Le collectif Collages féminicides Corse, collectif féministe présent dans l’île depuis près de cinq années, a décidé de mener en Corse le combat contre les violences médicales faites aux femmes. Au centre de ces violences : les violences gynécologiques, pour lesquelles le collectif a récolté plusieurs dizaines de témoignages en l’espace de seulement quelques mois. Ces témoignages, principalement dans la région bastiaise, dénoncent les agissements de certains membres de la communauté médicale, envers leurs patientes mais également envers leurs collègues féminines. Le collectif n’entend pas garder ces agissements sous silence.
« Vous avez subi une agression verbale ou physique lors d’un rendez-vous gynécologique ? Des propos, des comportements, des gestes déplacés sexuels ou violents par un ou des gynécologues en Corse ? » C’est par ces mots, affichés sur les murs bastiais accompagnés d’un QR code à scanner, que le collectif Collages Féminicides Corse a récolté plusieurs dizaines de témoignages depuis 2022.
Dans un communiqué publié en janvier 2023 et remis à jour en ce début d’année 2025, un échantillon des témoignages récoltés font froid dans le dos : « Il refusait de me faire une échographie si je ne l’embrassais pas sur la bouche », « étudiante infirmière, il m’a plaqué contre le mur pour m’embrasser », « il m’a forcé à écouter les battements du cœur lors d’une consultation pour un IVG »… Ces témoignages, sur plusieurs pages, concernent les patientes mais également le cercle professionnel des médecins. Outre le nombre, c’est la fréquence et la répétition de certains mode d’agressions des patientes et du personnel médical féminin.
Le médecin, un intouchable de la société Corse ?
« Ces témoignages mettent en lumière que certains médecins usent de leur statut et de leur réseau pour déborder totalement du cadre du soin, et commettre des gestes graves en toute impunité ». C’est l’une des affirmations qui constituent le communiqué. À raison ? En effet, les agressions dénoncées par le collectif en 2023 n’ont pas été suivies d’effet par la justice, et ce malgré des mobilisations et le sérieux des témoignages. Pire, des membres du collectif sont aujourd’hui poursuivies en diffamation par certains des médecins gynécologues de Bastia suite à la publication de ces témoignages et aux mobilisations. Un groupe de soutien à ces médecins a même été formé sur les réseaux sociaux par leurs proches et des membres de leur patientèle. Ce groupe, depuis laissé à l’abandon, était alimenté avec des messages de soutiens attestant pour certains des comportements dénoncés, mais minimisés, vus sous l’angle de l’humour et excusés par les compétences médicales des protagonistes. Une situation ubuesque, mais les militantes tiennent bon.
Le collectif appelle à agir malgré tout : « nous devons, de manière collective, prendre conscience de la gravité des faits ».Et de conclure : « il est temps de réfléchir ensemble aux réponses que nous pouvons apporter ». •