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U Ghjattu Volpe est bien un chat “nustrale”

U ghjattu volpe © Martin Boone
Les résultats d’une étude démontrent l’existence d’une lignée génétique spécifique au chat sauvage de Corse.

 

Voilà des années qu’on s’interrogeait : U ghjattu volpe, « notre » chat sauvage était-il génétiquement corse ou bien n’était-il qu’un chat vivant à l’état sauvage en Corse ? Depuis le 20e siècle, sa population fait l’objet de descriptions plus ou moins précises et parfois même erronées.

Les scientifiques qui ont étudié son ADN viennent de répondre. Dans un article récemment publié dans la revue scientifique Molecular Ecology, ils démontrent qu’il existe bien une identité génétique spécifique du chat sauvage de Corse.

Leur étude conduite entre 2016 et 2020 résulte de l’analyse du génome de seize chats sauvages et un chat haret (chat domestique vivant à l’état sauvage ou semi-sauvage) capturés dans la vallée d’Ascu. Après prélèvements génétiques, l’approche génomique par séquençage haut-débit a permis de comparer les prélèvements issus des chats sauvages corses, ceux de chats forestiers continentaux, ceux de chats domestiques (de Corse et de France continentale) et ceux de Sardaigne.

 

Les résultats sont sans appel. Ils montrent que les chats sauvages de Corse apparaissent génétiquement très différents des chats sauvages continentaux et, bien que plus proches, ils sont tout de même différents, des chats de Sardaigne.

Ce travail, conduit sous l’égide de l’Office français de la biodiversité et le CNRS, confirme une enquête menée, dans les années 80 par des enseignants de l’Académie de Corse. Ils avaient étudié les crânes de chats récoltés et récoltés de nombreuses informations de terrain sur le chat sauvage corse, u ghjattu mammone dans certaines régions.

 

Aller plus loin…

Les travaux scientifiques se poursuivent, ils visent à identifier différentes zones de Corse où ce type de chat sauvage serait présent, et à acquérir de nouvelles connaissances sur l’écologie de ce chat et l’évaluation du risque d’hybridation avec le chat domestique. D’autant que ce taxon est très menacé.

Depuis 2020, l’Institut Jacques Monod/CNRS/Université Paris-Cité collaborent pour caractériser le génome entier du chat sauvage de Corse et reconstituer son histoire évolutive, depuis la possible introduction du chat en Corse par les êtres humains lors des migrations néolithiques et les influences des différentes migrations humaines méditerranéennes qui se sont produites ensuite.

Pour aller plus loin, il serait maintenant nécessaire d’analyser un nombre plus important de chats de Sardaigne, et d’une manière générale de chats sauvages du Proche-Orient et du pourtour méditerranéen, pour préciser la place du chat sauvage corse en tant que sous-espèce ou unité génétique de population, et mieux comprendre l’histoire de l’arrivée en Corse de ce félin. •

 

Référence complète de l’article : Portanier E., Henri H., Benedetti P., Sanchis F., Régis C., Chevret P., M. Zedda, A. El Filali, S. Ruette & Devillard S. 2023. Population genomics of Corsican wildcats: paving the way towards a new sub‐species within the Felis silvestris spp. Complex? Molecular Ecology. https://doi.org/10.1111/mec.16856 


 

U ghjattu volpe
© Martin Boone
Le ghjattu volpe : espèce sauvage naturelle… et menacée

La longueur de sa queue lui a valu le nom de Ghjattu volpe (chat renard). C’est un grand chat qui mesure 90 cm de la tête au bout de la queue. Les pavillons de ses oreilles sont très larges, ses moustaches sont courtes et ses canines très développées. Ses poils ? Leur densité est très importante ce qui préserve l’animal des puces, poux tiques. Il porte une belle couleur rouille tandis que sa queue avec, entre deux et quatre anneaux, se termine par un manchon bien noir. Sur ses pattes antérieures, des zébrures sont très caractéristiques. •