Les 2.000 tonnes de balles de déchets que la Communauté de Communes Ornanu-Tàravu (rive Sud du Golfe d’Aiacciu pour l’essentiel) a empilées fin 2019/début 2020 n’ont pas quitté la Corse en même temps que les 21.000 tonnes accumulées fin 2019 à Aiacciu et Bastia que le Syvadec a fini par exporter en pleine période du COVID-19.
Ce « reliquat » pose à nouveau l’acuité du dossier qui, après le scrutin municipal et le renouvellement des intercommunalités et du Syvadec, est plus que jamais dans l’impasse.
La « Rive Sud » d’Aiacciu, c’est la caricature de la Corse qui se tire une balle dans le pied. Emmenée par sa présidente Valérie Bozzi, maire de Grussetu/Purticciu, tête de liste de la droite aux territoriales de décembre 2017, c’est le cancre absolu pour le tri des déchets : à peine 22 % de tri quand la Corse dans son ensemble atteint quand même 36 %, et que l’on devrait être à plus de 60 % pour se conformer aux capacités des centres d’enfouissement actuellement ouverts.
Pour ces paresseux de l’effort de tri, la solution est simple : l’in-ci-né-ra-teur ! Où l’implanter ? Peu importe pourvu que ce ne soit pas chez eux ! Comment le financer ? Que faire des mâchefers polluants qu’il faudra éliminer ? Sans compter la noria des camions ininterrompue sur les routes ? tous ces problèmes ne les concernent pas. Leur logique aveugle les a conduit jusqu’à refuser d’adhérer pleinement au Syvadec (trop cher !), si bien qu’ils n’ont pu profiter de l’opportunité de la solution temporaire de l’export durant la période du confinement.
Et les voici avec 2.000 tonnes sur les bras, collecte arrêtée et ordures s’entassant sur la voirie en fin de saison touristique, pestilentielles car « riches » de tous les déchets alimentaires non valorisés en compost alors qu’une collecte séparée auprès des camps de vacances et des restaurants alignés le long de la mer est une des plus faciles à mettre en place dans toute la Corse.
Lors de l’élection de son nouveau président, ce sont les amis de Madame Valérie Bozzi qui ont été élus à la tête du Syvadec, avec le soutien de Laurent Marcangeli, lui-même président d’une CAPA ajaccienne aux performances très faiblardes, et à la tête d’un projet de Tri mécano biologique censé dispenser de l’effort du tri à la source. Tous les retours d’expériences, notamment ceux portés par l’Ademe, ont disqualifié cette pseudo-solution miracle, mais telle sera désormais la priorité du futur Syvadec.
La conséquence mécanique de cette situation nouvelle est que les volumes d’OM à enfouir ne diminueront pas ou presque, que les OM déborderont de partout, et que des centres d’enfouissement seront appelés à ouvrir sans discernement quant aux conditions environnementales pour les sites retenus. Ainsi, la perspective est sombre pour Ghjuncaghju et Vighjaneddu que l’on voudra ouvrir à toutes forces malgré des bilans environnementaux catastrophiques.
C’est donc l’impasse. Et nous sommes bien loin d’emprunter le chemin adéquat pour espérer en sortir.
Les associations comme Zeru Frazu, ou ceux qui bataillent à Giuncaghju ou Vighjaneddu, ont tiré la sonnette d’alarme. Mais, dans la logique de son élection contre Guy Armanet, Don-Georges Gianni, le nouveau président du Syvadec, s’engagera sans hésiter dans la réalisation des projets voulus par les intercommunalités les plus réticentes envers la promotion du tri à la source, qui est au centre du plan de traitement et d’élimination des déchets défini par l’Assemblée de Corse.
Sur Aiacciu et son golfe, à ce jour, aucun tri ou presque des déchets alimentaires et absence d’un centre de compostage apte à les traiter. Le principal centre existant, dans le Fium’Orbu, qui traite notamment les bio-déchets collectés en Balagne, sans compter les déchets des filières agro-alimentaire comme les moûts de raisin, est menacé de fermeture à courte échéance.
Le risque est que, en mettant la « marche arrière toute » sur le tri, la nouvelle direction du Syvadec et les intercommunalités entraînées par Laurent Marcangeli ne conduisent la Corse à l’échec alors même que de nombreux territoires, à commencer par la Sardaigne voisine, et tant d’autres régions en Italie et en Europe, ont réussi à régler leurs problèmes grâce à l’économie circulaire créée par le recyclage des déchets.
Pour que la Corse garde le bon cap, il faudra être mobilisés, et vigilants !