Congrès mondial de la Nature

9 septembre à Marseille, morceaux choisis

« Les Corses dans leur langue tutoient les rivières. Les fleuves sont considérés comme des compagnons de vie… Ces boussoles émotionnelles, ni objets, ni marchandises, cette écologie profonde, n’est pas exclusive à la Corse. Tous, le sachant ou pas, nous venons de là, d’une empathie profonde avec ce qui est notre arbre de vie à tous. Et c’est certainement là que s’enracine notre quête collective d’une reconnaissance de la personnalité juridique des écosystèmes. Ce qui était inscrit dans les pratiques, ces empreintes culturelles qui touchent les tréfonds de l’âme humaine, trouve aujourd’hui, ou essaie de trouver, l’alliance du droit, face aux défis de la planète… Je voudrais remercier Tavignanu Vivu, Notre Affaire à tous, les juristes, qui traduisent et projettent en termes de droit et de loi, le droit d’une rivière à ne pas être polluée, à ne pas être détruite. » • Jean François Bernardini.

 

« Nous sommes en train de rédiger un ouvrage qui compile environ une soixantaine de cas analysés et synthétisés à travers le monde qui reconnaissent des droits à des entités naturelles… Quand on analyse ces différents cas on s’aperçoit qu’il y a plusieurs voies pour reconnaître les droits de la nature. La voie constitutionnelle comme en Equateur, la voie législative en Nouvelle-Zélande, la voie jurisprudentielle en Colombie, et puis maintenant la voie populaire qui vient des citoyens, des collectifs. » • Marine Yzquierdo.

 

« On veut donner l’estocade finale à une rivière qui a une importance extraordinaire en Corse. Elle arrose la plus grande plantation d’agrumes d’Europe, elle permet à une grosse partie de la côte orientale d’avoir de l’eau potable… mais aujourd’hui c’est le profit qui compte. En tant que parlementaire je pense qu’il y a quelque chose à faire… On ne peut pas rester inactifs par rapport à ces désastres écologiques qui pointent un peu de partout… La catastrophe climatique est là, on la vit au quotidien, cette action est importante parce qu’on s’aperçoit qu’un certain nombre de classification ne suffit plus… pour défendre l’eau qui est l’or de demain. » • Paulu Santu Parigi.

 

« Une entreprise qui brave toutes sortes d’interdits, qu’est-ce qu’il y a derrière d’aussi puissant ?… Cette démarche pour reprendre les droits d’un fleuve ou d’un espace naturel est donc fondamentale et doit nous aider à gagner encore plus de citoyens parce que c’est la seule façon d’arriver à bousculer le landernau politico-juridique qui existe autour de cette affaire. Il faut créer un nouveau droit, le droit de la nature, le droit à vivre. Dans tous nos combats aujourd’hui pour faire entendre ce qui ne va pas sur cette planète – le réchauffement climatique, tous les combats pour l’environnement, avec leurs conséquences sociales, sanitaires – tous ces combats ne servent à rien si l’on n’arrive pas à sauver le Tavignanu, c’est une priorité essentielle. » • Fabienne Giovannini.

 

« On est vraiment dans un modèle destructeur de la course à la croissance avec lequel on sait qu’il faut rompre si on veut être en mesure de protéger le vivant et de construire cette société d’harmonie avec la nature. Cette déclaration du fleuve Tavignanu est extrêmement sociale… parce qu’elle relève de notre volonté de vivre ensemble, avec les écosystèmes qui nous hébergent, en solidarité avec les uns, les unes et les autres, c’est un enjeu profondément social, jusqu’à l’attachement culturel. On commence à parler de droits bio-culturels qu’une population peut avoir avec son territoire… C’est aussi une question de démocratie… droits de la nature, droits humains et démocratie vont ensemble… D’où notre soutien à l’inscription des droits du fleuve Tavignanu dans le droit français et, derrière, la reconnaissance des droits des écosystèmes… C’est bien cette recherche d’un autre modèle de société, d’un autre fonctionnement qui soit à la fois plus respectueux du vivant, des écosystèmes, de ce fleuve en particulier… et puis des êtres humains, de la démocratie, de leur capacité de vivre avec le droit à un environnement sain, mais aussi dans un habitat qui soit protégé. » • Marie Toussaint.

 

« Nulle part en Europe, on ne prendrait un tel risque pour l’environnement et la plus minimale application du principe de précaution devrait conduire immédiatement à écarter un tel projet. » • François Alfonsi.