Pollution maritime à quai

La Méridionale passe à l’action

La Méridionale a fait ce jeudi 20 septembre la démonstration d’un dispositif original, et, surtout immédiatement opérationnel concernant la pollution des navires à quai.

 

Dans le trafic maritime qui fréquente la Corse, les navires « cargos mixtes » comme ceux de la compagnie « la Méridionale», qui, avec la Corsica Linea, effectue les liaisons de la DSP de continuité territoriale entre Marseille et la Corse, ont un impact continu, car leur rythme de rotation est le même été comme hiver, et ils passent à quai 12 heures durant lesquelles les moteurs au fioul actionnent un groupe électrogène pour satisfaire les besoins en électricité du bateau. Même si leurs besoins en puissance sont dix fois moindres que ceux d’un gros paquebot de croisière, et même s’ils changent pour un fioul moins polluant durant leur poste à quai, comme ils y restent toute une journée et qu’ils ont des lignes régulières et quotidiennes, leur impact est proportionnellement important.

Or, dans le cadre du renouvellement de la Délégation de Service Public, la Collectivité de Corse aura des exigences nouvelles en terme de réduction des pollutions portuaires. Aussi les compagnies qui seront candidates cherchent elles à apporter des solutions concrètes pour réduire cette pollution.

Le branchement électrique à quai est une solution qui apporte d’importantes améliorations car elle supprime de facto les émissions polluantes du navire dans le port, à l’exception des manoeuvres portuaires au départ et à l’arrivée. Même si ces deux épisodes sont les plus « visibles » en termes de panaches de fumée, la réduction globale des pollutions grâce au branchement sur réseau est conséquente quand elle est possible, surtout si le navire passe 12 heures à quai.

Un tel branchement est déjà possible pour la Méridionale à Marseille qui a équipé un premier bateau et équipé un poste électrique à quai. Corsica Linea lui emboîte le pas qui inaugurera prochainement une installation similaire sur le poste à quai où ses navires accostent à Marseille, un premier bateau devant être équipé pour un branchement électrique à terre.

 

Mais les solutions mises en oeuvre à Marseille ne résolvent pas les problèmes des ports corses, notamment les deux plus fréquentés, Aiacciu et Bastia. Ici, EDF n’est pas en mesure de fournir l’alimentation électrique nécessaire, en puissance et en voltage, alors que les installations EDF alimentant le port de Marseille le réalisent sans difficulté.

Acheminer la puissance nécessaire depuis le réseau sera long et coûteux, sans compter que la nature de l’électricité produite en Corse fait que la pollution ne serait en fait que « déplacée », depuis les cheminées des navires vers les cheminées du Vaziu ou de Lucciana.

Aussi la Méridionale a-t-elle fait ce jeudi 20 septembre la démonstration d’un dispositif original, et, surtout immédiatement opérationnel. Elle consiste à transporter dans les cales du navire un ensemble de production d’électricité à base de gaz naturel liquéfié, combustible qui n’émet ni particules ni dioxyde de soufre, et qui divise par cinq les rejets d’oxydes d’azote. La chaîne est formée de trois remorques : la première contient le gaz naturel liquéfié, conservé à une température cryogénique de –170°C dans une remorque tel qu’il en circule sur les autoroutes ; la seconde est un échangeur qui repasse le gaz à l’état gazeux dans un échangeur ; la troisième est un générateur qui, en brûlant ce gaz, fournit l’électricité à la tension requise pour alimenter le navire par un câble semblable à celui qui est alimenté par EDF à Marseille. Peu de bruit, peu d’encombrement, des risques maîtrisés depuis des décennies par les industriels du secteur : la technologie est applicable dès aujourd’hui, et la Méridionale vient d’en faire la démonstration concrète.

Pour que la solution puisse devenir définitive, il faut encore surmonter des obstacles réglementaires notamment pour le transport de la citerne de gaz dans le même navire. Mais la réglementation prévoit désormais que les navires eux mêmes peuvent naviguer avec du GNL pour leurs propres moteurs de propulsion.

Il ne devrait pas être très compliqué d’étendre cette autorisation pour des quantités de gaz qui sont bien moindres.

Pour les riverains, il est important que ces blocages administratifs soient levés.

L’enjeu est capital, car on ne pourrait en Corse se satisfaire de mesures environnementales qui, in fine, ne bénéficieraient qu’à la ville de Marseille !

 

François Alfonsi.

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