L’énergie est au cœur de la problématique du choix de développement. Et l’autonomie énergétique est la première des autonomies à atteindre. Elle est vitale pour la survie d’un peuple. Elle est vitale aujourd’hui pour la survie de la planète en proie à toute la problématique du réchauffement climatique et de la lutte à mener pour la réduction des gaz à effet de serre. Nous n’avons plus le choix. Les nationalistes l’ont compris avant tout le monde.
Ce 27 juin 2017, la centrale thermique de Lucciana démontait sa dernière cheminée… Ces cheminées ont symbolisé 40 ans d’alimentation énergétique de la Corse, 40 ans de vie et de labeur pour des centaines de salariés EDF, qui y ont vécu tant de moments intenses, mais aussi, hélas, 40 ans de pollution pour les résidents de la commune de Lucciana et pour la Corse entière qui fit du combat contre le fioul lourd pour notre alimentation énergétique un combat acharné pour la santé et pour l’environnement.
Avec abnégation et force de conviction, les nationalistes ont pesé pour que la Corse change de modèle énergétique. Et c’est ainsi que, ce 27 juin, les « opposants » d’hier, se retrouvaient pour se réjouir, ensemble !, de cet événement historique de voir se détacher dans les airs, au bout d’une grue, la fameuse cheminée ! Une page s’est tournée. Celle du fioul, une autre s’ouvre, celle d’un avenir énergétique meilleur à bâtir.
Ensemble aussi.
À cet instant, et je le dis surtout pour la jeunesse, je veux retenir le nom de deux hommes. Il est naturel qu’on leur rende hommage car ils symbolisent tous ces combats difficiles. Lorsqu’ils ont créé avec d’autres le Comité anti-Vaziu à Aiacciu, au tout début des années 70, François Alfonsi, ingénieur de l’environnement, et Norbert Laredo, enseignant, tous deux écologistes avant même que n’existe un mouvement écologiste en Corse, ne se doutaient pas que ce combat occuperait une grande partie de leur vie de militants politiques.
Ils ont su s’ériger en véritable experts, démontré la dangerosité du fioul (ce n’était pas si évident à l’époque) et surtout proposé des alternatives. Là non plus, pas évident du tout ! L’avenir est aux énergies renouvelables, mais dans les années 70-80, de tels discours faisaient sourire ! Aujourd’hui l’histoire leur donne raison. Tout le monde sait que les émissions de gaz à effet de serre sont extrêmement nocives pour la santé, mais aussi pour la planète avec les conséquences qu’elles entraînent sur la formation de l’ozone et son effet immédiat sur le réchauffement climatique avec les bouleversements météorologiques qui en découlent.
Le Comité anti-Vaziu a battu le pavé de toute cette période du riacquistu avec une « énergie » extraordinaire ! Plus tard, il a été épaulé par des associations de défense de l’environnement, U Levante tout d’abord, emmenée par Michèle Salotti, puis plus récemment des associations comme Aria Linda de Jean Nicolas Antoniotti ou Sintinella de Dominique Lanfranchi.
Bravo à tous ceux qui se sont impliqués dans ce combat difficile qui a réclamé des années d’investissements, de pertinence et de travail.
Le démontage des cheminées de Lucciana est une victoire. Et cette victoire est la leur.
Et quelle plus belle victoire que de voir EDF se réjouir elle-même de cet événement.
Transformer nos adversaires en alliés pour demain, c’est un challenge auquel jamais personne n’aurait cru ! Et pourtant, aujourd’hui, nous partageons cette volonté d’avancer ensemble vers l’autonomie énergétique de l’île !
30 ans après la naissance du Comité anti-Vaziu, en 2013, l’Assemblée de Corse adoptait un Schéma Régional du Climat de l’Air et de l’Energie qui projette très clairement cette autonomie énergétique à l’horizon 2050.
Et ça n’a pas été si simple. Quasi au même moment, il a fallu reprendre le flambeau de la lutte alors que la question du renouvellement des centrales thermiques se posait. Et ce sont encore les mêmes, François Alfonsi (alors député européen) et Norbert Laredo (responsable d’I Verdi Corsi) qui l’ont fait, épaulés cette fois par les associations Aria Linda et Sintinella, mais aussi un tout nouveau «Collectif de défense des résidents de Lucciana » conduit par l’ami Michel Angeli, pour bloquer la tentation pour l’État et EDF de renouveler ces centrales au combustible fioul lourd.
Manifestations, conférences de presse, campagne d’affichages… la mobilisation a aussi été très active de la part du groupe Femu a Corsica à l’Assemblée de Corse pour convaincre la majorité des élus. Qui ne se souvient pas de cette image de l’ensemble des membres groupe revêtant un teeshirt Fioul lourd fioul pùzzicu! Ou de Nadine Nivaggioni brandissant pour le groupe deux bouteilles, l’une contenant du fioul lourd, l’autre du fioul léger ? Des images fortes qui ont eu leur effet. Le combat cette fois s’est concentré sur Lucciana, première des centrales à devoir être remplacée.
Durant des mois, avant qu’ils ne soient convaincus, le préfet de Haute- Corse (qui signa un arrêté d’autorisation d’exploitation de la centrale au fioul lourd !), le précédent président de l’Exécutif Paul Giacobbi et Maria Guidicelli, en charge de l’énergie, mirent bien du temps à comprendre… Mais ce fut fait, en totale conviction aussi, et deux ans plus tard, la centrale de Lucciana démarrait son activité avec des moteurs dual, fonctionnant au fioul léger !
La force de conviction de Femu a Corsica a pesé. Et tous ensuite ont travaillé de consorts pour y parvenir. EDF a compris cette nouvelle dynamique et se trouve être un vrai partenaire aujourd’hui.
Reste à démanteler la centrale… le démontage des cheminées le 27 juin était une étape importante, forte en symbole.
Elle est franchie, mais bien des combats restent encore à mener.
Lucciana au cœur de notre révolution énergétique !
Lucciana est au cœur de la révolution énergétique qu’il nous faut accomplir.
Elle sera la première centrale touchée par le gaz en 2023. Le calendrier tel que défini dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie inscrit la réalisation de l’infrastructure gazière à cette échéance, avec une plate-forme d’approvisionnement à Lucciana, puis le départ du gazoduc Cyrénée qui traversera la Corse (rien d’impactant, un tuyau au diamètre modeste qui sera enterré et ne réclamera qu’une faible emprise) pour rejoindre la future centrale thermique du Vaziu qui doit démarrer directement au gaz cette fois. C’est facile à dire ainsi, mais bien plus difficile à réaliser !… La vigilance reste de mise pour que ce calendrier auquel EDF et l’Etat se sont engagés, soit tenu. Bien des acteurs gouvernementaux sont toujours tentés par un retour en arrière…
À nous de conserver notre force de conviction et l’affichage d’une volonté ferme.
La Corse doit prendre toute sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le gaz contribuera à baisser considérablement nos émissions de gaz à effet de serre. Mais ça reste une énergie fossile. L’objectif essentiel pour la Collectivité Territoriale de Corse à travers l’action de son Agence d’Aménagement durable, d’Urbanisme et d’Énergie, reste le développement des énergies renouvelables et la maîtrise de la demande énergétique. Deux objectifs majeurs également inscrits dans la PPE .
Ce n’est qu’à ce prix que nous atteindrons l’objectif final de l’autonomie énergétique.
Le gaz est donc une transition.
Elle est indispensable pour préparer cette mutation patiente, longue et difficile, et faire que demain notre potentiel considérable en EnR dépasse le seuil imposé de 30 % (seuil de risque de déconnexion du fait de l’aléa des énergies intermittentes comme le solaire ou l’éolien). Bien des obstacles devront être surmontés. La réalisation de l’infrastructure gaz, mais aussi la mutation sociale que représente la transition énergétique, en termes d’emplois et de dynamiques économiques nouvelles à organiser. Nous sommes sur la bonne trajectoire. C’est un acquis de la mandature et de notre action obstinée pour développer le potentiel énergétique issu de nos ressources naturelles.
Fabiana Giovannini.
Situation en 2010-2015
– Centrales au fuel lourd à renouveler soit à nouveau 30 ans d’archaïsme énergétique aux conséquences désastreuses (pollution et danger pour la santé et l’environnement).
Sur le terrain, avec les associations, Femu a Corsica exerce une pression constante pour une transition au fuel léger puis au gaz naturel afin d’aller vers les EnR pour parvenir à l’autonomie énergétique.
Résultat : passage au fuel léger à Lucciana, infrastructure gazière inscrite dans la PPE, engagement formel de l’Etat à travers sa ministre de l’environnement, Ségolène Royal.
– EnR embryonnaires :
Femu a Corsica revendique l’autonomie énergétique au plus vite en combinant toutes les énergies
renouvelables : solaire, grande et mini hydraulique, bois énergie, éolien, biomasse et en œuvrant à la maitrise de la consommation énergétique.
Résultat : grand plan de rénovation énergétique et de développement des EnR inscrit dans la PPE !
Objectif : passer de 12% à 22% d’EnR pour l’alimentation énergétique de la Corse à l’horizon 2023.
Situation aujourd’hui
Mix électrique (en production) :
Environ 1/3 renouvelable, 1/3 Câbles Sarco + Sacoi, et un peu plus d’1/3 fuel.
Dont le tiers d’énergie renouvelable (environ) :
22% hydraulique
7% photovoltaïque
2% éolien
Objectifs PPE
Mix électrique :
45% EnR en 2023 (35% en 2018)/10% Câble Sarco + Sacoi/45% Gaz en 2023.
Développement des EnR + maîtrise de la demande énergétique (grand plan de rénovation des bâtiments, compteurs intelligents, etc., avec une augmentation de +200 % par rapport à ce qui est réalisé aujourd’hui.)
Construction STEP Sampolu pour mieux maîtriser le seuil de déconnexion avec une énergie de stockage 100% renouvelable.
Objectif demain
Autonomie énergétique à 2050 :
100% EnR.
Développement des STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage) , de l’hydraulique, de la mini-hydraulique.
Développement du Solaire et de l’éolien
Développement de la Biomasse.
Développement des scenarii Negawatt.
Gaz naturel se transforme en énergie d’appoint et d’approvisionnement pour les villes et pour nos transports (maritime et routier).
Maîtrise et contrôle de la consommation au quotidien.