Ambiente

Rispettà l’animali per esse umanu

Le 9 décembre dernier à Portivechju, l’association Global Earth Keaper organisait une journée de débats sur la condition animale. Global Earth Keaper est une ONG qui sensibilise contre la maltraitance des animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Elle mène des actions en Corse, en France et en Europe pour faire avancer la législation en faveur de la protection animale et de leurs habitats. Elle mène aussi des opérations de lutte contre les pollutions, de sensibilisation du public, ou encore de mise en protection d’animaux maltraités. Présidée par Laurence Constantin, elle soutient aussi très activement depuis huit ans maintenant le Parc national de Waza, créé au Cameroun pour la défense des éléphants et autres animaux sauvages du Parc. C’est une opération humanitaire à plus d’un titre, outre la participation pour équiper en matériel les gardiens du Parc, elle se mène en coopération avec les villages de la région, impliquant les habitants. Elle est donc pourvoyeuse d’emplois, et travaille en s’appuyant sur les potentialités locales, ce qui permet de sensibiliser et responsabiliser les villageois à l’intérêt de la protection de la faune et de la flore du Parc. En sus de son intérêt environnemental, le Parc est devenu un outil économique. D’autant qu’il jouxte une zone de guerre, à la frontière avec le Niger, où la secte Boko Haram (branche Daesh) mène des incursions meurtrières lors d’opérations de braconnages, aujourd’hui mieux contenues grâce au Parc National de Waza et aux opérations de mise en sécurité qui y sont conduites.
Comme toute organisation, Global Earth Keaper ne vit que du soutien de ses donateurs. N’hésitez pas à soutenir leurs combats. Dominique Milanini, qui a vécu 15 ans en Afrique et s’implique au sein de l’association sur la mission Waza, répond aux questions d’Arritti.

 

 

 

Quelle action mène le Parc de Waza pour sauver les éléphants ?

Une lutte contre le braconnage de l’or blanc. Il y a le braconnage coutumier, de tradition ancestrale, pas spécifique aux éléphants. Pour lutter, il faut éduquer et faire comprendre l’importance de la faune aux habitants. Le braconnage de subsistance, lui est excusable, car il vise à se nourrir. Il y a aussi le braconnage dit de représailles des éleveurs. Mais il y a surtout le braconnage commercial, et le braconnage financeur des réseaux terroristes ou mafieux. L’ivoire vaut entre 100 et 250 euros le kilo à l’abattage et entre 1000 et 2000 euros le kilo à la revente internationale, jusqu’à 8000 euros sur le marché asiatique !

 

Avec quelle conséquence pour les éléphants ?

20.000 éléphants sont tués chaque année. En 1960, la population était de 3 millions d’individus. Elle est tombée à un million en 1970, et elle est de 400.000 aujourd’hui ! Le braconnage a atteint le niveau industriel. Les trafiquants sont des bandes criminelles organisées ou des groupes terroristes. Les Chinois ont pris le contrôle des routes de l’ivoire selon Interpol et les différentes ONG. Malgré son interdiction internationale, ce trafic se maintient plus que jamais. C’est une passion ancestrale dans la société chinoise, l’or blanc est synonyme de prestige. Quant aux groupes terroristes, il se financent par toutes sortes de trafics très lucratifs, comme la traite des êtres humains, le trafic de drogue, les ventes illégales d’armes et bien sûr le trafic de l’or blanc.

Laurence Constantin
Dominique Milanini

 

Comment le Parc de Waza a-t-il été créé ? Et pourquoi avoir choisi de le soutenir ?

Le Parc national de Waza est l’un des parcs nationaux du Cameroun. D’abord réserve de chasse créée en 1934 sous le nom de Zina-Waza, il a reçu son statut de Parc national par arrêté du 5 décembre 1968. Il est situé dans le département du Logone et Chari, dans la Province de l’extrême-nord, couvre une superficie de 170.000 hectares et longe la frontière du Nigéria qui se trouve à moins de 5kms. Notre choix s’est porté sur Waza suite à la pénétration par les terroristes de Boko Haram, dans le parc qui est devenu leur zone de chasse et de trafic entraînant hélas la fuite des institutions internationales du fait des prises d’otages, et le gel des projets. On l’a donc choisi parce qu’il était en zone de guerre, non protégé, et qu’il n’y avait plus rien pour protéger les animaux. On s’est posé la question, peut-on encore sauver les éléphants ?

 

Quelle est la stratégie de Global Earth Keeper ?

La stratégie est triple : lutte contre le braconnage, implication des communautés villageoises, sensibilisation et communication. Nous agissons pour l’application de la loi et le renforcement du système judiciaire et des institutions publiques. Nous devons obtenir un engagement concret de la communauté internationale pour faire cesser ce commerce illicite.

 

Avec quels moyens ?

Des moyens humains en recrutant parmi la population des éco-gardes (qui relèvent de l’État) et des pisteurs villageois. Il est très important d’impliquer les villageois dans la gestion du Parc. Nous nous rendons sur place très régulièrement pour les encadrer. Nous fournissons du matériel, notamment véhicules et équipements divers. Nous nous efforçons d’acheter sur place le matériel pour faire fonctionner l’économie locale. Le commerce illégal des espèces sauvages n’est bénéfique qu’à l’individu qui opère la vente. Par contre, elle est source d’appauvrissement de la communauté locale et entraîne une insécurité alimentaire de la population.

Nous apportons des moyens financiers grâce aux dons que nous récoltons. Chaque don nous aide à soutenir l’action du Parc de Waza. •

 

globalearthkeeper.com/donner