100% d’énergies renouvelables, c’est possible !

La centrale d'Alata, située à 20 kilomètres d’Aiacciu, en octobre 2015.

La Corse a fixé son objectif d’indépendance énergétique à l’horizon 2050 dans son Schéma Régional Climat Air Énergie. Ce n’est pas une utopie. C’est d’abord une nécessité, notamment pour les îles, mais surtout pour la planète qui doit impérativement tourner la page des énergies fossiles et qui ne peut plus se jeter à corps perdus dans la solution nucléaire dont le risque de cataclysme est désormais évident à l’échelle de la planète entière.

Miser sur les énergies renouvelables est donc un objectif, et un objectif que l’on sait pouvoir atteindre.

 

Certaines îles y sont déjà parvenues, comme l’île d’El Hierro aux Canaries. Près de 11.000 habitants et un mix énergétique éolienhydraulique qui lui permet de se suffire à elle-même, y compris dans le domaine des transports !

En 2017, en marge des maigres ambitions des accords de Paris, des scientifiques de Stanford ont rendu une étude qui démontrent que 139 pays pourraient très bien fonctionner 100% aux énergies renouvelables d’ici 2050. Et non des moindres, parmi eux les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre comme les États-Unis. Un énorme progrès pour l’humanité qui permettrait aussi la création de plus de 24 millions d’emplois et préserverait 4 à 7 millions de décès par an dus à la pollution de l’air, et des centaines de millions d’autres malades, soit une économie de 3% du PIB de chaque pays ! On mesure les enjeux considérables que cela représente y compris au niveau économique.

Paru dans la revue Joule, l’étude qui rassemble une vingtaine de chercheurs a imaginé l’électrification de tous les secteurs consommateurs d’énergie, transports, chauffage, industrie, agriculture, pêche…, évalué les besoins énergétiques des populations y compris en intégrant l’augmentation de la démographie, estimé les coûts, et fait l’inventaire des énergies renouvelables disponibles dans 139 pays pour viser 80% d’autonomie énergétique en 2030, et 100% en 2050.

Hydroélectricité, solaire, éolien, énergies marines, ces chercheurs affirment qu’atteindre l’objectif permettraient d’empêcher 1,5°C dans la lutte contre le réchauffement climatique. Tout bénef !

 

La suppression des énergies fossiles conduirait à elle seule à une diminution de 13 % de la dépense énergétique causée aujourd’hui par le fonctionnement des mines, le transport, ou encore l’industrie du raffinage des carburants.

Ainsi, malgré l’augmentation de l’accès mondial à l’énergie, ce qui serait un progrès démocratique énorme, la demande en énergie chez les utilisateurs finaux passerait de 12.105 Terawatt en 2012 à 11.840 TW en 2050 (contre plus de 20.000 TW dans le scenario prospectif international Business as usual sur la transition énergétique).

Dans leur calcul, les chercheurs prennent par exemple en compte la réduction de la dépendance énergétique entre pays et donc la réduction des conflits internationaux. De même l’accès démocratisé à l’énergie réduirait les difficultés d’accès à l’alimentation, stabiliserait les prix de l’énergie, décentraliserait le pouvoir.

L’étude évalue à 42,5% la réduction de la dépense énergétique globale.

Avec 58% d’énergie solaire, 37% d’éolien (offshore et terrestre), 4% d’hydroélectricité, 0,7% d’énergies marines, 0,6% de géothermie, des millions de vie seraient épargnées et des millions d’emplois seraient créés.

Les progrès seront considérables dans un avenir proche concernant les énergies renouvelables. Pour la seule énergie solaire, l’abondance de la ressource suffit à convaincre: en 45 mn, la planète reçoit l’équivalent de sa consommation énergétique annuelle. C’est dire la source inépuisable et propre que représente notre soleil !

Les coûts, eux, sont de plus en plus maîtrisés et les technologies (notamment en ce qui concerne le stockage ou la stabilité et la flexibilité du réseau) progressent vite également. Tout est dans nos têtes… et davantage encore dans les pressions des lobbies du nucléaire ou des énergies fossiles, mais même ce combat-là n’en a plus pour longtemps.

 

Nous vivons une révolution énergétique.

Il faut s’y engager, et indéniablement les îles y ont un rôle précurseur à jouer.

À travers sa Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE, la première adoptée en France en 2015), la Corse a montré l’exemple. Elle doit rester très offensive sur cette question de l’énergie. Notamment avec son projet de STEP à Sampolu (Station de Transfert d’Energie par Pompage) produisant une énergie 100% renouvelable et inépuisable, inscrite, rappelons-le, par un amendement du groupe Femu a Corsica à la PPE en 2015, et mis immédiatement à l’étude dès son arrivée aux responsabilités par notre majorité. L’avenir énergétique de la Corse est enthousiaste! Basta à vulè.

 

Fabiana Giovannini.