vers ce produit qui financerait nos entreprises pour qu’elles puissent être au rendez-vous du redémarrage de l’économie. Il faudra mettre sur les rails la taxe sur les transactions financières et celle sur les géants du numérique. »
Mais la France ne peut s’en sortir seule dans la récession mondiale qui s’annonce. « Notre conviction est, qu’in fine, la solution sera aussi européenne » disent encore les deux députés pour qui la solidarité européenne est indispensable. « L’accord conclu sur une enveloppe de 500 milliards d’euros est l’illustration de la détermination européenne à faire face à la récession. Il convient d’accentuer ce processus. Le Pacte de Stabilité doit être totalement révisé, à l’aune des enjeux écologiques et sociaux. L’Europe doit consentir un effort budgétaire pour soutenir un investissement massif, projets structurants, recherche, innovation, transports décarbonés… »
« Le choix est simple, concluent Michel Castellani et Sylvia Pinel, soit la France et l’Europe pèseront vers ce monde nouveau que nous avons à bâtir, soit nous irons de nouveau vers une mondialisation débridée, avec les fléaux que cette situation amènera inéluctablement. Rien ne se fera sans l’adhésion des citoyens et une évolution profonde des comportements individuels et collectifs. »
Le débat est lancé.