Brésil, barrage de Brumadinho

Épouvantable

La rupture du barrage de Brumadinho au sud-est du Brésil a libéré des tonnes de boue chargées de minerai de fer, emportant tout sur son passage. Hommes, femmes, enfants, habitations, animaux, arbres et biodiversité remarquable, c’est une épouvantable catastrophe.

134 morts, hélas bien plus au regard des près de 300 portés disparus, le bilan est provisoire. Il est catastrophique au plan humain. Il l’est aussi au plan environnemental et économique. Le fleuve Paraopeba est dévasté, irrémédiablement pollué, des dizaines de familles indigènes, des villages de pêcheurs vivaient de ses ressources.

 

Depuis des années, ces premiers habitants des lieux subissent l’industrialisation à travers les exploitations minières qui ruinent leur environnement et leur habitat. Et cette catastrophe n’est pas la première. Il y a quatre ans, à quelques kilomètres au nord-est, un autre barrage, à Mariana, exploité par le même groupe Vale, entreprise leader au Brésil, avait cédé, faisant une vingtaine de morts et laissant s’échapper 60 millions de m3 de boues et de déchets jusqu’à l’océan, ruinant tout écosystème sur 650 kilomètres.

«On nous a retiré une partie de notre réserve, on a tué une partie (d’entre nous), mais nous sommes un peuple qui résiste et nous n’allons pas partir d’ici. Nous allons continuer, même si le fleuve est mort. La nature dépend de nous, nous devons la préserver » se révolte le jeune Hayo Pataxo Ha-ha-hae, furieux de tant de mépris pour sa culture et son environnement. «Qu’ils punissent les coupables, ceux qui ont fait ça à notre nation indigène, aux agriculteurs et à ceux qui ont perdu des proches. Combien de morts faudra-t-il pour que la justice prenne des mesures ? »

 

Les images de la catastrophe que chacun peut voir sur internet sont impressionnantes, avec d’abord l’affaissement d’un immense espace et une vague énorme de boues, telle un tsunami entraînant tout sur son passage, forêts, bâtiments, véhicules, personnes. La plupart des morts sont des employés de l’usine d’extraction. Construit en 1976, le barrage de Brumadinho était en fin de vie et son démantèlement annoncé. Il servait à retenir les déchets d’extraction de la mine de fer de Corrego do Feijao. Ces barrages anciens créent la polémique.

 

Selon l’Agence Nationale des Eaux du Brésil, un quart des barrages miniers brésiliens menacent de céder.

Cette affaire met en lumière aussi les décisions du nouveau président du Brésil dont l’une des premières déclarations a été d’annoncer la suppression du ministère de l’environnement pour satisfaire les lobbies industriels qui ont pesé pour son élection. Le Brésil a autorisé l’exploitation minière dans la forêt amazonienne, riche en fer, nickel, manganèse, cuivre, or… Bolsonaro poursuit cette politique qui met péril l’un des premiers écosystèmes de la planète, à travers son poumon vert.

La déforestation de la forêt amazonienne bat des records chaque année (7900 km2 en 2018, soit 75 fois la surface de la ville de Paris). Plus grande forêt tropicale de la planète, elle est indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique et l’absorption du carbone. Mais ça, les industriels du profit sont incapables de l’entendre.

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