Tavignanu Vivu

Le préfet refuse la dérogation à la destruction d’espèces protégées !

En juin dernier, la société Oriente Environnement a fait une demande de dérogation à la destruction d’espèces protégées pour lui permettre d’ouvrir le centre d’enfouissement de déchets ménagers et déchets amiantifères de Ghjuncaghju, dénoncé par le collectif Tavignanu Vivu et de nombreuses associations, ainsi que par de nombreuses personnalités, communes et par les institutions de la Corse, Exécutif et Assemblée.

Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a émis un avis défavorable le 25 septembre dernier.

 

Ce vendredi 13 novembre, le préfet a suivi les recommandations du CNPN et a refusé d’accorder une dérogation pour la destruction d’espèces protégées et de leurs habitats. C’est une excellente nouvelle qui remet en cause la poursuite même du projet !

Rappelons que le collectif Tavignanu Vivu a également déposé une pétition devant la Commission des pétitions (PETI) du Parlement européen pour non-respect des directives européennes par l’État français, notamment, justement, la très importante directive Habitat.

La pétition est en cours d’instruction, mais la Commission PETI a demandé à la Commission européenne d’interpeller le gouvernement français sur ces vio­lations de lois européennes*.

 

L’arrêté préfectoral en date du 29 novembre 2023 rendu public ces der­niers jours, rappelle que le projet se situe « dans un large méandre du fleuve Tavignanu objet d’un site Natura 2000, et qui constitue une composante majeure de la trame verte et bleue de la Corse ». Il souligne aussi que la demande de déro­gation entraîne « la perturbation de 29 espèces animales protégées et l’altération d’environ 35 hectares d’habitats natu­rels et la destruction permanente d’en­viron 18 hectares d’habitats naturels », avec « quatre habitats d’intérêt commu­nautaire dont un prioritaire, couvrant environ 16 ha » ; que le projet ne com­porte « aucune solution alternative » alors que « d’autres secteurs auraient pu être étudiés » ; qu’il ne présente « aucune ana­lyse multicritère intégrant les impacts sur la biodiversité pour justifier du choix du projet d’implantation ». Il rappelle entre autres que « les orientations nationales visent à restreindre à l’avenir le recours à l’enfouissement » et que la « raison impé­rative (du projet) n’est pas clairement démontrée ».

Une excellente nouvelle qui remet
en cause la poursuite même du projet !

Saluons le travail remarquable du col­lectif Tavignanu Vivu et de tous ses sou­tiens, qui ne baissent pas la garde depuis sa création en 2016 et actionnent tous les leviers juridiques possibles pour empêcher ce projet fou.

« C’est une décision extrêmement impor­tante qui remet complètement en cause la possibilité de mener à bien le projet d’Oriente Environnement. Nous avons à nouveau l’espoir de faire annuler la construction de ce centre » a réagi auprès de notre confrère Corse-Matin Pascale Bona du collectif Tavignanu Vivu, « nous ne lâcherons rien. Cela fait maintenant huit ans que nous nous battons pour faire avorter un projet qui représente une catastrophe environnementale… j’ai l’im­pression que le vent tourne dans le bon sens ».

 

*Lire sur notre site : https://arritti.corsica/ambiente/le-combat-se-poursuit-a-leurope/