La Corse sort péniblement du confinement, engourdie et inquiète. Quelle leçon en tirera-t-elle pour construire un avenir différent, plus résilient et plus autonome ?
Dimanche, malgré ce contexte peu mobilisateur, le second tour des élections municipales décidera à Bastia du sort d’une élection importante, maillon essentiel d’une chaîne politique qui depuis 2014 a ouvert de nouvelles perspectives pour l’avenir. Il faut assurer la victoire de la liste de Pierre Savelli pour ne pas retourner dans le passé, pour aller de l’avant et contribuer à construire la Corse d’après.
Certes l’épidémie s’est éloignée et nous sommes réputés désormais « Covid-Free ». Il faudra absolument le rester, et veiller à ce que les premiers brassages de population depuis que les transports sont progressivement rétablis ne provoquent une nouvelle flambée épidémique. C’est la condition sine qua non pour échapper au pire, celui d’une saison morte qui précipiterait la Corse dans le marasme économique le plus total.
Mais, quoi qu’il en soit, les conséquences seront sévères, et, à l’automne, les comptes seront très difficiles pour énormément d’entre nous, producteurs ayant trop d’invendus sur les bras, commerçants démunis face aux échéances, salariés saisonniers restés sur le carreau. Sans compter les Collectivités, à commencer par la plus importante, la Collectivité de Corse, dont les ressources seront compromises, avec des recettes en berne et le poids des dépenses exceptionnelles effectuées pour soutenir au mieux de ses compétences une économie chancelante.
Dans l’Europe entière, la crise du Covid-19 est vécue comme une étape qui marquera le temps avec un « avant » et un « après ». Cette crise a mis en lumière les « défauts cachés » du monde d’avant, où tout dérèglement vire aussitôt au risque d’effondrement tant les systèmes et les économies sont imbriqués et dépendants.
Repartir du local ; définir des précautions élémentaires face aux risques créés par la dépendance vis à vis de pays qui, pour une cause accidentelle comme le Covid-19, ou intentionnelle en cas de conflit économique ou politique, peuvent arrêter d’irriguer l’Europe en produits essentiels à la vie de tous les jours ; renforcer la solidarité du continent européen et y mener enfin une politique de relance d’une économie que l’on a asphyxié des décennies durant sous le couvercle de la rigueur et d’une frénésie économiste à courte vue ; intégrer les objectifs de la lutte contre le réchauffement climatique dans les priorités absolues de la relance : les priorités nouvelles de l’Europe ne peuvent que convenir à la Corse.
Car ce qui a marqué les esprits lors de la crise que nous venons de traverser, c’est la fragilité extrême d’une société fondée sur la dépendance. Dépendance de l’extérieur pour son approvisionnement, dépendance au tourisme pour son économie, dépendance aux décisions nationales pour conduire sa politique. La « Corse d’après » devra travailler à se libérer de cette dépendance structurelle. C’est le projet d’autonomie que nous portons qui pourra y parvenir.
Ce projet a connu une formidable accélération en 2014 quand nous avons remporté la mairie de Bastia, ouvrant la voie aux succès qui ont suivi aux territoriales, aux législatives et lors de l’élection au Parlement Européen. Continuer sur cette trajectoire, c’est mener la marche en avant pour le peuple corse, pour qu’il soit en cohérence avec les priorités de son temps.
Aiò ! Aiutèmuci ! Avancer et s’entraider. C’est l’attitude qu’il faut adopter en ces temps difficiles. C’est ce que les soignants et les professions essentielles à la vie quotidienne ont fait leur lors du pic de la crise épidémique. C’est ce que les électeurs bastiais devront faire dimanche en apportant la victoire à la liste Femu a Corsica. Et ce sera le slogan de ceux qui continueront à construire la « Corse d’après ».
François Alfonsi.