Aspirés par le malstrom sanitaire qui a occupé chaque espace de médiatisation depuis trois mois, et, désormais, par celui de la crise économique angoissante qui s’annonce, notamment en Corse pour les très nombreux professionnels du tourisme, les électeurs bastiais devront cependant effectuer leur choix final lors du second tour de l’élection municipale qui aura lieu le 28 juin prochain, trois mois et quinze jours après le premier tour du 15 mars dernier. Trouveront-ils a sérénité nécessaire pour se concentrer à nouveau sur l’essentiel, à savoir les bilans et les programmes ? C’est la clef du scrutin qui s’annonce, entre la liste sortante de Pierre Savelli qui a un bon bilan et un bon programme, et une liste d’opposants coalisés, de droite et de gauche, de zuccarellistes et d’anti-zuccarellistes, de tattistes et d’anti-tattistes, dont le seul point commun tient en un projet : combattre la démarche politique portée depuis décembre 2015 par Gilles Simeoni.
Le bilan et le programme de la liste Inseme per Bastia est un bon programme. Quand je l’ai découvert, nous étions en pleine campagne électorale, le 28 février dernier, alors que le coronavirus n’était encore qu’un sujet parmi d’autres dans l’actualité.
Durant cette « semaine verte » du calendrier du Parlement Européen, une de ces rares semaines où les parlementaires n’ont pas d’obligations dans leur agenda, quinze jours avant le premier tour, Yannick Jadot avait fixé un programme démentiel pour aller soutenir les listes écologistes qui partout en France trouvaient de larges et bons échos dans l’opinion. Entre Nice et Aix en Provence, il avait réservé un de ses principaux créneaux, un des cinq soirs où il pouvait tenir meeting, à Bastia, geste fort de soutien à la liste Femu a Corsica conduite par Pierre Savelli, sur laquelle figure Gilles Simeoni.
Malheureusement une tempête d’origine tropicale a à nouveau frappé Bastia et la Corse ce jour-là, et l’avion qui devait l’amener à Poretta n’a jamais décollé de Marignane, si bien que la réunion s’est tenue sans lui.
Cependant Leslie Pellegri, militante verte et adjointe bastiaise au développement durable, et Pierre Savelli, le maire de la ville, l’avaient préparée avec grand soin, un peu comme quand on va passer un « grand oral » devant les « sommités » que sont celui qui est un des leaders du mouvement écologiste en France et en Europe, et le Président du Conseil Exécutif de la Corse.
Bilan solide, stratégie et projets concrets : Leslie Pellegri au pupitre, et Pierre Savelli en appui, ont présenté lors de ce meeting un programme que j’ai pour ma part trouvé enthousiasmant, et dont je suis persuadé que Yannick Jadot en aurait apprécié le contenu innovant et concret sur toutes les thématiques chères aux écologistes : schéma de mobilité mobilisant l’opportunité de la ligne de chemin de fer existante et pensée pour les circulations douces et des transports collectifs malgré un relief de la ville qui est un des plus difficiles qui soient, urbanisme redonnant aux Bastiais de grands projets pour des espaces verts collectifs, une vision structurante de l’urbanisme en mettant à profit le plus intelligemment qui soit l’espace stratégique de l’emprise ferroviaire autour de la gare de Bastia, espaces pour des jardins urbains pour rapprocher la population citadine et son approvisionnement en fruits et légumes, et des projets déjà réalisés comme le « mantinum » qui révolutionne la liaison entre la Citadelle et le vieux port, Terre Nova et Terra Vechja, ou en cours comme la liaison Aldilonda qui court le long de la citadelle, où l’on circulera dans un cadre exceptionnel, à pied ou à vélo, entre les quartiers sud de Lupinu et le centre ville.
Parmi les engagements pris figurent le bio dans les cantines, des programmes de rénovation thermique des bâtiments, notamment ceux de l’Office HLM territorial qui abritent presque 20% des ménages bastiais, mise en place et généralisation du tri des fermentescibles et une volonté sincèrement exprimée, vécue avec conviction, d’inscrire Bastia comme une ville de référence du « monde d’après », en Corse et en Europe.
Si les Bastiais prennent le temps de réfléchir au futur de leur ville malgré les vicissitudes d’une actualité sanitaire et économique stressante, il ne pourront que soutenir cette démarche cohérente et porteuse d’avenir.
En face la coalition des sortis de 2014 ne les amènera nulle part, si ce n’est de retourner au « monde d’avant ».
François Alfonsi.