I messaghji d’Edmond Simeoni

Eculugìa

«Mon militantisme écologique est né de mon enfance en milieu rural, confiait Edmond Simeoni le 27 juin 2018 sur le blog de Corsica Diaspora. Il a commencé en 1960, près de Calvi, contre des expérimentations nucléaires; il s’est poursuivi en 1973 avec l’affaire des Boues Rouges – pollution grave dans le Canal de Corse – et n’a cessé de se développer depuis cette date sur tous les terrains des luttes écologiques du monde. Certes, les engagements locaux ont été importants, mais le fond de mon comportement était par essence et par nécessité, la planète dans sa globalité.»
Défense de la terre et de ses richesses, révolte contre les atteintes à l’environnement comme la lutte contre les expérimentations nucléaires dans le massif de l’Argentella, puis contre les Boues Rouges déversées en Méditerranée par la multinationale Montedison, défense des terres agricoles, lutte contre les incendies ravageurs, problématique de l’eau, protection du littoral contre la bétonnisation, etc. Edmond Simeoni a souvent été en première ligne.
Dans son ouvrage «Corse, la volonté d’être» paru en 1995, il revient sur l’affaire de la Montedison en 1972, l’action de sensibilisation du Comité anti-boues rouges durant de longs mois, la grande manifestation de Bastia, l’occupation de la sous-préfecture, son intervention pour empêcher que le pire n’advienne, son arrestation, la prison à Sainte-Claire, le comité de soutien qui se constitue, la grève générale pour demander sa libération… Cette affaire illustre à elle seule toute la force de son engagement. Extraits.

 

«Nous tirons un certain nombre d’enseignements de l’expérience. L’État se moque de la Corse mais quand la protestation est populaire, large, responsable et déterminée, il doit reculer; de plus, ce combat ne visait pas seulement à défendre les intérêts des Corses mais à contester la politique inadmissible d’un trust, plus soucieux de ses super-profits que de la santé des populations riveraines; c’est ce qui explique sans doute l’intérêt suscité par notre démarche au plan international et ce d’autant plus que les militants du Comité sont allés à Beyrouth mettre en cause la politique coloniale de la France; un scandale de première grandeur qui a suscité une profonde et bruyante crise d’allergie à Paris; mais plus encore, un commando clandestin non identifié a endommagé par un plasticage, un des navires pollueurs, en Italie-même et l’exploit n’est pas mince!! La Corse, dans ses profondeurs, a applaudi à cet acte de légitime défense authentique et la leçon est d’importance.

En outre, il s’agit incontestablement d’une première: cette manifestation d’écologie politique en Corse a certes, au premier chef, intéressé le peuple corse parce que nos compatriotes ont un attachement charnel à leur terre et à la mer qui la baigne; certes ils ménagent peu leur milieu naturel; certes ils sont passifs devant le non-développement mais en l’occurrence ils ont su dire non à l’empoisonnement et à l’hypothèse sur leur avenir. Cette affaire a, de plus, initié l’internationalisation des problèmes écologiques.

Nous avions beaucoup investi sur le plan politique, en multipliant les réunions publiques dans l’île et en France, en nouant des liens étroits avec toutes les forces vives locales dont le concours ne nous fut pas ménagé; enfin cette manifestation a révélé, de façon brutale, la volonté des insulaires d’en finir avec les discriminations, l’aliénation et surtout le mépris; le système politique claniste était absent comme d’habitude, de la mobilisation populaire, une spécialité dont il démontrera qu’il a le monopole incontesté pendant ces années tumultueuses; la vraie politique, celle qui atteste de la vigueur des refus justifiés, celle qui élabore les concepts novateurs se fait en dehors de lui et le plus souvent contre lui qui demeure englué dans les horizons à courte vue et des combines quotidiennes médiocres.» •