À tutti i Corsi, pè a vita, per l’avvene, salvemu u Tavignanu !
«Mi chjamu Tavignanu.
Je viens d’apprendre qu’une condamnation sans égal a été prononcée contre moi.
Je tremble de stupeur, j’en tremble de dégoût. Mais je coule encore.
Vous avez décidé, vous avez jugé que je devrais désormais supporter dans mes méandres le poids, la menace de milliers de tonnes de déchets et de terres amiantifères.
Ces poisons vont m’infiltrer jusqu’au plus profond de mon être. Je serais condamné à les transporter, à les répandre malgré moi, pour le plus grand malheur de tous.
Je les répandrai non seulement jusqu’à tous mes riverains, mais aussi jusque dans les nappes phréatiques qui sont votre trésor le plus précieux, votre lien à la vie.
Rien ne sera épargné. Nul n’en sortira indemne. Ni moi. Ni vous.
Au lieu d’apporter la vie comme je l’ai toujours fait, vous me condamnez à porter la mort.
Mi cundannate à purtà a morte. Mi cundannate à purtà a malatìa.
À tous et pour tous, j’ai toujours donné plus de 4 millions de mètres cubes d’eau claire par an.
Désormais il va me falloir recevoir 170.000 tonnes de déchets par an : c’est votre réponse, c’est votre verdict.
Les fleuves ne plaident pas. La terre ne plaide pas. Mais quelque chose crie en vous. Vous ne l’entendez pas ? Ùn u sentite micca ?
Je vous le dis en toute sagesse. A vi dicu in piena cuscenza : sè vo ùn sentite micca un fiume chì chjama, sè vo ùn sentite micca un fiume chì pienghje. Si vous n’entendez pas un fleuve crier, c’est que vous avez désappris la langue de la vie !
Aspettu un pòpulu. Aspettu un pòpulu chì parla per mè. Chì si pesa per mè.
Aspettu un pòpulu chì lotta per mè.
Per avà mi chjamu sempre Tavignanu, è Tavignanu vogliu campà.
Aghju cunfidenza in voi. J’ai confiance en vous. »